Les forces de la communauté économique de l’Est africain (EAC) ne sont pas prêtes de quitter la RDC. Alors que Kinshasa fait pression, depuis bientôt trois mois, pour le retrait de ces troupes qu’il estime être aux antipodes des attentes des congolais, et que le dernier sommet des chefs d’État de la CIRGL a prolongé son bail jusqu’en septembre prochain, William Ruto, Président du Kenya qui compte des soldats dans le contingent est-africain, annonce que ces troupes vont devoir rester pour longtemps encore en territoire congolais.
S’exprimant, en effet, sur France 24 en marge de sa participation au sommet sur le nouveau pacte financier mondial qui vient de se tenir à Paris, le Président kenyan vente le bilan de cette force et déclare qu’elle va encore demeurer aux côtés des Congolais qui en ont besoin, selon lui. « Au cours des 6 derniers mois, nous avons réussi à faire ce qui n’avait pas été fait en 30 ans. Nous avons stabilisé l’endroit et il y a une réelle chance que le M23 soit cantonné », déclare-t-il dans cette interview alors que le Président congolais, Félix Antoine Tshisekedi, ne cache pas son agacement sur la présence de ces troupes qu’il avait annoncées venir combattre le M23 aux côtés des FARC.
À ce jour, le cessez-le-feu est observé sur toutes les lignes de fronts. Les forces est-africaines se sont interposées entre les forces régulières congolais et les rebelles au niveau de Bunagana. Cette cité stratégique demeure cependant sous contrôle et sous administration de la rébellion soutenue par le Rwanda.
En tout cas, pour William Rutho, le retrait des troupes de l’EAC n’est pas à l’ordre du jour pour le moment, jusqu’à ce que la RDC se dote d’une armée et d’une police efficaces. « Nous ne nous éloignerons pas du peuple de la RDC. Le problème de la RDC est notre problème. Nous ne pouvons pas continuer à fermer les yeux. C’est pourquoi la région a décidé d’intervenir », annonce-t-il dans une calme fermeté avant de d’adresser aux Congolais : « la force régionale reste avec vous pour assurer votre sécurité jusqu’à ce que le Gouvernement de la RDC se constitue une armée et une police qui seront protecteurs de tout le monde ».
Interrogé sur les critiques de Tshisekedi contre les forces de l’EAC, William Rutho évite une réaction frontale mais, en bon anglophone, il ne s’embarrasse pas de circonlocutions : « En RDC, nous maintenons le cap et la RDC est à bord, en dehors de ce que disent les médias. La RDC peut voir que c’est la seule chance réaliste de résoudre les défis de ce pays ». Reste alors de savoir ce que Kinshasa va en dire.
JDW
