UDPS/USN : Avis de partage de bilan

La République démocratique du Congo est certainement le seul pays au monde dont le pouvoir en place exige de partager son bilan avec des tiers en perspective des élections. La semaine qui se termine aura été témoin de ce paradoxe qui a mis aux prises les sociétaires d’un même groupe politique, l’Union sacrée de la Nation, où – comble de paradoxe – ils se vouent une inimitié cordiale.

Soit on meurt ensemble, soit on se sauve ensemble, clame -t-on du côté de Limete où l’on veut retenir des partenaires/adversaires par les bretelles. Pour avoir esquissé, par la voix de son porte-parole Olivier Kamitatu- un tableau peu reluisant de la situation sociopolitique, économique et sécuritaire du pays, Moïse Katumbi et son Ensemble sont voués aux gémonies par l’Udps et alliés qui ne comprennent pas comment et pourquoi un allié du pouvoir qui, de surcroît, participe à la gestion du pays au niveau du gouvernement central, peut critiquer ce gouvernement et écorcher le chef de l’État.

Outré, Augustin Kabuya, SG de l’Udps, a carrément sommé ce partenaire de se ranger dans les rangs de la solidarité ou de quitter l’Union sacrée de la Nation. Réponse du berger à la bergère, Bolengetenge, son homologue côté Ensemble, va laisser entendre qu’au sein de ce groupe, il n’est pas question d’engagement moutonnier.

Au milieu et du côté de l’opinion, on continue de se demander de quoi retourne cet engeance (plate-forme dite révolutionnaire, de gouvernement ou électorale ?) informe, sans idéologie ni vision clairement définie, sans structures ni textes organisationnels, sans siège ni animateurs connus ; mais qui revendique détenir le pouvoir en regardant chacun aux quatre coins du vent. Les uns se comportent comme les patrons des autres, tandis que les autres affichent un indépendantisme aux relents prédateurs.

On en finit de se convaincre que ce groupe est un conglomérat d’opportunistes sans sincérité mutuelle et qui n’ont jamais convergé un seul instant sur une cause commune autre que celle de défenestrer la majorité kabiliste, mais sans se dire préalablement ce qu’on allait devoir en faire ni comment. C’est pourquoi on voit l’Udps, qui est pourtant le groupe politique le plus faible en nombre de députés, imposer sa loi sur le reste du groupe jusqu’à rejeter toute possibilité de contradiction interne, déniant ainsi toute forme de démocratie. Le parti politique du chef de l’Etat s’enferme ainsi dans un déni de démocratie en refusant toute possibilité de divergence au sein d’un même groupe comme on le vit dans d’autres démocraties en France, en Belgique ou en Israel où la majorité peut se disloquer, entrainant la dissolution du parlement et l’organisation de nouvelles élections au cours d’une même législature pour dégager une nouvelle majorité.

En face, le bloc katumbiste se meut dans son élément de prédilection : quitter le navire comme les rats quand on sent qu’il prend eau ou simple pour rejoindre en solitaire l’autre rive dans le but de rappliquer seul au pouvoir s’il échet. Il en fut ainsi en 2010 avec le CLP (Centre libéral progressiste) qui avait tenté, en vain, de se poser en courant au sein de l’AMP  (Alliance de la majorité présidentielle) de l’époque, déjà sous la houlette du même Katumbi. Le même groupe récidiva en 2015 sous le prétexte d’un troisième penalty.

Dans ces deux cas comme aujourd’hui, cette tendance au lâchage stratégique s’opère toujours en fin de mandat dans le but sans équivoque de se positionner, au besoin et autant que possible, en évitant de d’embarrasser du boulet du bilan d’une cogestion.

Un peu comme un garnement qui vole le lait à la cuisine et se pourlèche soigneusement avant de rejoindre les autres gamins dans la cour comme s’il n’a rien fait.

De part et d’autre, cependant, tout le monde fait fi du peuple et croit qu’il est dupe. Certainement parce que les uns sont assurés de maîtriser la machine électorale pour 2023 et que les autres, comme depuis 2006, sont assurés de rebondir dans les arcanes du pouvoir, quels que soient les résultats…

Jonas Eugène Kota

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