Ni à Kinshasa ni au Cameroun, aucune structures officielle de l’Etat ne connaît ni n’a enregistré une entreprise du nom de « Stever Construct Cameroun SARL » attributaire du sulfureux marché de forages d’eau en or. Même « Stever Construct » tout court, qui apparaît juste dans les réseaux mais avec deux logos distincts avec une adresse et un numéro de téléphone sonnant « inexistant », ne justifie d’aucune existence légale. Conclusion cinglante : l’Etat congolais a fait affaire avec une entreprise fantomatique qui tape au Trésor plusieurs centaines de millions de dollars dans un sulfureux marché surfacturé… ENQUETE de Congo Guardian.
Chaque jour qui passe en rajoute aux témoignages sur l’arnaque des forages en or qui coûtent autour de 300 mille Usd, la pièce, au Trésor public. Puisqu’il s’agit d’en aménager 1.000 à travers la République, c’est un peu plus de 300 millions de dollars dont l’Etat doit être soulagé au profit de l’attributaire du marché qui n’est autre que le consortium porté par Stever Construct Cameroun Sarl du citoyen congolais Mike Steve Kasenga.
Le tollé sur cette affaire est parti d’un contrôle de l’Inspection général des Finances (IGF) qui avait tiqué sur la hauteur des coûts de ces forages d’eau potable, sans compter le calibrage même du projet qui dégage des curiosités dignes d’attention.
La justice s’est saisie finalement de l’affaire par le Procureur Général près la Cour de cassation qui a interdit toute sortie du pays aussi bien au Ministre des finances, Nicolas Kazadi, que de son collègue du développement rural ainsi qu’à l’attributaire du marché. Avant, bien entendu, que le Conseil d’Etat e s’interpose pour redonner aux concernés leur entière liberté d’aller et venir.
Si, jusque-là, les regards se sont focalisés sur la nature, le contenu et le format du projet, personne n’avait encore songé à regarder sur les fondamentaux pour savoir si l’entreprise attributaire d’un aussi important marché, en terme du montant à consentir, avait – ou a – qualité pour ce faire. Il s’agissait là d’un préalable, d’ailleurs, étant donné le passé du principal concerné, Mike Kasenga, avec l’Etat congolais dans des affaires des marchés publics.
Sterver Construct Cameroun Sarl inconnu au Cameroun
Qui est donc Sterver Construct Cameroun Sarl ? La question a amené Congo Guardian à effectuer une battue pour identifier réellement cet entreprenneur si chanceux qui déclenche des marchés aussi juteux comme par une baguette magique. Pour en savoir le fin mot, nos limiers se sont d’abord laissé guider par la dénomination même qui les a conduits d’abord au Cameroun censés être le pays d’identification de l’entreprise.
Des contacts menés avec le concours de nos confrères camerounais ont abouti à une conclusion sans appel : « Sterver Construct Cameroun Sarl » n’a aucune existence au pays de Paul Biya.
Pour le démontrer, les confrères camerounais sont partis de la dénomination même de l’entreprise qui renferme deux langues, l’anglais et le français. Le Cameroun est un pays à la fois francophone et anglophone, mais il n’existe pas de mélange du genre en matière d’identification.
En effet, si « Sterver » et « Construct » sont des dénominations anglaises, « Cameroun » par contre est une dénomination française, autant que le « SARL » qui et une déclinaison francophone de la forme de l’entreprise. L’usage de ces deux langues pour une dénomination n’existe donc pas au Cameroun, et il est impossible qu’une telle entreprise ait pu être enregistrée sous cette forme-là.
Ensuite l’existence même de l’entreprise. « Sterver Construct Cameroun Sarl » n’est apparue nulle part, aussi bien dans le répertoire général des entreprises au Cameroun que dans celui de la profession des firmes des travaux publics », assure un des confrères. Une battue a, en effet, été menée sans succès au guichet unique du CFCE (Centre de formalités de création d’entreprises). Voir image ci-dessous
Choux blanc également au ministère camerounais des finances sur son portail de création d’entreprises. « Sorry, but nothing matched your search terms. Please try again with some different keywords » (Aucun résultat n’est issu de votre recherche : essayez avec une autre formulation), renseigne le site du ministère dans son « espace de création d’entreprise en République du Cameroun ». Image ci-dessous
Confusion à Kinshasa entre « Stever Construct Cameroun SARL » et « Stever Construct » tout court avec deux logos, mais tous deux inexistants
Retour en RDC et chou blanc également. Aucun résultat et aucune trace de « Stever Construct Cameroun SARL » trouvés au guichet unique de création d’entreprises ni au journal officiel de la République. Cependant, sur internet apparaît, dans une page facebook, une firme dénommée « Stever Construct » tout court, et dont la description revoit à des spécialisations en fourniture d’eau.
La page indique l’adresse du siège : Siege 05 Avenue des sénégalais 2ème étage Immeuble Maombi center Gombe, Democratic Republic of the Congo ; ainsi que le numéro de téléphone 0904 900 002.
Mais lorsqu’on appel à ce numéro, une voix féminine fait savoir que « Le numéro que vous essayez de joindre actuellement n’existe pas. Veuillez vérifier correctement ce numéro ».
Autre détail, le logo de l’entreprise. Sur la page facebook de « Silver Construct » tout court apparaît un log de cette dénomination en minuscule, mais sur les images des forages de « Sylver Construct Cameroun SARL », la même dénomination est reprise mais en majuscule.
Dans tous les cas, même « Stever Construct » tout court avec les deux logos n’existe nulle part au GUCE et au journal officiel de la RDC.
Conclusion générale : la République a fait affaire avec une entreprise fantomatique qui est en train de se faire offrir des centaines de millions de dollars dans un marché déjà douteux de surfacturation. Et le plus grave que cette opération est menée par Mike Kasenga, un supposé opérateur des travaux de même nature qui a déjà eu maille à partir avec la justice congolaise dans des dossiers de la même nature, c’est-)-dire des marchés à préfinancement, mais qui n’ont jamais abouti alors que le Trésor public a été délesté.
Mike Kasenga déjà trois fois devant la justice congolaise avec des entreprises aux multiples dénominations mais sans matériel de taravil
En effet, l’homme a déjà eu maille à partir avec la justice congolaise par trois fois ; une fois sous M’zee Laurent Désiré Kabila et deux fois sur le fils de celui-ci dans le cadre de son programme de cinq chantiers/ dan ce dernier cas, Kasenga figure sur les petits papiers de la justice et du ministère des ITPR qui le renseigne, lui et sa constellation d’entreprises gravitant autour de la principale – Mika Promotion, sur une liste de débit de l’ordre de plus de 25 millions Usd pour des travaux routiers qu’il devait effectuer par préfinancement à Kinshasa mais qui ne furent jamais réalisés alors que l’entreprise avait empoché l’argent.
On rappelle aussi l’escapade de Mike Kasenga à Kananga, dans les mêmes années 2007-2009, après avoir obtenu une liberté provisoire à Kinshasa. A Kananga où il se signale aussi par un marché inachevé des travaux publics au motif fallacieux qu’il y avait carence de ciment.
Opérant dans la plupart des marchés sous le label Mike Promotion dont personne n’a trace de l’identification officielle à l’époque, le groupe de Kasenga opère alors sans dénomination précise. Ici il est connu comme entreprise de construction Mike promotion, là STARCO, nom sous lequel il a opéré à Kananga, ou encore Groupe Mike -EGM-, etc.
Cette multiplicité de dénominations n’empêche pas de lui rapporter de gros marchés sur le Trésor public. Des marchés qui l’jt amenés par trois fois entre lkes mains de la justice avant de bénéficier, la troisième fois, d’une libération provisoire et de sa volatiliser dans la nature. Pour apparaître en 2019 après le changement de régimes et se taper 25 millions de dollars de dommages et intérêts dans une procédure contre l’Etat pour action judiciaire vexatoire.
JDW