Dans son réquisitoire le 8 mars dernier dans l’affaire l’opposant au journaliste Stabnis Bujakera, le ministère public avait requis 20 ans de prison pour ce dernier. Mais il avait ajouté que cette sentence devrait servir de leçon au reste de la presse congolaise, visant nommément Patient Ligodi, Directeur général d’Actualite.cd qui emploie Bujakera en RDC, et correspondant de RFI.
Ce débordement délibéré du cadre de la cause du procès n’est pas passé inaperçu. Cet appel, dans cette affaire vide d’infraction, en définitive, donne la mesure de ce à quoi la presse congolaise doit s’attendre en termes de musèlement. Ce propos est, en effet, perçu, dans les milieux professionnels de la RDC comme à travers le monde, comme un acte sans précédent de menace officielle et sans fard contre la liberté de la presse.
Acquittement pur et simple pour Stanis Bujakera
Ce lundi au cours d’une conférence de presse, les associations des professionnelles des médias ont dénoncé cette menace dans une déclaration. A 48 heures du verdict de « ce procès injuste », les organisations professionnelles de la presse en RDC lancent « un appel vibrant aux Juges du Tribunal de Grande Instance de la Gombe pour qu’ils fassent montre d’un ultime sursaut d’honneur et d’indépendance, en ordonnant l’acquittement pur et simple de Stanis Bujakera ». Mais quel que soit le verdict de cette affaire, poursuit la déclaration, « l’histoire retiendra que ce journaliste était Innocent de toutes les accusations portées contre lui » et que « le procès de Stanis Bujakera était un procès politique ».
Pour les professionnels des médias congolais, « son arrestation et sa détention pendant plus de 6 mois constituent des plus graves atteintes à la liberté de presse et d’expression que les autorités congolaises pouvaient commettre et elles l’ont fait ».
Face aux périls qui les guettent et qui « menacent les fondements mêmes de la démocratie » dans leur pays, les journalistes congolais s’engagent à rester « mobilisés contre toute tentative de confiscation ou remise en cause de nos espaces de liberté chèrement conquises. Car, à travers le procès Stanis Bujakera, c’est l’avenir de la presse libre et indépendante qui est en danger ».
Grave recul de la démocratie en RDC
Jamais la RDC n’a atteint un tel point d’alerte sur la violation de la liberté de la presse comme n’a cessé de le démontrer les différentes audiences dans l’affaire en cause. Une affaire que les journalistes considèrent comme étant purement politique.
Cette affaire ternit déjà l’image de la RDC qui fait déjà l’objet d’une plainte devant le groupe de travail de l’ONU sur les détentions arbitraires. Et l’appel du ministère public au musèlement de la presse n’est pas pour arranger les choses.
JEK