RDC/Violences sanglantes à la marche de l’opposition : La main évidente de l’UDPS

A la veille de la date initiale (13 mai 2023) de la marche de l’opposition à Kinshasa, un homme se réclamant membre des « Forces du progrès » de l’UDPS avait annoncé l’infiltration de cette manifestation pour y semer du grabuge. Dans une vidéo qui avait fait son buzz sur le net, la personne, à bord d’un véhicule, ciblait particulièrement la personne de Moïse Katumbi et promettait, citant nommément les « forces du progrès », une infiltration de cette marche pour l’en extirper afin de lui infliger des traitements qui lui ferait abandonner la politique.

Traitant le Président d’Ensemble pour la République d’étranger et d’affameur des congolais, et se demandant, en lingala, pourquoi Katumbi a quitté le Katanga pour venir à Kinshasa, l’homme en T-shirt rouge, la mine affichant visiblement une haine, annonçait explicitement une « alerte rouge des forces du progrès » avant de déclarer sans détour : « Nous allons infiltrer cette marche (et) ; on va t’exfiltrer de la marche, on va te lyncher et ça restera une histoire de ta vie. » Et de promettre encore : « Ce lynchage va te faire abandonner la politique ».

Relire notre article à ce sujet en cliquant sur ce lien : https://congoguardian.com/2023/05/12/cet-homme-annonce-un-lynchage-de-katumbi-par-ludps-ce-samedi-a-kinshasa/

Samedi lors de la marche de l’opposition, qui n’avait pratiquement pas commencé, Kinshasa a vécu des scènes de violence hors du commun, attestant ainsi de la présence, dans les rangs des manifestants, d’une troisième colonne ayant agi en lame de fond. Les images qui circulent témoignent, en effet, de cette violence sanglante dont le mode opératoire laisse convaincre qu’il s’agissait bel et bien d’une opération bien huilée avec un objectif précis de faire le plus de mal possible.

Le but, comme l’annonçait l’homme des « forces du progrès » était, avant tout, de marquer sérieusement les esprits dans les rangs de l’opposition afin de la dissuader de ce genre d‘initiatives à l’avenir. Il s’agissait, ensuite, de discréditer les organisateurs pour inhiber l’impact de cette violence à travers des responsabilités à partager.

Les manœuvres de l’UDPS pour couvrir son forfait, selon les criminologues

Pour ce faire, l’UDPS, parti dont se réclame cette milice des jeunes casseurs se réclamant de la ligue des jeunes du parti présidentiel, avait pris la précaution de se couvrir de prétexte afin de détourner l’attention de sa responsabilité. D’abord en organisant une marche le même jour dans le but de faire croire qu’elle ne pouvait pas, au même moment, être en opération dans les rangs d’une autre marche.

Cette couverture est d’autant plus plausible que la lettre d’information de la ligue des jeunes – dont font partie les « forces du progrès » – datait du 8 mai, correspondant à la date initiale de la marche de l’opposition le 13 mai. Après changement de cette dernière date, les jeunes de l’UDPS ne se sont pas tracassés à introduire une nouvelle lettre d’information, préférant réintroduire la même du 8 mai, mais réceptionnée le 15 mai, accusé de réception de l’Hôtel de ville faisant foi.

Autre élément de couverture, cette vidéo annonciatrice des casses préméditées des forces du progrès. Les criminologues assurent que ce procédé vise également à faire dédouaner le criminel en faisant croire qu’il ne pouvait pas annoncer son crime de manière aussi ostentatoire en sachant qu’il allait être recherché par la suite.

Dans tous les cas, assurent ces mêmes criminologues, le mode opératoire dans la violence de samedi dernier correspond de manière troublante aux procédés de cette milice politique qui n’en était pas à sa première besogne. En effet, nées à la faveur de la montée, au sein du PPRD, des « bérets rouges » constitués des sportifs et autres gros bras qui se livraient aux mêmes pratiques, « les forces du progrès » ont atteint leur apogée avec la prise du pouvoir par leur parti politique.

Les « forces du progrès » avaient déjà « tué » un député au Palais du peuple et lapidé la procession d’enrôlement de Salomon SK Della à Kindu

N’obéissant qu’à leur propre volonté sous l’encadrement des faucons du parti désormais présidentiel, cette clic des gros bras du parti présidentiel s’était aussi distinguée lors du triste épisode de l’invasion du Palais du peuple lorsqu’il fut décidé de renverser la majorité parlementaire issue des urnes en décembre 2018. La violence de l’époque aux portes du Palais du peuple, sous le regard encadreur de Jean Marc Kabund, Président a.i de l’UDPS qui venait d’être déchu du bureau de l’Assemblée nationale, avait conduit à la mort d’un député national. N’ayant pas supporté les bousculades à l’entrée du Palais du peuple sous la pression de ces jeunes de l’UDPS, l’infortuné avait piqué une crise cardiaque avant d’aller rendre l’âme à l’hôpital du Cinquantenaire.

Le mode opératoire observé samedi dernier à Kinshasa correspond presque parfaitement à celui de l’attaque de la procession de Salomon Idi Kalonda (SK Della), bras droit de Moïse Katumbi, lors de son enrôlement à Kindu. Sa procession avait, en effet, été prise d’assaut par des personnes clairement connus à Kindu comme appartenant à l’UDPS. Comme à Kinshasa, ces jeunes avaient causé d’énormes blessures dans les rangs des militants du parti katumbiste qui accompagnait SK Della.

Et là encore, le discours était le même : pas question de la présence de Katumbi ni des insignes de son parti.

Ce samedi 20 mai, cette milice a donc été à l’œuvre en mode beaucoup plus organisée mais avec une discrétion relâchée, certainement à cause des précautions évoquée ci-haut. Des images témoignent, en effet, de la présence, dans la rue, de jeunes vêtus de tenues militaires et autres vêtements kaki portant des mentions des « forces progressistes » et de l’UDPS. Munis de machettes, ces jeunes, qui reçoivent des consignes d’un responsable invisible à bord d’une SUV, finiront donc par se déployer dan la marche de l’opposition où l’on comptera de nombreux blessés à l’arme blanche.

Dangereuse montée en puissance de milices proches du pouvoir

Se réclamant comme un « Mouvement au sein de l’Udps-parti présidentiel » sur son compte facebook et s’identifiant également sous l’appellation de « l’oeil du Congo/UDPS », les « forces du progrès » méritent un intérêt tout à fait objectif des services compétents avant qu’il ne soit trop tard. Même si cela relèverait d’une gageure dans le chef du ministère de l’Intérieur sous contrôle de la même UDPS depuis cinq années, les évidences confortent les consciences sur la nécessité de mettre rapidement fin à cette forme de violence délibérément organisée.

Depuis cinq années, en effet, l’on assiste à l’émergence de ce genre d’organisations violentes, à l’instar de cette milice armée qui était en formation dans une parcelle à Kingabwa. Présenté comme ayant été à cette initiative, le responsable – qui faisait partie de la Maison Civile du chef de l’Etat – avait été mis en arrestation, mais plus aucune suite ne sera réservée à ce dossier.

JDW

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