RDC : le Qatar lâche (temporairement) la médiation avec le M23-Gouvernement au profit de Gaza

C’est un véritable séisme dans les coulisses de la diplomatie régionale. Le Qatar, jusque-là pilier discret mais déterminant du dialogue entre Kinshasa et la rébellion du M23, vient d’annoncer la suspension de sa médiation. Une décision fracassante révélée ce mardi 7 octobre à Doha par le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed Al Ansari, lors d’une conférence de presse qui a fait l’effet d’une bombe dans les chancelleries africaines.

Doha met sur pause la table des négociations

« Il n’y aura pas de Doha 6 cette semaine », a tranché sans détour M. Al Ansari, confirmant ainsi l’interruption du sixième round des pourparlers entre le gouvernement congolais et le M23. Le diplomate a justifié cette suspension par la nécessité pour le Qatar de réorienter ses efforts diplomatiques vers la crise au Moyen-Orient, où la guerre à Gaza s’intensifie.

En clair, la diplomatie qatarie change de front. Déjà omniprésent dans les tractations entre Israël et le Hamas, l’émirat concentre désormais ses canaux d’influence sur ce dossier explosif, reléguant – au moins temporairement – la crise congolaise au second plan.

Un coup dur pour Kinshasa et un processus de paix fragilisé

Cette décision intervient alors que les espoirs d’un apaisement à l’Est de la RDC reposaient en grande partie sur le canal qatari, perçu comme l’un des rares espaces de dialogue où les deux camps avaient accepté de se retrouver. La “pause de Doha” risque donc de geler un processus déjà fragile, voire de replonger les négociations dans l’incertitude totale.

Du côté de Kinshasa, aucune réaction officielle n’a encore été enregistrée. Mais en coulisse, les diplomates congolais redoutent que cette suspension ne profite au M23 et à ses soutiens régionaux, au moment où les affrontements se multiplient dans le Nord-Kivu.

En se retirant temporairement du dossier congolais, le Qatar ne se désengage pas, il priorise. Acteur majeur de la médiation internationale, Doha jongle entre plusieurs crises simultanées — de Gaza à Kaboul, en passant par le Sahel. Sa réputation d’intermédiaire crédible reste intacte, mais la décision de suspendre les pourparlers congolais souligne la tension extrême qui pèse actuellement sur ses canaux diplomatiques.

Une question ouverte pour Kinshasa : qui prendra le relais ?

Cette suspension rebat les cartes. Sans la médiation de Doha, le processus pourrait s’enliser durablement. Faut-il alors confier le flambeau à un autre pays, à l’Union africaine, ou même à l’ONU ? La RDC se retrouve face à un vide diplomatique à un moment critique de sa quête de paix.Une chose est sûre : le silence de Doha résonne fort à Kinshasa. Et pendant que le Qatar tourne ses yeux vers Gaza, l’Est du Congo continue, lui, de brûler.

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