Tête haute et droit dans ses droits, c’est le Salomon Idi Kalonda que les amis, proches et sympathisants ont retrouvé ce mardi 13 juin 2023 à la prison de Ndolo lors de sa toute première audience en pré-juridictionnelle devant le magistrat instructeur, le Colonel Willy Lukusa de l’auditorat près le Tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe. Deux semaines se sont écoulés ce mardi depuis que le Conseiller spécial de Moïse Katumbi a été soustrait à la liberté pour être placé » en détention aux renseignements militaires avant d’être transféré, samedi dernier, à la justice militaire. Celle-ci l’a placé sous mandat d’arrêt provisoire à la prison centrale de Makala, mais il s’est retrouvé à Ndolo après que son cortège carcéral eut changé d’itinéraire en pleine route.
Ce bref descriptif du parcours de ces douze derniers jours n’occulte pas les nombreuses irrégularités qui l’ont jonché et qui laissaient pendantes d’énormes interrogations sur l’état d’esprit de Salomon SK Della, celui-là même qui a eu vent du martyr subi par sa mère, l’octogénaire Bibi Aziza Ali, lors des tristement mémorables perquisitions de ses domiciles ainsi que ceux de son mentor Moïse Katumbi à Kinshasa, Lubumbashi et Kananga.
Ce mardi donc, L’instruction pré juridictionnelle devait déterminer si l’affaire est susceptible ou non d’être portée devant un juge par rapport aux préventions alléguées par les renseignements militaires : incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline, atteinte à la sûreté de l’Etat et détention illégale d’armes. Mais aussi collision avec l’ennemi (M23 et Rwanda pour «renverser le régime en place et le remplacer par un ressortissant katangais».
Au milieu d’un bataillon de dix avocats, Salomon SK Della s’est montré serein et pas du tout intimidé, ni par les préventions qui lui sont collées ni par les conditions qui entourent sa détention et participent au montage d’un dossier à sa charge.
Des sujets « périphériques » et des preuves inexistantes
Un de ses avocats a fait savoir que Kalonda était serein devant son interrogateur. « Il a répondu à l’ensemble des questions qui lui ont été posées, sans en éluder aucune », a confié cet avocat qui a évité de livrer les secrets de l’instruction à ce stade. Et de relever, néanmoins que « beaucoup de sujets périphériques ont été évoqués. Les fameuses preuves promises par le gouvernement, au mépris total de la séparation des pouvoirs, de secret de l‘instruction et du respect du droit de la défense, n’existent pas ». Avant d’avancer encore, dans les limites du secret de l’instruction pré-juridictionnelle : « La réalité, c’est que le dossier est totalement vide ».
Et l’avocat de constat encore, au terme de cette première audience : « D’un innocent, on cherche, pour des raisons politiques, à faire un coupable ». Mais l’avocat est formel : « Personne n’est dupe ».
Accroché à ses droits, Salomon Kalonda à l’offensive contre les irrégularités dans son affaire
A commencer par Salomon Kalonda lui-même qui, tout au long de cette première audition judiciaire, a dénoncé les irrégularités et les conditions de son arrestation qu’il a dit être un « kidnapping » sans mandat et opéré par des personnes n’ayant pas la qualité d’OPJ. Dénonciation également des conditions et de l’irrégularité de sa détention aux renseignements militaires où il n’a jamais été informé du motif de cette détention et où il a été privé d’accéder à ses avocats.
Très batailleur, Salomon Idi n’a pas manqué d’épingler les perquisitions effectuées à son docile et à ceux de ses proches parents dont sa propre mère qu’il a dit avoir été violentée et dont la maison a été saccagée tandis que certains biens ont été volés.
Le bras droit de Moïse Katumbi est également revenu sur le coffre ramené de son domicile de Lubumbashi et qu’il a exigé qu’il soit ouvert en sa présence et en présence de ses avocats. Son souci est d’éviter que des objets compromettants ou des fausses preuves y soient placés pour le charger.
La prochaine audition a été renvoyée sine die. En attendant, les observateurs, dont des diplomates à Kinshasa, finissent déjà de se convaincre que l’on assisterait là à une affaire politique liée au processus électoral duquel on chercherait à évincer Katumbi, jugé comme le challenger le plus sérieux à la prochaine présidentielle.
JDW