Paix et sécurité en RDC : L’Accord cadre d’Addis-Abeba propose un plateau diplomatique déterminant

Depuis la résurgence du M23 soutenu, plus que jamais, par l’armée rwandaise, le nouveau contexte de l’instabilité et l’insécurité en RDC et dans la région des grands lacs n’a jamais connu une prise en charge notoirement efficace. En effet, malgré les déclarations et résolutions de l’ONU et d’autres organisations régionales (occidentales et africaines) ainsi que des communiqués de certaines puissances occidentales, rien n’est venu fléchir la détermination de ce groupe rebelle qui a le vent en poupe. Au contraire, même l’ONU, organisation mondiale, a, à travers son Secrétaire Général, reconnu au M23 une puissance de feu à la mesure d’une armée régulière, avant de s’en remettre à une solution négociée.

Victime d’une agression notoirement reconnue, la RDC a, depuis lors, papillonné sur plusieurs cénacles et écumé même des forums thématiques sans trouver ni solution ni gain de cause. L’EAC à laquelle le pays est le tout dernier adhérent de très récente date, s’est avérée comme un cercle vicieux, pire encore une foire aux cancres qui a tourné en dérision le double processus de Luanda et de Nairobi. Pendant ce temps, la coalition M23-RDF évoluait aussi allègrement qu’impunément sur le territoire congolais.

Des voix en RDC, comme à travers certains pays africains, se sont élevées pour appeler la RDC à revisiter son dispositif diplomatique et ses stratégies. Une vive recommandation a également été faite (par le Président de l’Assemblée nationale notamment) pour inviter Kinshasa à quitter l’EAC.

Dans la même démarche, des observateurs et des analystes, dont Congo Guardian (Lire à cet effet notre précédent article à ce lien : https://congoguardian.com/2023/02/05/pacification-de-lest-voici-pourquoi-la-rdc-doit-quitter-leac-et-retourner-a-la-sadc/), recommandaient à la RDC de rejoindre les cénacles diplomatiques qui, autre fois, avaient porté sa cause utilement. Nous citions notamment la SADC et la CIRGL. La relance, le 17 février dernier par le Conseil de paix et sécurité de l’UA, de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba se présente comme un exhaussement de ces appels. Et cet accord apporte à la RDC un plateau diplomatique déterminant et sans précédent.

Un tout-en-un jouissant d’un degré d’engagement diplomatique relevé

Cet accord est, en effet, d’autant plus déterminant et sans précédent qu’il constitue, pour toutes ses parties prenantes et avant tout pour la RDC, un niveau d’engagement et d’habilitation beaucoup plus relevé que toutes les initiatives diplomatiques bi et multilatéraux observées à ce jour. On peut, à ce sujet, noter la garance élargie de cet accord qui est assurée à la fois par l’ONU, l’UA, la CIRGL et la SADC.

Dans le même ordre d’idées, si les différents intervenants bi et multilatéraux se sont limités, jusque-là, à faire des déclarations qui n’ont rien fait avancer pour la pacification de la RDC, l’Accord-cadre d’Addis-Abeba leur confère engagement beaucoup plus concret pour sa mise en œuvre en vue de l’atteinte de ses objectifs. En effet, l’Accord appelle à un « engagement renouvelé des partenaires bilatéraux à demeurer mobilisés dans leur soutien à la République démocratique du Congo et la région, y compris avec les moyens appropriés pour assurer la durabilité de ces actions sur le long terme, et d’appuyer la mise en œuvre des protocoles et des projets prioritaires du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands lacs ».

De même, dans la mise en œuvre du mécanisme de suivi qui en découle, l’Accord-cadre implique, bien entendu, les dirigeants des pays de la région, mais aussi « des bons offices du Secrétaire général de l’ONU, de la présidence de la Commission de l’UA, du Président de la CIRGL et celui de la SADC. Ce groupe (également appelé 11+ et auquel sont joints les USA, la France et le Royaume Uni ; est engagé à se réunir régulièrement « pour passer en revue les progrès dans la mise en œuvre des engagements régionaux ».

Il faut noter que dès l’année de son adoption en février 2013, l’Accord-cadre d’Addis Abeba avait permis la constitution de la brigade spéciale d’intervention qui avait joué un rôle déterminant dans la mise en déroute du M23, fin octobre-début novembre 2013.

Jonas Eugène Kota

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