En campagne électorale sur la côte ouest du pays, dans le Kongo Central, Félix Tshisekedi a été aux étapes de Moanda et Boma ce lundi après le lancement de sa campagne électorale dimanche à Kinshasa. Le candidat n°20 s’est, naturellement, livré à l’exercice de tout titulaire sortant, à savoir son bilan, avant de faire ses projections d’avenir. Des projections qu’il a déclinées, notamment, en termes d’élargissement de la gratuité de l’enseignement au secondaire.
Mais la campagne du PR5 est loin d’être un long fleuve tranquille comme celui (le majestueux Congo) qu’il longe dans son périple au pays Ne Kongo. En fait de bilan, Félix Tshisekedi s’est vu réclamer les recettes du RAM (Registre des appareils mobiles), une taxe qui avait été instituée par le ministère des PTNTIC soi-disant pour protéger les téléphones contre les vols notamment.
Dans la foule à l’étape de Boma, on a clairement entendu ce cri réclamant la rétrocession de cette taxe par laquelle les usagers de la téléphonie mobile se faisait défalquer, sur les crédits qu’ils achetaient, jusqu’à 7 $ sur une période de six mois. Rien que pour la période de janvier à juillet 2021, cette taxe devait généré au moins 266 millions USD sur un portefeuille de 30 millions d’abonnés, mais le ministère des PTNIC ne reconnaissait que moins de 65.000 $.
Le problème est que cette taxe (ou redevance) n’a jamais été répertoriée nulle part sur la nomenclature officielle des taxes, ni à la Dgrad ni à la Dgi. Il n’existe aucun acte (loi ou ordonnance présidentielle, décret du Premier ministre ou arrêté ministériel) l’instituant. Et aucun compte du Trésor n’a jamais vu ces fonds. Interpellé à l’Assemblée nationale, Augustin Kibassa, ministre des PTNTIC, s’en tira juste avec une résolution demandant la suppression de cette taxe et réclamant la rétrocession des fonds aux abonnés.
Si la taxe a finalement été supprimée après avoir continué à être prélevée, au grand dam des abonnés et des députés nationaux, les fonds, eux, n’ont jamais été ni ré aux abonnés, ni retracés.
Basant sa campagne notamment sur la prospérité, Félix Tshisekedi a donc été face à une demande concrète du souverain primaire sur une question où la responsabilité de l’État est directement engagée dans ce qui est aujourd’hui unanimement reconnu, au pays comme a l’international, comme une escroquerie d’Etat. Et en étant ainsi interpellé, Félix Tshisekedi s’est vu saisir en sa qualité de garant de la Nation qui avait gardé un silence assourdissant tout au long de la polémique en son temps.
Dans son discours sur l’Etat de la Nation en décembre 2021, l’année de ce scandale, le Chef de l’Etat avait superbement ignoré ce sujet du RAM qui le rattrape aujourd’hui en pleine campagne, de surcroît dans une province, le Kongo Central, couverte par cinq années de promesses présidentielles non ténues.
Albert Osako