RDC 2023 : Une « troisième voie » pour des élections apaisées

En République démocratique du Congo, la société est aujourd’hui dans une phase de nucléarisation avancée au profit des coteries politico-tribales qui finissent de dissoudre ce qui peut encore rester d’une nation. Une société qui ne dialectique pas est, en effet, en perdition. Et ce ne sont pas les invectives auxquelles se livrent les politiciens et les journalistes politisés à travers les médias qui peuvent être considérées comme une dialectique ou un simple dialogue de société.

La psychose d’une déflagration qui est perceptible au sein de la population est symptomatique de cette société atrophiée, dont les composantes vivent éloignées les uns des autres au profit d’intérêts tribalo-partisans. Congo Guardian s’y est largement attardé dans l’une de nos dernières publications.

Il devient donc urgent que le pays connaisse un déclic pour désamorcer toutes ces bombes. A commencer par le volet politique qui nécessite un apaisement des esprits aux fins d’un processus électoral apaisé. Il s’agit de trouver un moyen de satisfaire, d’une manière ou d’une autre, les attentes des sceptiques, de quelque bord qu’ils soient, en établissant des passerelles de communication réelle et dépouillés de toute forme de calculs politiciens égoïstes.

Troisième voie pour impliquer toutes les parties prenantes

Concrètement, l’initiative revient au chef de l’Etat qui est appelé, en sa qualité de garant de la Nation, à organiser un dialogue ouvert qui déboucherait sur ce que l’on peut appeler une « troisième voie électorale ». En effet, l’environnement politique est actuellement polarisé entre un camp politique au pouvoir qui soutient le processus électoral actuel et un autre qui s’y oppose.

Pire encore, ce deuxième camp, plus précisément celui du FCC, subordonne sa participation aux élections à des ajustements sur le bureau de la CENI, la Cour constitutionnelle et la loi électorale. Face à cette situation, et suivant sa détermination à offrir aux Congolais des élections transparentes, apaisées et inclusives, Félix Tshisekedi est attendu pour aider à concilier les vues et ramener tout le monde dans le processus. Autrement, il pourrait être accusé de vouloir profiter de cette situation après avoir fermé les yeux sur ce qu’une partie de ses compatriotes considéraient et continuent de considérer comme la mise en place d’un processus électoral taillé sur mesure.

Aujourd’hui il est pratiquement clair que rencontrer pleinement les attentes du FCC serait utopique, à moins de décider d’un glissement du calendrier électoral. De l’autre côté, il est presque certain qu’après avoir franchi le rubicond en annonçant son retrait, le FCC ne reculerait pas, quitte à être de nouveau émietté – comme l’Udps en 2006 – avec le départ de ceux qui voudront participer aux élections.

Entre ces deux positions s’offre une opportunité pouvant concilier les vues, à savoir la mise en place de ce que l’on pourrait appeler un observatoire consensuelle du processus électoral (OCPE). Loin de se substituer à l’actuel CENI ni au cadre de concertation mis sur pied par cette dernière avec les différentes parties prenantes au processus électoral, une telle structure se présenterait comme une fenêtre sur la cuisine interne de la CENI. Il s’agirait, plus précisément, d’une structure regroupant toutes les forces politiques et sociales doutant de la transparence, l’inclusivité et l’objectivité du travail de la CENI pour leur permettre d’avoir un regard sur tout ce qui se fait à tous les niveaux et en temps réel pour pouvoir réagir et exiger des ajustements éventuels. Ce travail de suivi concernerait toutes les étapes du processus et la structure aurait aussi la possibilité de faire un audit du fichier électoral qui pourra certainement être disponible avant sa mise sur pied. Cette structure aura aussi un regard rapproché sur les opérations de vote proprement dites. Elle jouerait son rôle jusqu’à la publication des résultats, d’abord par la CENI, ensuite par la Cour constitutionnelle où elle délèguerait ses juristes pour assister aux délibérations sur les différents contentieux.

Cet organe pourrait fonctionner sur une ligne budgétaire du Gouvernement en remplacement de celle du Comité de suivi de la mise en œuvre des accords du centre interdiocésain, structure animée actuellement par Olenghankoyi mais reconnu unanimement comme désormais inutile.

JDW

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *