Procès du carnage de Goma : Graves révélations qui décrivent un crime contre l’humanité

Les audiences qui se sont déroulées dans la période du 11 septembre jusqu’à ce jour dans le cadre du procès dit du carnage de Goma où ont été massacrés au moins 50 civils apportent des révélations qui tendent à attester la thèse d’un crime contre l’humanité. Plusieurs témoins se succèdent, en effet, pour alléguer des faits selon lesquels les victimes ont été froidement abattus alors qu’ils n’avaient opposé aucun moyen de défense proportionnel à la puissance de feu des éléments de la Garde Républicaine.
Jusque-là, en effet, aucun témoignage solide n’a fait état de la détention d’armes par les militants/adeptes de la secte Wazalendo au moment de la confrontation avec les militaires.
Des témoignages allèguent aussi que même des blessés ont été achevés ainsi que les civils valises qui les amenaient dans des centres médicaux ont été abattus par des personnes arborant des tenues de la Police.
La partie accusée a présenté quelques armes qu’elle aurait saisie dans les installations de la radio de la secte, mais il est difficile de confirmer leur origine ainsi allégué puisque tout le personnel trouvé sur le lieu a péri.
Congo Guardian fait, ci-dessous, la synthèse des comptes-rendus des différentes interventions lors des audiences depuis le 11 septembre.

Invité à éclairer la Cour sur les circonstances des confrontations qui ont conduit à la mort des manifestants Wazalendo, le Maire de la ville de Goma a déclaré ne pas connaître le lieu où ont eu lieu les fusillades.
Le Colonel Yves Rubenga fait son témoignage sur ces scènes en faisant savoir qu’il y avait déjà morts lorsqu’il déployait ses unités vers 8h30, à la date du 30 août, jour du carnage. : “Je suis arrivé sur le lieu du drame vers 8h30, j’avais déjà fini de déployer les éléments dans les points chauds de la ville. Les civils étaient déjà tués. J’ai vu les éléments de la GR emporter la radio et Bisimwa, le leader de Wazalendo”.
Ce même témoin affirme que le Colonel Mike, commandant de la GR dans le Nord-Kivu, avait désarmé son collègue du QG des FARDC et ordonné à ses unités de tirer sur les civils : « Il (le colonel Mike Mikombe de la GR) nous a chassé et a ordonné à ses militaires de tirer sur les civils ».
Pour sa part, le Colonel Mike a, comme pour justifier l’intervention de ses unités, laissé entendre que les manifestants Wazalendo qui prévoyaient de marcher le 30 août étaient des supplétifs de la rébellion du M23.
A l’audience du 15 septembre 2023, trois témoins de la partie civile ont été auditionnés sous anonymat. Leurs témoignages ont donné encore plus de lumière pour évoluer vers la confirmation d’un crime contre l’humanité.
Ces témoins ont été entendu sous des codes de 1 à 3 pour masquer leur identité.

PC001 : «Le 30 août dernier, nous étions surpris à la station radio de notre Eglise. Des militaires cagoulés sont entrés dans la station. Ils m’ont rencontré et m’avaient demandé: où est votre émetteur de la radio ? Je leur avais répondu : je ne sais pas. Il avait fait sortir une petite arme pour me pointer. Ils nous ont fait descendre dans la salle de rédaction. Ils ont tiré sur nous et six personnes sont mortes sur le champ. Je me suis aussi allongé dans le sang de mes collègues qui étaient morts. Les militaires avaient tout pillé ; même des effets accessoires, même du papier, tout avait été pillé ».

PC002 : « C’étaient des militaires de la Garde républicaine qui avaient tiré sur nos fidèles à la station radio et même l’animatrice Tabitha avait trouvé la mort avec cinq autres personnes. Quand je suis sorti en voulant amener un blessé à l’hôpital, nous avons croisé des policiers qui avaient dit: « bango wana » pour dire les voilà. Ils avaient directement tiré sur nous. Le transporteur du blessé et le blessé sont tous morts sur place ».

À l’audience du 16 septembre, les services des renseignements militaires de la 34è région militaire ont présenté à la cour militaire, des armes et autres effets saisis dans le temple et à la radio des Wazalendo le 30 août 2023.

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