Face aux atermoiements du Gouvernement depuis plus de deux ans, les journalistes ont décidé d’organiser une collecte pour financer l’organisation du Congrès extraordinaire de l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC). La tenue de congrès est dictée, non seulement par l’impératif de réorganiser une profession en déshérence avancée, mais aussi – et dans le même souci – de répondre à une recommandation ad hoc faite lors des états généraux de la communication tenus en janvier 2022. Depuis lors, la trenue de ce congrès bute à une difficulté de financement alors que le Gouvernement avait pris l’engagement d’apporter sa quote-part pour compléter les décaissements que d’autres partenaires ont consentis d’apporter.
Dans une déclaration de la « Dynamique de Zongo » datée du 4 avril dernier, en effet, des associations professionnelles des médias et de défense de la liberté de presse, ainsi que des journalistes, ont annoncé « le lancement, dans les prochains jours, d’une vaste opération de cotisations spéciales de tous les professionnels des médias afin de financer ce congrès extraordinaire tant attendu ». Elle invite, pour ce faire, « tous les partenaires et les hommes de bonne volonté à se joindre aux professionnels des médias en apportant leur contribution au financement de ce congrès ».
La démission du Gouvernement mise à nu
Cette initiative fait donc suite à l’inertie du Gouvernement qui dispose, pourtant, de toutes les données aussi bien techniques, scientifiques que budgétaires pour débloquer la part de sa contribution qu’il avait librement consenti d’apporter. « Constatant l’impasse dans l’organisation du Congrès extraordinaire de l’UNPC, les Organisations professionnelles membres de la Dynamique de Zongo ont résolu de se réapproprier le processus de l’organisation de ce congrès par les professionnels des médias », peut-on lire dans le communiqué.
La « Dynamique de Zongo » rassemble des organisations du secteur des médias ainsi que des journalistes et autres experts qui travaillent, aux côtés d’autres organisations et regroupements, depuis plus de trois ans sur la réforme du secteur des médias, en général, et de l’UNPC en particulier. Ce regroupement momentané a été très actif dans la réflexion et la préparation des documents qui avaient été examinés, amendés et adoptés aux états généraux de la presse. La loi organisant l’exercice de la liberté de la presse, qui a été promulguée l’année passée, fait partie des résultats de ces états généraux.
Pour mener à bien les grandes recommandations émanant de ce forum, un comité de suivi avait été mis sur pied au sein du cabinet du Ministre de la communication et médias, mais avait vite sombré dans la léthargie faute de convocation des réunions et de financements. Ce sont les professionnels des médias eux-mêmes, sous la houlette de ce qui reste du comité de l’UNPC, ainsi qu’avec le concours d’autres structures comme JED, qui vont mener des démarche ayant abouti à la production des documents de base pour la restructuration de l’UNPC. Il s’agit des statuts et du règlement intérieur amendés de l’Union, du code d’éthique et de déontologie revisité ainsi que d’un tout nouveau manuel des procédures.
Volonté manifeste d’affaiblir la presse
Produits grâce au financement des partenaires inter bailleurs, tous ces documents du comité scientifique ad hoc avaient été remis officiellement au Ministre de la Communication et médias en août 2023. L’on n’attendait donc plus que la réaction du Gouvernement pour la convocation du congrès extraordinaire que le même Gouvernement avait accepté de financer 60% de son budget estimé alors à plus ou moins 300.000 Usd.
Les atermoiements qui vont s’en suivre jusqu’à ce jour, ont fini par convaincre les observateurs, dont les partenaires inter bailleurs, de la nette volonté de maintenir la presse dans son état végétatif actuel en faisant échec à la réorganisation de son organe faitier qu’est l’UNPC.
JEK