Joseph Kabila, son come-back tout feu tout flamme et sans complexe

Près de cinq années après son entrée en hibernation, Joseph Kabila Kabange reprend de la voix. Le taiseux de tous les temps (même pendant qu’il était en fonction) s’est même fait appeler « Recteur de l’université de Kate » (l’école du silence envers et contre tout) et on a même avancé qu’il s’est tout simplement retiré de la vie politique.
Même si, ces derniers temps particulièrement, certaines langues voient sa main dans certaines situations, dont l’insécurité grandissante dans le grand Bandundu et au plateau des Bateke. On a même annoncé une perquisition, voire la saisie de son domaine de Kingakati.
Vendredi 16 juin 2023, l’ancien Président de la République a rompu le silence et repris le devant de l’actualité politique, alors qu’il n’a fait qu’annoncer son come back.
Pour une annonce, cependant, le sénateur à vie n’a pas manqué d’annoncer les couleurs. C’est un homme combatif et prêt à en découdre démocratiquement qui a réuni, en son domaine de Kingakati, ce qui lui reste de personnel politique au sein de sa famille politique, le FCC.
Depuis, les réseaux sociaux grouillent des images de selfies de cet homme en tenue de modeste gentleman farmer. Sourire en coin, il se prête volontier à l’immortalisation de ces moments.
Bien avant, devant ces cadres du FCC, Joseph Kabila a tenu à faire une série de mises au point pour que nul ne l’ignore . D’abord que son long silence n’est pas à confondre, ni à une quelconque mort ou retraite politique, ni à une capitulation face à ce qu’il appelle coup d’État constitutionnel qui a renversé une majorité élue
«À tous mes compatriotes Congolais qui pensent et estiment que j’ai quitté la politique parce que, depuis décembre 2020, je n’ai jamais tenu une réunion avec ma famille politique le FCC, ni pris la parole en tant qu’ancien Président de la République, c’est faux. J’ai une seule passion: la RDC, mon Pays».
Et à tous ceux qui lui ont tourné le dos ainsi qu’à sa famille, il a des propos saisissants, qui touchent au noyau même de leur ontologie : «Beaucoup d’élus du FCC se sont ignoblement vendus en se faisant acheter par l’argent et les Palissades. Qu’ils sachent que ce n’est pas le FCC qu’ils ont trahi, mais leurs électeurs, la population congolaise, la République et leur dignité». L’équivoque étant ainsi levée, Kabila ouvre une offensive et parle, pour la toute première fois et sans complexe, des circonstances de la rupture de coalition FCC-CACH. Il place d’abord le curseur sur ce moment politique, pour donner, pour la toute première fois, sa part de vérité : «La rupture de la coalition FCC-CACH est intervenue non pas parce qu’il y avait dispute des postes ministériels et des responsabilités mais parce qu’il y avait nomination illégale et anticonstitutionnelle de deux juges à la Cour constitutionnelle le 5 août 2020».
De là, sa considération sans fard sur ce coup d’État intervenu par la suite. Pour dire aussi que, depuis, il s’est retiré de toute forme de contact avec le régime en place et ce qu’il fait du pays : «Il faut noter que depuis le coup d’état constitutionnel en décembre 2020 (renversement de la majorité à coût d’achats des députés de la majorité élue), il n’y a jamais eu ni contact, ni relation, ni complicité latente entre le FCC et le pouvoir en place. Il est donc foncièrement faux d’affirmer qu’il existerait des contacts avec un pouvoir qui ne respecte pas les fondamentaux de la république : la constitution et ses lois ».
Fini le silence donc, mais le retour en scène s’annonce tout feu tout flamme. Par petites punchlines, Joseph Kabila annonce ses couleurs en une période politique particulièrement critique. Sa famille politique n’a pas pris le départ pour les élections de décembre, alignant une série de préalables en dénonciation sous-jacente de la dérive d’autocratie qui jalonne ce processus depuis son début. Ne se considérant pas comme opposant au régime en place, le FCC se dit plutôt résistant contre toutes ces dérives et continuent de militer pour la restauration de la légalité dans la gestion de la chose publique.
Dans tous les cas, c’est un JKK sans complexe qui émerge de son hibernation et annonce les couleurs d’une combativité qui ne manquera pas d’imprimer une nouvelle dynamique à la vie politique nationale et de faire changer bien de regards sur la RDC, ce qu’il en est fait aujourd’hui et ses perspectives d’avenir.
Après tout, c’est bien d’un ancien Président de la République, pesant 18 ans de la vie de la Nation, qui revient en scène.
Jonas Eugène Kota

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