Réponse de Félix Kabange Numbi Mukwampa, Cadre du FCC et ancien ministre, à la lettre ouverte de Steve Mbikayi, ancien cadre du FCC et plusieurs fois ministre sous Joseph Kabila; aujourd’hui cadre de l’USN
Honorable Steve Mbikayi,
Je vous remercie pour la courtoisie de votre réponse et pour cet échange d’idées. Cependant, je tiens à souligner qu’il n’est pas possible de poursuivre ce débat sur les réseaux sociaux. J’ai pris le temps pour vous répondre. Je reviens pour une dernière fois par devoir patriotique et pour restituer la vérité de certains faits soulevés dans votre dernière lettre. Ce genre d’échanges nécessite un cadre plus formel, comme un dialogue inclusif, où toutes les questions pourraient être abordées sérieusement et de manière respectueuse, y compris celles concernant la gouvernance des six dernières années.
En ce qui concerne la situation à l’Est du pays, il est évident que le M23, après 14 mois passés à Kinshasa, a resurgi tel un Phœnix. Cette résurgence, loin d’être une surprise, résulte directement de l’échec des accords conclus entre ce groupe rebelle et l’actuel pouvoir de Kinshasa. Le retour du M23 est aussi la conséquence de l’incapacité du régime à instaurer l’état de droit, à sécuriser les personnes et leurs biens ainsi que les frontières.
Vous affirmez que le Président Kabila a réagi à des sanctions concernant ceux qui sèment la mort à Goma. Permettez-moi de vous dire que cela est une erreur d’interprétation. Le Président Kabila, en homme de paix, ne réagit pas à la légère. Il est un stratège réfléchi, dont les actions sont minutieusement préparées et mesurées. Ce que vous appelez une « réaction » n’a rien à voir avec une impulsion face aux sanctions. Le Président ne répond jamais aux vagues politiques mais privilégie des actions calculées, en prenant le temps de réfléchir avant d’agir. Il n’a pas besoin d’une pression extérieure pour déterminer ses positions.
Je me permets aussi de rappeler que, depuis 2021 et la fin de la coalition FCC – CACH, la famille du Président Kabila a été persécutée. Ses proches ont été systématiquement dénigrés et leurs droits bafoués : passeports confisqués, destruction méchante de la clôture de sa résidence, attaque des forces du progrès de l’UDPS contre son épouse alors qu’elle était dans la résidence, et même la profanation du corbillard ayant porté le corps de son père, le héros national Mzee Laurent-Désiré Kabila. Malgré cela, Joseph Kabila a choisi de rester fidèle à son devoir pour le Congo, mettant les intérêts de la nation avant ceux de sa famille biologique, politique et avant ses propres biens.
Il est donc surprenant de voir que vous, en tant qu’ancien collaborateur du Président Kabila, puissiez soutenir une telle thèse qui minimise ces injustices à son égard. Loin de défendre ses intérêts personnels, Joseph Kabila a toujours placé la paix et l’unité du Congo au cœur de son action, malgré les persécutions qu’il a subies. Comparez cela avec les traitements honorifiques réservés à d’autres anciens leaders africains, comme Thabo Mbeki, Olusegun Obasanjo ou Joaquim Chissano, respectés après leurs mandats et sont devenus des médiateurs de paix, reconnus pour leurs contributions. Pourquoi, alors, ce traitement inhumain réservé à Joseph Kabila ? N’est-ce pas là une forme d’injustice flagrante envers un homme qui a servi son pays ?
« L’honneur d’un ancien Chef de l’Etat ne réside pas dans l’ombre des collines de l’Est, mais dans la lumière du rôle de sage », dites-vous. La sagesse étant un statut octroyé par la société en reconnaissance des capacités de l’impétrant, la première question qui pourrait vous être posée serait de savoir si votre famille politique et vous-même aviez et avez laissé un seul instant le choix d’homme sage à Joseph Kabila. S’il n’avait pas été consulté par sa société, Salomon n’aurait jamais été découvert dans sa sagesse et ne serait même jamais devenu Roi…
Vous me reprochez de défendre un leader, mais sachez que je défends avant tout la nation. La gestion actuelle du pays, sous le régime de Tshisekedi, a plongé le Congo dans une grave crise économique et sociale. La dette s’est élevée à des milliards de dollars, la situation du peuple congolais s’est détériorée de manière significative, et les conditions de vie se sont empirées. La mauvaise gouvernance, la corruption et l’incompétence marquent la gestion du pouvoir Tshisekedi depuis 6 ans. Les événements actuels dans l’Est du pays sont un reflet de cette gestion défaillante et du non-respect des accords de paix.
Est-ce par peur ou par complicité que vous n’avez jamais osé interpeller les personnalités de l’union sacrée pour leurs actes, leurs sorties et leurs déclarations outrageuses à l’endroit du président honoraire? Joseph Kabila, en tant qu’homme d’État, a une compréhension et une expérience profondes des conflits dans l’Est du Congo. Il ne cherche pas à revenir pour semer la discorde, mais pour contribuer à la paix et à la réconciliation nationale. Le Congo a besoin d’un leader qui puisse rassembler, pacifier et reconstruire ce qui a été détruit par les erreurs des années passées. Joseph Kabila a toujours agi avec une grande vision pour l’avenir du pays, et il continuera de servir son pays avec la même détermination.
Je suis un patriote. J’aime le Congo, et je me battrai pour que notre pays vive et prospère. Je crois fermement qu’il n’est pas trop tard pour le Congo. Nous devons agir maintenant pour éviter que notre pays ne sombre dans le chaos. Le Congo n’a pas encore atteint son point de non-retour, mais il suffira d’une étincelle pour faire tout basculer en arrière. C’est pourquoi je crois que le retour de Joseph Kabila peut jouer un rôle crucial dans le rétablissement de la paix et de l’unité nationale. Le Congo est une grande nation, et il est temps de tout mettre en œuvre pour qu’il vive uni et prospère, comme nous l’avons toujours rêvé.
Félix Kabange Numbi Mukwampa
Ancien Ministre / Membre du FCC