Kashobwe, la bavure de trop

La toile a flambé ce lundi 8 janvier 2023 dès que la nouvelle de l’interdiction de la sortie de Moïse Katumbi de son complexe agropastoral de Kashobwe – son village natal – a été rendue publique.

Des images confirmant l’info ont circulé à une vitesse inouïe, si bien que le gouverneur du Haut-Katanga, Jacques Kyabula, s’est empressé de réagir en indiquant qu' »aucune instruction n’a été donnée dans le sens de restreindre la liberté de circuler de qui que ce soit à Kashobwe. Dès que nous avons appris ce faux pas commis par quelques éléments des forces de l’ordre dépêchés, du reste, dans cette partie de la Province du Haut-Katanga en vue de dissuader les velléités de certains compatriotes à vandaliser les biens de leurs adversaires politiques, nous avons immédiatement ordonné la levée de cette barrière, chose qui a été aussitôt faite. Au demeurant, nous condamnons ce malheureux incident, c’est ainsi que les responsabilités des uns et des autres seront établies pour que pareil cas ne se répète plus ».

L’une des vidéos réalisées par un cameramen de Moïse Katumbi présente ce dernier en train d’échanger avec « courtoisie » avec des soldats munis d’obus. En pareilles circonstances, c’est plus prudent.

Conséquence : la nouvelle ayant gagné le village, c’est la population qui a décidé de sécuriser son leader en s’installant pour la nuit dans sa villa.

Certes, cela n’est pas le cas, mais ça ressemble tout de même à une « relégation » avec, cependant, pour bavure dans le chef du pouvoir ne pas savoir qu’on est maintenant dans le  » siècle Internet « . On peut tout dire, mais personne ne convaincra personne que ces militaires aient agi de leur propre gré. Une consigne doit avoir été donnée, et personne de sensé ne peut l’attribuer au gouverneur de province. La consigne est l’œuvre de la Hiérarchie de l’armée. A défaut du Haut commandement des Fardc ou de la maison militaire du chef de l’Etat, le ministre en charge de la Défense nationale et Anciens combattants doit avoir été mis au courant. Dans le cas contraire, on doit désormais craindre que n’importe quel militaire ou peut-être policier agisse en électron libre.

Or, les temps sont mauvais. Avec tout ce qui continue de se tramer autour du processus électoral sur fond du discours xénophobe, du repli identitaire et de la situation sécuritaire à l’Est aggravée par cette terrible révélation sur le  » transfert  » en Afrique, partiellement en RDC, de la population de la bande de Gaza, il y a de l’énervement en l’air.

Une initiative mal conçue ou mal exécutée, c’est l’irréparable. C’est la raison pour laquelle le Pouvoir actuel, issu de l’Opposition qui revendiquait des droits parfois en usant de la violence, devrait servir d’exemple en respectant les libertés fondamentales au nombre desquelles celle de la libre circulation sur le territoire national.

Priver Moïse Katumbi de cette liberté, et encore dans son propre village, c’est ni plus ni moins que de la provocation. Une bavure. Celle de trop…

CP

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