Événement dans un événement, l’écosystème du microcosme géopolitique à la congolaise s’est ostentatoire ment exporté sur Paris dans le cadre du séjour du chef de l’État le premier officiel des quatre déjà effectués en France depuis qu’il est Président de la République, comme l’a fait remarquer son hôte Emmanuel Macron. Pour une délégation remarquée, contrairement à la coutume sous les lambris de l’Elysée, celle des congolais ne s’est pas du tout fait prier pour s’offrir en spectacle diplomatique bien à la congolaise.
Déjà par la taille de la délégation, qui comptait près de 200 personnes dont 123 officiellement désignés dans la liste de la Présidence de la République pour participer à la table ronde économique avec le monde des affaires français. Ensuite par la stratification de cette délégation par la préséance des différents membres la composant.
Les images qui continuent de joncher les réseaux mettent en scène ces officiels, notamment le VPM des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, et les porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya, squattant les accotements du perron de l’Elysée avec leurs badges semblants subitement trop lourds à leur cou.
Pendant ce temps, un membre du protocole congolais escorte un de ses collègues français au milieu de la petite foule formée par la délégation congolaise pour y repérer ceux et celles des élus qui doivent rejoindre le chef de l’État et son épouse qui se trouvent déjà à l’intérieur. Et ce duo protocolaire aura effectué plusieurs vacations pour escorter prioritairement des membres de famille et d’autres courtisans politico « djaleloistes » pendant que les officiels, censés être déjà aux côtés du chef de l’État , continuent de bivouaquer dans la Cour du palais présidentiel français. Et ce n’est nullement un outrage que de le remarquer et le faire remarquer, puisque les images diffusées émanent des membres de cette même délégation.
Dumbi et Vital Kamerhe dans le faux et l’usurpation de fonctions
Qui a bien pu composer une telle délégation et imprimé cette préséance pour une mission aussi stratégique que délicate ici en France, ce pays pour qui Kigali et son Président suprême sont carrément la prunelle des yeux ? Une délégation qui, par sa composition et son animation, était censée incarner les intérêts de la République et de toute la Nation congolaise.
Tous les regards sont tournés vers un homme, Joe Ndumbi, Conseiller spécial du chef de l’État en charge des ressources extérieures et suivi des projets. C’est lui et son bureau, rapportent des sources à la langue bien pendue à la présidence de la République, qui avait établi une liste de 123 personnes devant participer à la table ronde sur les investissements et les affaires, forum tenu au centre de conférences Mendès à Paris-Bercy le 30 avril 2024.
C’est sur cette liste que l’on retrouve toutes sortes d’infiltrés et autres curiosités qui révèlent, non seulement le népotisme sublimé par le protocole, mais aussi des pratiques de faux et d’usurpation de fonctions. Le cas emblématique est celui de Vital Kamerhe curieusement retrouvé dans la délégation officielle du chef de l’État avec cette qualité aussi surprenante qu’étonnante de Vice-premier ministre en charge de l’économie nationale.
Des fonctions desquelles Vital Kamerhe a déjà démissionné à deux reprises : la première fois conformément aux directives de l’Assemblée nationale qui avait donné huit jours aux élus nationaux membres du gouvernement de choisir entre rester ici ou aller siéger, ainsi qu’à la décision, dans le même sens de la Cour constitutionnelle. Et le second lorsqu’il s’était passé de la décision du chef de l’État qui, contre les décisions du parlement et de la justice et au mépris de la séparation des pouvoirs, avait maintenu au sein du gouvernement 39 élus censés rejoindre le Parlement.
D’ailleurs c’est en sa qualité de député national que Vital Kamerhe est passé par les primaires au sein de l’Union sacrée, après un arbitrage infructueux du Président Tshisekedi lui-même, pour devenir candidat au perchoir de l’Assemblée nationale.
Et notre confrère en ligne Scooprdc de se poser ces questions qui claquent comme des coups de fouet sur la conscience : « Comment l’a-t-on présenté auprès des partenaires : ministre, expert ou député national en entente d’être président du bureau ? » Ou bien celles-ci, plus interpellatrices encore : « Ne peut-on pas parler d’un faux en écriture pour l’auteur de ce document ? Maintenant que V.K. a accepté d’effectuer la mission sous cette identité et se trouve présentement dans la capitale française, ne serait-il pas alors considéré comme un usurpateur de fonction ? Dans les deux cas, ne peuvent-ils pas tous deux être poursuivis par la justice, l’un pour usage de faux et l’autre pour usurpation de fonction ? »
En attendant de connaître un hypothétique épilogue de ces irrégularités dans la délégation de la première institution de la République en terre étrangère, ne perdons pas de vue que cette terre étrangère n’est autre que la France, un pays particulièrement pointilleux sur des détails aussi croustillant. Des détails qui fondent la confiance ou pas de tout investisseur dès lors qu’il se pose des questions sur la légitimité des interlocuteurs qui se présentent à lui.
Bref, à Paris il y est allé sérieusement de la crédibilité et de l’image de la République démocratique du Congo au sein de la délégation officielle du premier de ses citoyens.
Jonas Eugène Kota