Tel un diable dans un bénitier, Augustin Kabuya active tous les artifices pour desserrer l’étau qui, tel le boa constrictor, l’asphyxie inexorablement. Après avoir laissé croire en un soutien à sa cause de « tous les organes du parti », et après avoir tenté d’attirer la sympathie de la Première dame dont elle se plaint dans un bref élément sonore qui a fait son buzz dans les réseaux sociaux, voici que le « tout puissant » SG du parti présidentiel évoque la « hiérarchie » pour tenter de mettre ses pourfendeurs au pas.
Nouveau coup désespéré : dribbler les statuts une fois de plus
Dans une déclaration publiée ce jeudi, en effet, Augustin Kabuya use du trafic d’influence en appelant au calme et au respect des textes sur instruction de la hiérarchie. Faisant ainsi allusion à Félix Tshisekedi, autorité morale du parti qui ne s’est encore jamais exprimé depuis l’éclatement de la crise, Kabuya ne s’arrête pas là.

Toujours sous prétexte des textes du parti, il brandit cette fois-ci une résolution du congrès extraordinaire de l’Udps tenu en août 2023 pour s’affubler du titre de Président intérimaire.
Le coup est clair dans cette démarche : supplanter l’unique autorité statutaire actuelle du parti qu’est le triumvirat composé du Président de la Convention démocratique du parti, du secrétaire général du parti et du Président de la Commission électorale du parti. L’article 26 des statuts qui institue ce triumvirat prévoit que les décisions soient prises par consensus.
La pirouette d’Augustin Kabuya vise donc à contourner, une fois de plus, les textes. Mais une fois de plus également, c’est l’illégalité qu’embrasse Kabuya avec ces fonctions de Président a.i non prévues au statuts du parti que le congrès extraordinaire de 2023 qu’il évoque n’avait pas modifié à cette fin.
Kabuya avait déjà été rabroué sur le même titre de Président a.i
Comme le crocodile qui va s’abriter de la pluie en plongeant dans la rivière, le SG honni du parti présidentiel s’affuble d’un titre qui avait déjà été frappé d’illégalité et rejeté par le ministère de l’intérieur en 2019 lorsque Tshisekedi l’avait attribué à Jean Marc Kabund. C’est le Secrétaire général adjoint à l’Intérieur, en charge des partis et Regroupements politiques, qui l’avait fait remarquer au même Kabuya lorsqu’il était allé solliciter l’entérinement du « mandat spécial » signé par Félix Tshisekedi en faveur de Jean Marc Kabund.
En effet, saisi par Augustin Kabuya au mois de mai 2019 pour légaliser ce mandat, Boniface Okende Bonge – c’est de lui qu’il s’agit – va y opposer une fin de non recevoir, et cela malgré les protestations du SG (illégal) contre la demande du respect des textes du parti qui prévoient un triumvirat en cas d’indisponibilité du Président du parti.
Selon le principe juridique « fraus omnia corrumpit » (la fraude corrompt tout), lui-même tombait sous le coup de l’illégalité parce que nommé par quelqu’un qui n’en avait pas qualité.
Qu’à cela ne tienne, dans sa réaction aux plaintes de Kabuya, le SGA Okende, droit dans ses bottes, se dit même « surpris » de cette pièce en annexe de sa lettre qui n’est qu’une « photocopie » « du mandat spécial » signé par Félix Tshisekedi.
Sans détour donc, il déclare l’illégalité de ce document qui, du reste, n’a pas été déclaré au ministère dans les délais légaux prévus par les textes de l’administration des partis et regroupements politiques.
« Je suis surpris de trouver en annexe de votre lettre, la photocopie du mandat spécial donné à l’honorable Jean Marc Kabund a Kabund aux fins d’assurer l’intérim du président de l’UDPS/TSHISEKEDI », décoche l’intrépide SGA Okende qui fait ensuite observer : « Ce mandat spécial a été signé depuis le 22 et notarié le 25 janvier 2019 sans qu’il ne soit déclaré au ministère de l’intérieur, sécurité et affaires coutumières comme l’exigent les dispositions de l’article 17 de la loi n° 04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des parti politique qui stipule : « le parti politique fonctionne conformément aux dispositions de la présente loi, de ses statuts et de son règlement intérieur. Il est administré et dirigé par ses organes statutaires».
Et la leçon du droit et de la procédure administrative se poursuit : « Tout changement dans la direction ou l’administration du parti et toute modification de ses statuts doivent, dans le mois qui suit, faire l’objet de déclaration au ministère de l’intérieur. Le ministre ayant les affaires intérieures dans ses attributions rejette toute modification non conforme aux dispositions de la présente loi. Les dispositions statutaires modifiées sont publiées au journal officiel ».
L’autorité morale toujours assourdissante dans son silence, les adieux à Kabuya déjà en cours
Ce ne fut jamais le cas jusqu’à ce jour malgré les gesticulations suivantes du Secrétaire général du parti désormais présidentiel.
Une fois de plus donc, Augustin Kabuya, par cet instinct d’illégalité devenu finalement atavique dans ce parti, tente de se faufiler sous les radars de la loi, des règlements et des statuts du parti auxquels il essaie désespérément d’opposer une décision contraire aux dispositions des mêmes statuts. Entre-temps, l’autorité morale est encore emmuré dans un silence assourdissant pendant que, dans certains salons anti Kabuya, on sable déjà le champagne pour célébrer son départ que l’on dit inexorable.
Jonas Eugène Kota