Le gouvernement de la République Démocratique du Congo a engagé, ce mercredi, une réflexion de fond destinée à réviser le cadre réglementaire du petit commerce et du commerce de détail. Sous l’égide du Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, cet atelier intervient à un moment charnière, à quelques semaines seulement de l’expiration, le 15 novembre 2025, d’un moratoire accordé à certains commerçants étrangers.
Une échéance imminente et une transition sensible
Lancés dans la salle bleue de l’Hôtel du Gouvernement, ces travaux visent à combler un vide juridique imminent et à apaiser les tensions récurrentes autour d’une question épineuse : l’exclusivité de l’exercice du petit commerce par les nationaux, un principe légal bafoue dans les faits. « Ce moratoire a été instauré pour assurer une transition progressive et encadrée. Il arrive à son terme, ce qui appelle une action concertée, réfléchie et responsable », a déclaré Mukoko Samba, soulignant la nécessité de « garantir une régulation claire, équilibrée et conforme à l’intérêt national ».
L’enjeu est de taille. Il s’agit de concilier la protection d’un secteur vital pour l’emploi et la survie de millions de Congolais avec la préservation d’un climat des affaires attractif et du pouvoir d’achat des populations, souvent tributaire d’une offre commerciale diversifiée. « C’est cet équilibre qu’il faut réaliser », a reconnu le Vice-Premier Ministre.
Quatre chantiers réglementaires au cœur des débats
Pour y parvenir, les experts et représentants des parties prenantes planchent jusqu’au 14 octobre autour de quatre textes majeurs, répartis en sous-commissions :
1. La révision du décret sur les mesures conservatoires : Il s’agit de définir le régime transitoire post-moratoire et les conditions de sortie de crise.
2. La définition du commerce de détail à forte intensité de capital : Cet arrêté est attendu pour clarifier les niches spécifiquement ouvertes aux investisseurs étrangers, dessinant ainsi les limites de l’exclusivité nationale.
3. La fixation des marges bénéficiaires et des quantités autorisées : Un levier crucial pour réguler la concurrence entre grossistes, demi-grossistes et détaillants, et protéger les petits acteurs.
4. La proposition de mécanismes de suivi et de contrôle : Sans application effective sur le terrain, toute nouvelle règle restera lettre morte.
La création d’un dispositif opérationnel est donc fondamentale.
Souveraineté économique et intérêts nationaux
Le gouvernement place la barre haut. Les conclusions de cet atelier doivent aboutir à des textes « cohérents, consensuels et adaptés aux réalités actuelles », a insisté Daniel Mukoko Samba. Il a exhorté les participants à la rigueur et au patriotisme, indiquant que leurs contributions seraient essentielles pour « consolider la souveraineté économique de la République et protéger les intérêts légitimes de nos concitoyens ».
L’atelier de révision du cadre réglementaire sur l’exercice du petit commerce rassemble un panel large d’acteurs, incluant des experts du ministère de l’Économie, ainsi que des représentants des ministères de l’Intérieur, de la Justice, de l’Industrie, et des organisations professionnelles comme la COPEMECO et le Syndicat des vendeurs et commerçants du Congo. Cette composition reflète la volonté d’une approche inclusive pour trouver une solution durable à un problème vieux de plusieurs décennies.
La sortie de cet atelier sera scrutée de très près, tant par les petits commerçants congolais que par les investisseurs étrangers. Elle déterminera si la RDC parvient enfin à écrire une page apaisée et équitable de sa vie économique, en traduisant dans les faits le principe d’exclusivité sans étouffer le dynamisme commercial.
JDW

