Cacophonie à l’USN pour le perchoir de l’AN : Y a-t-il une majorité à bord ?

Finalement la majorité de l’Union sacrée pour la Nation va en venir aux primaires, ce mardi, pour se designer les candidats à la candidature aux différents postes du bureau définitif de l’Assemblée nationale avec, en point de mire, le perchoir. La décision, pretendue lumineuse, serait issue des conciliabules qui ont mis aux prises (au propre comme au figuré) les membres du présidium de la « méga plateforme » majoritaire au pouvoir avec son chef qui se trouve être le chef de l’État.

Mais en fait du présidium, il s’agit plutôt de trois des sociétaires – Mboso, Bahati et Kamerhe – qui convoitent le perchoir, et on se demande encore pourquoi et dans quel but Félix Tshisekedi a décidé d’y associer Augustin Kabuya qui a déjà désisté de ses ambitions à la première vice-présidence et dont le parti n’a exprimé aucune ambition pour le perchoir malgré son poids politique prépondérant.

« Primaires », l’arbre qui cache la forêt

On peut, tout de go, se demander pourquoi une aussi large majorité peut en arriver à des primaires pour se désigner des candidats qu’elle va élire elle-même à travers cette même majorité. La réponse est à chercher dans l’imaginaire du congolais qui a le chic de donner son propre contenu aux concepts universels. Comme la fameuse « géopolitique ». Ou encore le fameux « compromis à l’africaine » pour désigner l’art d’enjamber le souverain primaire et sa volonté exprimée dans les urnes.

Ce mardi donc, il serait simplement question de départager Bahati Lukwebo, Vital Kamerhe et Christophe Mboso après qu’eux-mêmes, sous la houlette éclairée de leur chef-autorité-morale ont réalisé l’exploit de ne pas être en mesure de se départager. Conclusion : les leaders, si prompts à fabriquer des tickets très souvent aux antipodes des attentes et avis de leurs bases, se montrent incapables de se mettre eux-mêmes dans un ticket.

Un concept à géométrie bien congolaise

Il va rester, malgré tout, de savoir pourquoi toute cette bataille au sein d’une majorité si dominante lorsqu’on sait qu’une primaire n’a pour but que de désigner le meilleur d’entre tous au sein d’un groupe pour affronter le meilleur d’entre tous au sein d’un autre groupe adversaire. Dans le d’espèce, c’est une majorité lourde de 446 députés – excusez du peu – qui se prépare pour l’emporter face à une opposition en portion congrue de quelque 54 députés, s’il faut compter dans ça la nébuleuse Dynamique de Mutamba.

La vérité cachée d’une hypocrisie familiale

La dure réalité c’est qu’en fait d’environnement politique, le Congo de ces rives-ci du majestueux fleuve éponyme s’emberlificotte dans une rhétorique politique qui cache mal le malaise au sein d’une famille qui, en réalité, n’en a jamais été une. En effet, alors que ces primaires sont censées constituer une solution à un exercice qui n’a pas eu d’issue, les sociétaires s’y rendent dans une totale méfiance qui a fini d’étaler la méfiance et l’hypocrisie des uns envers les autres dont les discours, ce lundi soir à travers les médias, ne s’est pas embarrassé d’amenités.

A l’instar de celui d’Augustin Kabuya qui, sur Top Congo comme dans un pugilat sans gants, donne du « ces gens », des « ces individus » pour désigner ses pairs du Présidium de l’USN avant d’accuser que « c’est ma tête qui ne plaît pas » alors qu’il n’est candidat à rien. Et lorsqu’il prétend que l’exercice auquel il s’engage porte sur des affaires d’État, son discours montre plutôt que ce perchoir de l’AN est un organe exclusif de l’USN qui, du reste, n’a même pas d’existence légale !

Plus loin autour de Bahati Lukwebo, ses communicants cartographient les institutions publiques pour attribuer l »Assemblée nationale à l’Est du pays étant donné que la Présidence revient au centre et la Primature à l’Ouest. Et cet Est n’a qu’un leader caricaturé en termes de probité et de loyauté.

Stratégie d’encerclement de Vital Kamerhe

Un portrait robot taillé sur la mesure de la chemise carcérale de Vital Kamerhe en réminiscence de ses démêlés judiciaires dans l’affaire de 100 jours. Portrait robot que la communication de Bahati complète avec le principe de loyauté au chef de l’État – exit la séparation des pouvoirs – pour exclure le même Kamerhe qui avait « désobéit » en allant siéger à l »Assemblée nationale quand le chef a demandé, contre les décisions de la même Assemblée et de la Cour Constitutionnelle, que tous les « warriors » élus demeurent au Gouvernement.

En retrait mais non moins actif, le camp de Christophe Mboso, qui a pourtant la plus petite taille…en poids à l’hémicycle, demeure à l’abordage en rejetant la cartographie géopolitique « bahatisante ».

La réalité est que Bahati ou Kamerhe, le coeur de l’Udps, qui revendique son poids de première force politique au sein de la majorité, bat et travaille à éviter tout ombrage institutionnel sur Tshisekedi. Et contre toutes les lois de la science po et même contre les dispositions constitutionnelles, la tshisekedie se défausse sur Kamerhe en ne se rassurant pas de lui comme par un remord du passé. Et Bahati n’est pas, pour autant « fatshipositif », lui qui, même sous Kabila, n’a jamais rassuré personne.

En un mot comme en mille, les primaires de ce mardi ne seraient rien qu’une fausse aux lions où des candidats ombrageux vont être livrés aux fauves députés qui ont été préalablement soumis à une consultation du même Augustin Kabuya sur instruction de Félix Tshisekedi. Comme Mboso le fit régulièrement dans le processus de renversement de la majorité FCC à coups de billets verts et de Palisade au cours de concertations du Fleuve Congo Hôtel…

Rien à voir donc avec une quelconque primaire, su reste totalement hors de propos dans la configuration actuelle de l’Assemblée nationale.

Rien à voir non plus avec la démocratie et son sacro saint principe de séparation des pouvoirs. Ce mardi, les deux garderont la porte…

JEK

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