Chérubin Okende, le deuil suspendu…

Quand je suis retourné chercher mon dernier échange avec lui sur WhatsApp, je ne l’ai plus trouvé. Avec la technologie d’aujourd’hui, même les écrits s’envolent désormais.
Je n’ai pas retrouvé Chérubin là où nous nous sommes retrouvés après tant d’années de lutte à laquelle il avait engagé toute l’énergie de son existence.
Je ne m’en plaignais pas, car à chacune de ses sorties, même en contradiction avec mes propres vues, je retrouvais cette intelligence pointue qui n’avait pris aucune ride depuis la dernière fois que je l’avais salué un certain jour du mois d’octobre 1995 sur le tarmac de l’aéroport international de Ndjili, au pieds du Boeing 737 d’Air Zaïre dont il était alors directeur technique. J’accompagnais alors le ministre des Transcom d’alors, Alexis Thambwe Mwamba, dans sa tournée de lancement du projet SIZARAIL.
Air Zaïre effectuait certainement là l’un de ses tout derniers vols, le dernier ayant été celui qui revint de Kindu sur FIH le 17 octobre 1995 avec à son bord quelques hôtesses dont la célèbre Longanza, oui la célèbre basketteuse qui coulait sa saison d’or dans les airs avec le Léopard volant.
À mon retour, je ne retrouvai pas Okende à Ndjili, mais, comme un tam tam, mon frère choisit de vibrer dans d’autres cénacles pour faire avancer son pays autrement afin que le genre de mal qui avait anéanti le Léopard volant ne se reproduise plus.
Depuis lors, Chérubin engagea un combat de l’excellence dans des débats sur des plateaux de télévision. Les factions politiques en présence se le disputaient, mais il tenait tant à son indépendance que toute sorte de déviation dans les idéaux partagés l’amenait à reprendre son indépendance.
Le tout dernier cas fut avec l’Union sacrée dont il fut l’un des fers de lance à l’Assemblée nationale. C’est lui, Okende, qui fut l’unité centrale de la motion qui conduisit au démantèlement de la majorité FCC dont il avait également claqué la porte quelques années plus tôt.

Son amour pour le Congo lui avait inspiré une pensée, une idée pour la sortie de crise de sa RDC et son engagement sur la voie de l’émergence à travers une publication intitulée « Leadership et jeu politique en RD-Congo, l’audace d’une révolution substantielle. » Dans cette publication, indique son éditeur, Chérubin peint un tableau sombre de la RDC, mais  » croit encore en l’avènement d’un Congo vigoureux, une République réellement démocratique, debout et plus belle qu’avant ». Pour cela il propose la « voie de l’audace, passage obligé pour l’accession à cette société de nouvelles espérances » qui « permettra de tirer la quintessence d’une légitimité substantielle afin d’agir avec la ferveur de la foi collective ».

Chérubin était aussi convaincu que »la RDC peut bien négocier son virage délicat et souhaitable vers la modernité et l’émergence à condition de catéchiser la religiosité de l’État, de construire le patriotisme constitutionnel et de suivre la voie de la sagesse ».
Aujourd’hui, il connaît un dégagement si violent de la vie que l’on est désarmé de toute sorte de réflexion pour qualifier une cruauté aussi sadique. Oui, il faut être à ce point sadique pour faire taire les idées avec une telle atrocité.
Je ne ferais le deuil de Chérubin que quand toute la lumière, la vraie, sera faite.

Jonas Eugène Kota

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