Crise RDC-Rwanda : Emmanuel Macron en posture de double jeu au profit de Kigali

Sous l’impulsion de l’Elysée, la DRM et la DGSE entreprennent des contacts avec les services correspondants du Rwanda, notamment pour renforcer leurs capacités en matière de renseignement en cette période suspecte où l’engagement du Rwanda dans la déstabilisation de la RDC est avérée. Une démarche bien connue du Président Macron mais que n’approuvent pas certains super flics et hauts officiers français. Quid de la position de Kinshasa ?

Quel crédit la République démocratique du Congo accorderait-il à une facilitation qui, dans le fond, jouerait sur plusieurs de ses propres intérêts dans la crise qui oppose Kinshasa à Kigali ? La question mérite bien d’être posée après ces révélations de notre confrère française d’investigations en ligne « Africa Intelligent sur la coopération en matière des renseignements qui se développe et s’accélère (curieusement) en cette période « suspecte » entre Paris et Kigali.

En effet, coachée à partir de l’Elysée par le Président Emmanuel Macron en personne, selon le confrère, La Direction du Renseignement Militaire (DRM), par son patron en personne, Jacques Langlade de Montgros, doit avoir, « très prochainement à Kigali », des entretiens avec les autorités rwandaises correspondantes, « dans l’objectif de resserrer les rangs entre les renseignements militaires français et rwandais ». Dans ce cadre, on annonce qu’une « poignée d’officiers rwandais pourraient suivre un cursus de formation sur le site de la base aérienne 110 de la DRM à Creil, dans l‘Oise ».

En tous cas les choses devraient aller pour le mieux et plus vite avec l’implication du patron de la DRM qui, alors jeune officier des commandos parachutistes, avaient été déployé au Rwanda dans les années 90. Une période particulièrement trouble pour le Rwanda et sur laquelle le régime de Kigali a toujours fait porter à la France la responsabilité de tout ce qui était arrivé au Rwanda après l’abattage de l’avion de l’ancien Président Habyarimana.

Le renseignement sur la sécurité extérieure également concerné

Même si le confrère parle d’un long processus en action depuis 2021, ce « volet le plus discret opéré par Paris et Kigali » concerne également la sécurité extérieure. Bernard Emié, patron de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) – la fameuse « piscine » – a, toujours ‘’sous l’impulsion directe du Président français Emmanuel Macron’’, « entretenu des contacts réguliers avec le chef de la National intelligence and security services (NISS) rwandais, le Général Joseph Nzabamwita ».

C’est pendant cette période de contacts « bilatéral » que pais a organisé, au mois de septembre, plusieurs rounds de négociations entre les services de renseignement rwandais, ougandais et congolais au sujet de la crise opposant Kinshasa et Kigali sur la situation à l’est de la RDC.

Des flics et des officiers français pas d’accord avec les initiatives de Macron

Cependant, cette initiative de Paris d’établir, resserrer ou renforcer sa coopération en renseignement avec Kigali n’est pas bien vue au sein même des « services » français et même de l’armée tricolore. On parle de « réelles crispations au sein des services de renseignement tricolores (DRM comme DGSE), ainsi que certains officiers de l’armée, où l’on s’inquiète de l’activisme rwandais sur le continent. Un sentiment encore partagé au sein du secteur ‘N’ chargé de l’Afrique à la DGSE ».

Pour les observateurs, cette démarche de la France traduit son double jeu en ce que ce pays va former des agents de renseignement d’un pays, le Rwanda, dont l’implication dans la déstabilisation sécuritaire de la RDC est aujourd’hui largement démontrée. Les derniers débats à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité – justement sous la présidence tournante de la France – l’ont également démontré.

Il restera, cependant, de savoir comment Kinshasa, qui est engagée dans la facilitation française, va se déterminer après la découverte de cette nouvelle dimension du rôle de Paris dans une période aussi suspecte.

Jonas Eugène Kota

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *