Les explications données à la Cellule Nationale de Renseignements Fiscaux (CENAREF) sur le présumé détournement des fonds destinés à la construction d’une prison à Kisangani n’ont, manifestement, pas satisfait la justice qui a décidé d’en savoir le fin mot. Et Firmin Mvonde, le même et lui-même, se leva.
Le célèbre Procureur général près la Cour de cassation a donc décidé d’ouvrir la chasse contre son Ministre de tutelle, Constant Mutamba lui-même. Mvonde a, en effet, introduit à l’Assemblée nationale un réquisitoire tendant à obtenir l’autorisation en vue d’ouvrir une information judiciaire sur le tout aussi médiatique Ministre d’Etat en charge de la justice et garde des sceaux.
Ironie du sort, c’est celui-ci qui a pris l’habitude de donner injonction, au moins une fois chaque semaine, à celui-là d’ouvrir des dossiers sur tout ce qui bouge. La dernière plus emblématique injonction étant celle liée à l’ouverture des poursuites contre Joseph Kabila, Sénateur à vie et ancien Président de la République.
A l’Assemblée nationale, le réquisitoire de Mvonde est pris très au sérieux ; et ce mercredi, le Speaker Vital Kamerhe a obtenu de la plénière, conformément à la Constitution et au Règlement intérieur, la mise sur pied d’une commission chargée d’examiner ce réquisitoire. Une annonce qui a été applaudie dans la salle.
Comme le veut la procédure, la Commission ad hoc aura à écouter l’auteur du réquisitoire et Constant Mutamba avant de faire rapport à la plénière qui statuera.
En attendant, c’est un tournant particulier que prend cette affaire alors que Mvonde ouvre la chasse contre le Ministre de la Justice, juste quelques encablures après les états généraux de la justice organisée par ce dernier qui, en plus, se trouve aux avant-postes sur les soupçons de détournements des deniers publics… en plus de la traque de politiciens, spécialement ceux du cru évoluant dans l’opposition, ainsi que quelques journalistes assimilés aux opposants où aux rebelles.
Ironie du sort encore, c’est sur les fonds FRIVAO, destinés à l’indemnisation des victimes de la guerre de six jours entre rwandais et ougandais à Kisangani, que Mvonde fonderait ses soupçons contre Constant Mutamba qui avait justement ouvert son mandat à la justice sur ce dossier. On rappelle qu’en son temps, Mutamba avait fait traîner sa remise et reprise avec sa successeur Rose Mutombo pour voir clair dans ce dossier.
En séjour de travail à Kisangani en juillet 2024, Mutamba avait même fait arrêter des responsables de la justice locale. Mais l’affaire est demeurée sans suite jusqu’à ce jour.
Si le traqueur devient traqué, il est difficile de dire que l’’arroseur est arrosé. La question est, en effet, de savoir jusqu’où ira Firmin Mvonde dont la plupart d’affaires n’auront été que des spectacles médiatiques avant de s’évanouir dans la nuit des oubliettes. En piste dans la présumée affaire de corruption des députés provinciaux pour l’élection du Gouverneur de la ville de Kinshasa, Mvonde n’a plus jamais donné suite après le spectacle médiatique ayant entouré le scandale.
On ne revient pas sur la rocambolesque affaire du « suicide » de feu Chérubin Okende qui fut retrouvé mort dans son véhicule après s’être criblé de balles, selon les conclusions de Mvonde qui tient encore en joue quiconque, la presse y compris, aurait l’audace de renacler sur ce dossier classé sans suite depuis.
Bref, un peu comme les propos de cette ambassadrice américaine qui, au plus fort de l’époque de la Conférence nationale souveraine, sentait beaucoup de chaleur sans voir aucune flamme…
Wait and see…
JEK