Après avoir joué la carte de la corruption lundi, le Président de l’Assemblée nationale en est venu, mardi, à intimider ses collègues avec cette affaire de l’arrestation prochaine de certains d’entre eux. Objectif : faire passer la loi d’habilitation. Au finish, il aura récolté une demi-victoire : la loi a été votée, mais expurgée des contrats à ratifier.
Tentative de corruption, intimidations, musèlement, etc. ; Christophe Mboso aura tout tenté pour réaliser un passage en force (un énième) avec la loi d’habilitation qui a finalement été votée hier soir en des termes différents du draft venu du Gouvernement. Après avoir bataillé pied-à-pied, la plénière a réussi à expurgé de ce draft le volet sur la ratification des accords passés avec le Qatar, la Turquie, les Emirats arabes unis (EAU) et surtout l’Ouganda.
C’est certainement le voisin ougandais qui a fait recaler les autres accords. Plusieurs députés se sont, en effet, succédés pour dénoncer le double jeu de Kampala dans la résurgence du M23. Personne n’a, en effet, oublié les tweets tendancieux du fils de Museveni, chef de l’armée ougandaise, quant à une alliance projetée – ou effective – avec le Rwanda.
Christophe Mboso portait sans équivoque un agenda caché pour le vote, en l’état, de la loi d’habilitation alors qu’il contenait des dispositions portant à polémique comme ces accords qui ont failli être laissé au libre arbitre de l’Exécutif. Des accords que plusieurs députés ont estimé devoir passer à leur lecture, considérant les conditions jugées douteuses de leur conclusion. D’autres députés ont tout simplement estimé qu’il était irresponsable que le parlement parte en vacances pendant que ça brûle à Bunagana. Estimant que la gestion de la situation sécuritaire par le Gouvernement est déficitaire, les tenants de cette thèse désiraient demeurer proches de cette situation pour toute éventualité.
Pour toutes ces raisons donc, Christophe Mboso a tenté de’ circonvenir ses collègues pour obtenir le vote effectif de la loi d’habilitation. Il aura peut-être récolté une demi-victoire avec ce vote, mais aura raté une partie de son agenda avec les contrats dont la ratification a finalement été renvoyée à plus tard.
Il aura ainsi fallu au Président de l’Assemblée nationale de faire des promesses pécuniaires lors de la plénière de lundi avant de tenter une intimidation lors d’un huis clos de mardi. A cette occasion, en effet, Christophe Mboso a prévenu ses collègues que certains d’entre eux allaient être arrêtés pour leur implication dans la crise sécuritaire de l’Est.
Ca n’aura pas été la première fois que Mboso évoque cette affaire. A l’entame de son mandat au perchoir, il en avait fait état avant d’inviter ses collègues à quitter les groupes armés.
JDW