EXCLUSIF : Le message reconstitué de Joseph Kabila aux cadres du FCC

Congo Guardian a pu reconstituer l’essentiel de la communication de Joseph Kabila, vendredi 16 juin 2023 en son domaine de Kingakati, à l’intention des hauts cadres de sa famille politique, le FCC. L’ancien Président de la République faisait là son come-back politique sur la scène.
Même s’il a annoncé qu’il parlerait bientôt, son intervention ce vendredi contient l’essentiel d’une lecture politique des cinq années en RDC et qui soulève déjà des réactions en tous sens. Joseph Kabila Kabange, qu’on a longtemps qualifié de taiseux en raison de sa réserve langagière – ne parler que lorsque ce que l’on veut dire est plus puissant que le silence, avait-il dit en son temps -, a déjà rompu le silence et s’est lancé dans le vif du sujet en remontant aux origines de la crise politique qui se vit en RDC depuis décembre 2020.
Kabila donne sa lecture des conditions ayant milité à cette crise, rappelant notamment des nominations dans la haute magistrature et d’autres actes de gestion ayant été posés en violation « flagrante » de la constitution et des lois de la République.
Droit dans ses bottes, le gentleman farmer de Kingakati ne manque pas de mots particulièrement durs à l’endroit des anciens sociétaires du FCC qui ont traversé la rue et qu’il dit partager ces violations de la loi. À leur endroit, il dit qu’ils ont plutôt trahi leurs électeurs, la république et leur propre dignité.
Quant au processus électoral en cours qu’il juge irrégulier, Joseph Kabila réitère le refus de sa famille politique d’y prendre part en raison de son caractère « frauduleux » et « chaotique ».
Ci-dessous l’intégral reconstitué du message de Joseph Kabila aux hauts cadres du FCC. Les intertitres sont de la rédaction.

Depuis décembre 2020, il n’y a plus eu de contacts entre Fatshi et JKK
À tous mes compatriotes Congolais qui pensent et estiment que j’ai quitté la politique parce que, depuis décembre 2020, je n’ai jamais tenu une réunion avec ma famille politique le FCC, ni pris la parole en tant qu’ancien Président de la République, c’est FAUX. J’ai une seule passion: la RDC, mon Pays.
Il faut noter que depuis le coup d’état constitutionnel en décembre 2020, il n’y a jamais eu ni contact, ni relation, ni complicité latente entre le FCC et le pouvoir en place. Il est donc foncièrement FAUX d’affirmer qu’il existerait des contacts avec un pouvoir qui ne respecte pas les fondamentaux de la république : la constitution et ses lois.

Comment le FCC s’était fait voler sa majorité à coup d’argent et avec la complicité de ses élus
Après les élections de décembre 2018, le FCC avait gagné incontestablement la majorité parlementaire et ce, pour toute une législature (2019 – 2023). C’est cela que dit et défend la constitution. En octobre 2020, lorsque les velléités de débauchage des élus, à coût d’argent (corruption), ont commencé, j’avais réuni près de 400 élus du FCC (députés nationaux et sénateurs) ici à Kingakati pour leur donner deux instructions :

  1. La résistance face à la dictature qui s’installait
  2. La discipline car il faut résister dans le respect des lois du pays, des engagements politiques et de la hiérarchie de sa famille politique (le FCC).
    Fort malheureusement, beaucoup d’ élus du FCC se sont ignoblement vendus en se faisant achetés par l’argent et les palissades. Qu’ils sachent que ce n’est pas le FCC qu’ils ont trahi, mais leurs électeurs, la population congolaise, la République, leur dignité. Ils ont donc activement participé au coups d’état constitutionnel et institutionnel de décembre 2020, ils en sont comptables à part entière.

La crise politique, jusqu’à la rupture entre le FCC et CACH, était partie et s’était basée sur la violation de la Constitution et des lois
Qu’il soit désormais clairement entendu que la rupture de la coalition FCC – CACH est intervenue non pas parce qu’il y avait dispute des postes ministériels et des responsabilités, mais parce qu’il y avait nomination illégale et anticonstitutionnelle de deux juges à la cour constitutionnelle le 5 août 2020, nomination que le FCC avait rejeté parce que respectueux des lois de la République et de la Constitution.
Ces fameuses nominations fondamentalement illégales étaient intervenues à l’absence du Premier Ministre ILUNGA ILUNKAMBA alors que ce dernier était piégé malignement et subtilement par la Présidence en l’envoyant dans une prétendue mission à Lubumbashi. Curieusement, en son absence et violant intentionnellement la constitution, le Vice Premier Ministre de l’intérieur, sous ordre, apposera allègrement et illégalement un contreseing sur les ordonnances controversées des juges. Le PM Ilunkamba, l’apprenait à sa descente d’avion à Lubumbashi.

Le FCC maintient son non à la participation au processus électoral
Le FCC avait vigoureusement protesté et avait, de manière républicaine, demandé que cela soit refait en respectant la constitution. C’est malheureusement cet entêtement à vouloir torpiller la Constitution à tout prix auquel le FCC s’opposait, que certains ont qualifié de blocage. Qui donc, dans ces circonstances, avait choisi de bloquer le bon fonctionnement des institutions ?
La position du FCC par rapport aux élections n’a pas changé : le FCC n’accompagnera pas un processus électoral frauduleux et chaotique qui ne visent qu’à renforcer et à consolider la tyrannie désormais érigée en mode de gouvernance de la RDC. Ces élections, organisées dans ces circonstances vont imploser le pays et diviseront davantage les Congolais et la RDC.

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