Justice : Kamerhe acquitté, le tombeau est vide et la croix aussi…

Plié, bouclé ! Le procès dit des 100 jours appartient désormais au passé. Hier jeudi 23 juin, la Cour d’appel de Kinshasa Gombe a acquitté Vital Kamerhe, prévenu phare et son coaccusé Samih Jammal, et les a renvoyés de fin de toute poursuite.

La formule juridique est ainsi implacable. Ce n’est pas Kamerhe et les siens qui vont en bouder le plaisir, car l’homme vient de loin et peut se reposer d’un long suspens qui avait mis sa vie entre parenthèses. Déjà que ce verdit a traîné à être rendu en raison de multiples reports qui avaient fini par asseoir la suspicion sur le caractère politique de cette affaire depuis son tout début.

Vital Kamerhe vient donc de loin, lui qui avait écopé de 20 ans de prison après avoir été reconnu coupable, en association de malfaiteurs, de détournement de 57 millions Usd (d’autres parlent de 65 millions) destinés à l’acquisition de maisons préfabriquées. Au premier appel, la peine sera réduite à 13 ans avant que la Cour de cassation, saisie en appel extraordinaire, ne renvoie l’affaire à l’appel où une nouvelle composition va donc acquitter purement et simplement les accusés pour cause d’insuffisance de preuves.

Les Congolais, qui ont suivi le spectacle de cette saga judiciaire demeurent pantois depuis le prononcé de ce jugement. Des questions sans réponse les turlupinent. Comme celle de savoir, d’abord, de quoi était mort le tout premier juge président de la toute première composition. Même l’autopsie effectuée sur son corps n’a jamais élucidé les circonstances et la cause de son décès. Le juge Raphaël Yanyi Ovungu a ainsi laissé une famille qui, aujourd’hui, est déguerpie pour défaut de paiement de loyer.

L’autre question est celle de savoir ce que devient ou ce qui reste de l’argent du contribuable. Récupéré ? Volatilisé ? Parti par pertes et profits ? Des questions qui renvoient à d’autres sommes faramineuses volatilisées dans le même cadre du programme accéléré des 100 premiers jours du chef de l’Etat.

Des sauts-de-mouton à construire, des routes et des ponts à construire et/ou réhabiliter, des hôpitaux à construire et/ou réhabiliter, etc.

Officiellement, c’est au moins Usd 400 millions pompés dans les réserves de change dont les congolais ne connaîtront peut-être jamais la destination. Des gens furent arrêtés, interrogés puis remis en liberté provisoire dans l’affaire des sauts-de-mouton. Le provisoire deviendra définitif et même ceux qui étaient interdits de quitter le territoire national se sont envolés pour d’autres cieux.

Idem pour l’affaire des routes de Goma dont les intervenants furent condamnés avant d’être graciés spectaculairement par le chef de l’Etat, seulement quelques mois après l’entame de leur peine. Benjamin Wenga, Fulgence Bamaros et leurs coaccusés devaient purger une peine de 3 ans de servitude pénale.

De son côté, John Ntumba, qui devait justifier 30 millions Usd destinés à la construction/réhabilitation des routes à Kananga n’a presque jamais été inquiété. Ministre au sein du Gouvernement Ilunkamba, il reprendra son siège à l’Assemblée nationale après s’être soumis à une brève audition au parquet.

Bref, le tombeau est vide, la croix aussi. Les prisons ont été vidées (ou esquivées pour certains) et le trésor public a saigné. La justice a dit sa vérité en rendant son verdict, mais personne ne saura si le droit a été dit. Cette histoire qui se termine restera dans la mémoire des congolais comme une série télé dont ils gardent les noms des acteurs vedettes. Comme ces avocats érudits Coco Kayudi et Dieudonné Kaluba avec son concept de vol intellectuel. Egalement comme Samih Jamal, monsieur « Ounnocent »; ou encore le très liquide Daniel dit Masaro. Et même des conseillers à la présidence de la République dont un pondeur de 50 notes, etc. Et puis c’est tout…

Jonas Eugène Kota

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