Revenu d’une tournée dans l’ex-Bandundu, Le Cardinal Fridolin Ambongo dit avoir décelé dans la crise sécuritaire de Kwamouth et environs les réminiscences d’un autre conflit – celui de Yumbi, toujours dans la province de Maï-Ndombe – dont les conséquences étaient, comme le présent, dû à sa mauvaise identification et sa mauvaise gestion par l’Etat. Craignant une déflagration plus grave du conflit présenté comme une rivalité intercommunautaire entre Teke et Yaka, l’Archevèque métropolitain de Kinshasa a, au cours d’une conférence de presse hier, parlé d’un réel conflit entre le pouvoir traditionnel et l’État moderne. Dans tous les cas, il a exclu la thèse d’une main étrangère qui tirerait les ficelles.
« Ce sont deux conflits autour de la question de la gestion de terre, que ça soit à Yumbi ou à Kwamouth », a-t-il soutenu avant de faire remarquer que « les deux arrivent dans un contexte préélectoral ». Et d’ajouter que « si le conflit de Yumbi avait été géré de façon qu’on aille jusqu’à la racine et qu’on clarifie le problème de la gestion des terres entre les peuples voisins, je crois que ça aiderait à résoudre le problème de Kwamouth ».
Pour le Cardinal Ambongo « étant donné que la question de Yumbi a été traitée de façon, on dirait inachevée, on ne sait pas si ce dossier est complètement terminé, naturellement la question de fond n’est pas abordée et quand je parle de la question de fond, c’est l’équilibre entre le pouvoir coutumier et le pouvoir de l’État moderne sur la gestion de terres ». Il a insisté que « sur le terrain, il y a un conflit évident entre le pouvoir traditionnel et l’État moderne ».
Evoquant le mode opératoire des protagonistes, il a noté que ceux qui fabriquent des armes artisanales sont bien connus. « On nous a montré les armes utilisées par le groupe qu’on appelle le groupe des Yaka, qui sont plutôt des fermiers avec leurs combattants. Ce sont des flèches, des machettes, des couteaux. Nous avons vu des fusils de fabrication artisanale. Il y a quelqu’un qui est installé dans une ferme là-bas – un ancien militaire dont nous avons le nom – qui fabrique des armes artisanales. Mais on a trouvé aussi des armes qu’on appelle AK47 qui sont des armes de guerre ». Ambongo estime que ces armes ont été prises sur des militaires envoyés sur le champ des opérations où ils ont été tués.
Le Cardinal Fridolin Ambogo a remis au Premier ministre le rapport de sa tournée à Kwamouth et ses environs où plus de 150 personnes ont déjà été tuées, plus de 50.000 déplacées et plusieurs dizaines de villages incendiés. Depuis oeu, les affrontements se sont élargis au territoire de Bagata, dans le Kwilu.
JEK