Lorsque le VPM de l’Intérieur formule des prétentions sur les recettes générées par les frais de dépôt des candidatures aux législatives nationales, cela tend à faire de la CENI un service technique de ce ministère, ce qui relève d’une hérésie totale. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) est une institution INDEPENDANTE d’appui à la démocratie. Elle ne relève d’aucune tutelle. A ce titre, elle est seule légalement habilitée à constater les recettes générées par ses activités, et c’est à la DGRAD de les recouvrer.
Telle est la réaction unanime des techniciens des finances qui ont appris, éberlués, les déclarations de Peter Kazadi, Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, pour justifier la présence des agents de son ministère au sein des Bureaux de réception et de traitement des candidatures (BRTC). Hier lundi au briefing hebdomadaire de presse, en effet, Peter Kazadi a laissé entendre que les agents du ministère de l’Intérieur envoyés dans les BRTC avaient pour mission de «vérifier comment l’argent est payé et orienté vers la caisse du Trésor public» et non de s’immiscer dans le fonctionnement de la CENI.
Il a également voulu faire croire que le Ministère de l’Intérieur, à travers le Secrétariat général en charge des relations avec les partis politiques, est l’organe taxateur habilité à contresigner les bordereaux de la DGRAD, ce qui est impossible avec une institution indépendante, car la CENI rend compte à la seule Assemblée nationale.
La CENI avait, dans un communiqué la semaine passée, dénoncé cette présence et ordonné le déguerpissement de ces agents de l’Intérieur. La centrale électorale soulignait que seuls les agents de la DGRAD sont autorisés à se trouver dans les BRTC pour délivrer la note de perception aux candidats qui vont payer les frais administratifs (1.600.000 FC) pour le compte du trésor public.
Les techniciens des finances et les observateurs lambda continuent de se demander comment, à ce haut niveau de responsabilité (la CPM de l’Intérieur est n° 2 du Gouvernement), Peter Kazadi peut commettre une telle énormité avec le bataillon de conseillers qu’il est censé avoir. Une bourde d’autant plus inexplicable que la RDC n’en est pas à son premier cycle électoral et que lui-même, en 2018, n’avait pas été soumis à un contreseing d’un quelconque document de la part du ministère de l’Intérieur.
Et cette question, qui souligne le non-sens de cette prétention : à quel titre ces agents de l’Intérieur contresignerait la note de perception d’un candidat indépendant ?
JEK