Observation des élections : Le Centre Carter parle de « manque de confiance » et de scrutins « équitables », l’UA appelle au dialogue politique

Après les scrutins des 20 et 21 décembre 2023 – mais qui se poursuivent encore ce 22 décembre – pour les élections générales en RDC, les différentes missions d’observation électorales déployées sur terrain divulguent leurs rapports d’observation. Parmi eux, celle du Centre Carter qui, dans une communication ce vendredi à Kinshasa, estime que les scrutins se sont déroulés « dans un contexte de profond manque de confiance de la part de nombreux citoyens envers un processus électoral » que le centre a jugé « équitable ».

Dirigée par Catherine Samba-Panza, ancienne Présidente intérimaire de la République Centrafricaine, la MOE du Centre Carter, estime que ce déficit de confiance est la conséquence des précédents processus électoraux et de la composition de la CENI. Elle l’attribue également au manque de transparence liée notamment à l’opacité du fichier électoral.

Quant à l’environnement général des élections, le Centre Carter dit avoir observé « une dégradation du climat au cours de la campagne, suscitant des inquiétudes croissantes quant à l’intolérance politique et aux tensions ».

La MOE du Centre Carter énumère une série d’actes de violence qui ont émaillé les élections, notamment la période pré-campagne, la période campagne et les jours du scrutin. Elle documente, entre autres, deux candidats tués dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu peu avant le scrutin ; une blessure d’une femme à l’arme blanche le 14 décembre à Kisangani après un meeting ; des violences entre des partis d’opposition et ceux de la coalition au pouvoir qui ont occasionné la mort de 19 personnes et plusieurs blessés, etc.

Autres observations faites : l’usage de propos incendiaires ou de discours de haine, surtout des messages de la politique identitaire qui ont dominé le discours, selon la MOE du Centre Carter qui soutient que « des discours agressifs ou de haine ont été utilisés comme élément central de la campagne pour discréditer les opposants politiques et manipuler les perceptions entre les communautés congolaises, suscitant la méfiance mutuelle ». Et de relever aussi que la tension était particulièrement élevée entre les communautés du Kasaï et du Katanga, entraînant parfois des affrontements violents ; sans oublier des discours d’intimidation ou de haine ayant ciblé d’autres minorités communautaires.

Atmosphère relativement calme, défis logistiques majeurs, appel à un cadre de dialogue politique

Pour sa part, la mission d’observation électorale de l’Union Africaine (UA) « prend acte » de la tenue des élections et note que les scrutins se sont tenus « dans une atmosphère relativement calme avec des défis logistiques majeurs ».

Dans ses observations, la mission panafricaine, forte de 65 observateurs de court terme et conduite par Hery Rajaonarimampianina, ancien Président de la République de Madagascar, épingle le rallongement, par la CENI, du délai de vote au 21 décembre 2023 pour les bureaux de vote qui n’ont pas pu ouvrir le 20 décembre 2023.

Tout en félicitant le peuple congolais « pour son engagement et sa détermination à exprimer son devoir civique », la MOE-UA « exhorte les autorités, les acteurs politiques et toutes les parties prenantes à faire preuve de retenue, et à créer un cadre de dialogue politique ouvert et inclusif aux fins de préserver la cohésion nationale et la stabilité politique, nécessaires au renforcement de la paix et du développement de la République Démocratique du Congo ».

Les observateurs de l’UA se sont répartis en 24 équipes. Ils ont été déployés dans six (6) provinces, à savoir : Kinshasa, Haut Katanga (Lubumbashi), Nord-Kivu (Goma), Sud-Kivu (Bukavu), Kwilu (Bandundu et Kikwit), Kongo Central (Matadi et Boma).

JEK

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