RDC ; Révélations sur l’arrestation dite arbitraire en 2009 qui avait valu à Mike Kasenga 27 millions Usd de D.I en 2021

27 millions de dollars américains, rubis sur l’ongle ! C’est le pactole que s’était offert Mike Kasenga sur e trésor public en mai 2021. Des espèces soyeux qui changèrent de comptes sous la  facilitation de Nicolas Kazadi, le tout puissant Ministre  des Finances de la RDC, en exécution, rapportent des sources, d’un arrêt de justice condamnant la République à des dommages et intérêts dans une supposée affaire d’arrestation arbitraire sur des marchés publics pourtant non exécutés alors que le Trésor public avait saigné.

Congo Guardian revisite une époque scabreuse des travaux publics qui trouve encore écho aujourd’hui, toujours sur le dos du Trésor public.

L’affaire se rapporte, en fait, à des événements que des sources du ministère des finances, qui  rapportent les faits de paiement des D.I, font remonter dans les années 2007-2009, mais sans trop de détails. Après recoupements et interrogation des archives de la République, Congo Guardian est remonté à des marchés publics d’infrastructures sur le programme des cinq chantiers de la république lancés sous le premier mandat électoral de Joseph Kabila.

Mike Kasenga avait, en effet, été    attributaire de plusieurs lots de routes à réhabiliter et moderniser à Kinshasa comme en provinces, mais des lots dont les travaux furent invisibles alors que les fonds avaient été débloqués pour ce faire. Kasenga fut effectivement arrêté et soumis à un procès qui, cependant, se termina dans des conditions rocambolesques avant que le prévu ne disparaisse de la circulation.

Avant sa réapparition dans de nouvelles affaires de surfacturation des marchés de forages d’eau et d’éclairage public, Mike kasenga était revenu en douce au pays et aurait été bénéficiaire de financements du FPI pour des projets dans le grand Bandundu. Ses dernières traces à l’étranger remontent à une affaire d’attaque mortelle d’une femme dans un parc en France d’où il avait failli être déchu de son statut de réfugiés politiques et expulsé. Heureusement, les enquêtes permirent de le disculper.

Arrestation, puis procès en eau de boudin

Décembre 2009, la presse kinoise se fait ls choux gras d’un procès pas comme les autres, celui de l’entrepreneur Mike Kasenga, devenu subitement célèbre à la faveur du programme des cinq chantiers dont il est l’un des ténors, pour ainsi dire, à travers sa société/ Kasenga est poursuivi au tribunal de paix de Kinshasa/Assossa, commune de Kasa-Vubu, dans l’affaire des travaux publics non réalisés alors qu’il avait empoché les fonds.

La juridiction de ce procès suscite déjà des interrogations puisque l’intéressé, arrêté en août de la même année, était déféré au Tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe. Il ne reste pas moins que même à Kalamu, l’affaire tourne vite court avant que le procès ne s’arrête brusquement et que le prévenu ne disparaisse, quelques jours plus tard, de tous les lieux de détention de la ville et de la circulation.

Le 31 décembre 2009, en effet, les journalistes venus assister à l’audience dans ce procès se voient refuser d’accès au tribunal avant d’être éloigné des installations. Ils vont squatter les environs, observant de loin les mouvements. Sans en donner la moindre justification, Malfa Cubal, président du Tribunal de paix d’Assosa, « avait jugé bon de décréter un embargo sur la couverture médiatique des débats en ordonnant l’évacuation de tous les chevaliers de la plume et du micro de la salle d’audience », peut-on lire dans un article du journal Le Phare de l’époque.

Les chevaliers de la plume ne vont pas trainer longtemps, car l’audience va vite être suspendue et la prochaine fixée au 08 janvier 2010. En attendant, le confrère Le Phare ne manque pas de s’étonner : « Dès le début du dossier « Ministère public contre Mike Promotion », les débats ont toujours été publics et accessibles à tout citoyen désireux de connaître la vérité sur la gestion de ces fonds ; cela pour permettre une meilleure compréhension des enjeux par l’opinion publique ». Et encore : « Il est donc surprenant que brusquement, un embargo soit décrété. Au moment où toute la population est avide de savoir si Mike Kasenga a détourné ou non l’argent du contribuable congolais pour la réhabilitation d’un tronçon de l’avenue Gambela ; travaux entrepris dans le cadre des 5 chantiers initiés par le Président de la République, le devoir de la presse est d’éclairer l’opinion d’une façon objective ».

Cette affaire (sur la seule avenue Gambela, commune de la même juridiction), qui tourne en eau de boudin concerne donc une infime partie du dossier qui pèse sur Kasenga et pour lequel il avait été accueilli en  août 2009 au Beach Ngobila de retour de Brazzaville pour être déféré au TGI/Gombe après une brève détention à « Kin Mazière », siège des services spéciaux de la Police nationale à l’époque. Cette arrestation, qui fut la seconde et sans succès, se terminait aussi en eau de boudin, alors que Mike Kasenga se retrouvait même en province, au Kasaï Central où, à l’époque, il va se livrer à de rituels mystico-ésotériques pour échapper à la justice.

Tout cela à la faveur d’une liberté provisoire suite à la première arrestation qui l’avait vu incarcérer au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa -CPRK-, ex-prison de Makala, avec d’autres opérateurs du secteur. Au Kasaï où il se retira, Mike Kasenga se fit encore octroyer des marchés au chef-lieu de cette province, marchés qu’il va, une fois de plus, laissés en rade, prétextant la crise du ciment pendant que celle-ci avait déjà été résorbée.

Plus de 50 millions Usd tapés en 2009

Opérant dans la plupart des marchés sous le label Mike Promotion dont personne n’a trace de l’identification officielle à l’époque, le groupe de Kasenga opère alors sans dénomination précise. Ici il est connu comme entreprise de construction Mike promotion, là STARCO, nom sous lequel il a opéré à Kananga, ou encore Groupe Mike -EGM-, etc.

Cette multiplicité de dénominations n’empêche pas de lui rapporter de gros marchés sur le Trésor public.  A la faveur du programme des cinq chantiers, Mike Kasenga passe ainsi pour celui qui s’est adjugé, sans appel d’offre, le gros des marchés de réhabilitation et de construction des routes à Kinshasa. On parle d’au moins 50 millions Usd, les fonds débloqués par le Trésor pour financer les travaux pour des résultats pratiquement invisibles sur le terrain, le l’avenue de l’Université à Limete-Ngaba à Nguma à Ngaliema en passant par Kintambo, Bandalungwa, Gombe, etc., le constat est plutôt amer, mais à chaque fois, Kasenga se fait octroyer d’autres marchés, preuve qu’il jouit alors de solides appuis.

Des appuis qui vont lui permettre d’échapper à la justice jusqu’à quitter le pays avant de revenir après le changement de régime et poursuivre, manifestement sa besogne,  cette fois-ci encore avec d’autres appuis haut placés.

En 2009, au regard de l’ampleur de la clameur public face à l’absence des travaux, le ministère des ITPR va publier plusieurs listes d’entreprises ayant été attributaires des marchés et qui ne les réalisaient pas. A titre d’illustration, en date du 2 juin 2007, Mike Kasenga signe avec le Gouvernement, à travers le ministère des ITPR, pour un lot de routes à réhabiliter, constitué du Boulevard Lumumba en partant de l’aérodrome de Ndolo à l’aéroport de N’Djili, y compris la bretelle Sendwe et les deux rocades.

Ces tronçons vont finalement être confiés aux entreprises chinoises, et c’est Joseph Kabila en personne qui va en lancer les travaux.

En 2009, Mike Kasenga figure en bonne place sur les listes des entrepreneurs improductifs. Des listes qui, cependant, vont juste orner les colonnes des journaux et entretenir l’indignation publique pendant quelques temps, alors que la plupart des opérateurs cités vont s’évaporer littéralement.

JDW

(Montage image droits tiers)

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