Projet « Workshop finition en bambou » : A la découverte du bambou et son utilisation dans le Kongo Central

L’adhésion de la République Démocratique du Congo au traité créant l’INBAR (International Network for Bamboo and Rotain – Organisation internationale du bambou et du rotin) est comparable à l’adhésion à la FIFA d’un pays qui n’a pas une équipe de football. L’assertion est de l’Ir. Bongolo Bienvenu, l’un des très rares spécialistes du bambou que compte la RDC.

Il a fait cette réflexion très récemment à l’occasion d’un atelier de travail initié par l’Université Kongo (UK) dans l’objectif de faire un monitoring sur l’activité liée au bambou et au rotin en RDC en général et particulièrement dans la province du Kongo Central. Le Coordonnateur du programme national bambou en RDC, Gina Tshilolo du ministère de l’agriculture, a ainsi constitué une équipe qui a pris part au projet « workshop finition en bambou » de l’Université Kongo, faculté d’architecture, urbanisme et aménagement du territoire.

De son côté, Mme Matsuela Mbungu Arlette, assistante à l’UK et doctorante à l’Université libre de Belgique, a mobilisé une équipe de techniciens et quelques étudiants en master 1 de la faculté d’architecture de l’UK pour intervenir dans le  projet qui a démarré le 8 août 2023 par une première prise de contact et un échange autour du projet et de l’utilisation du bambou comme matériel d’exploitation. Un premier cas a ensuite été présenté par Mme Arlette à travers une paillotte intégrant le bambou dans sa finition.

L’Ir Bongolo aux commandes pour l’encadrement

A cette occasion, l’Ir. Bongolo a dispensé une petite leçon sur le bambou avant de passer à des travaux pratiques sur l’utilisation du bambou, notamment pour la réalisation de faux plafond, de revêtement du sol, de la couverture de paroi et de la décoration. Ces exercices ont été réalisés par les étudiants sous l’encadrement des techniciens.

Ces exercices ont été suivis d’une descente sur terrain pour observer, par des explications, la manière de travailler sur le bambou.

Le projet s’est poursuivi une semaine plus tard à Tshela où les participants au projet ont visité quelques forets des bambous dans ce territoire, identifié les espèces à utiliser dans le projet et prélever les échantillons à exposer dans la « matériauthèque » de la faculté d’architecture de l’UK.

Il était aussi question d’identifier les artisans de bambou et intégrer quelques-uns d’entre eux dans l’équipe, relever les relevées architecturales d’un certain nombre de maisons dans au moins quatre villages et prendre des photos aériennes à l’aide du drone en vue d’une cartographie des forets de bambous. Cette dernière partie a été rendue impossible par l’impossibilité d’utiliser le drone pour des raisons sécuritaires.

Le bambou, un matériau des pauvres ?

Cependant, la visite des forêts a pu avoir lieu. La délégation a été frappée par une espèce de bambou dénommée « bambusa vulgaris» qui pousse très bien et prennent des tailles impressionnantes. Des échantillons ont été prélevés et ramenés à Tshela ville.

Au deuxième jour, il y a eu une visite de trois villages où la délégation a observé les techniques des artisans dans la construction en bambou. Elle a prélevé les mesures architecturales de quelques maisons et identifié les artisans à intégrer dans l’équipe

Les témoignages recueillis sur place au sujet de l’utilisation du bambou ont permis d’apprendre que ce matériau est de plus en plus abandonné et les techniques de construction en bambou tendent vers la disparition. Dans certains villages, les habitants détruisent les forêts de bambou pour récupérer les terres qui leur servent d’agriculture parce que les terrains autrefois occupés par les bambous sont très fertiles.

D’autre part, le bambou est de plus en plus abandonné dans la construction parce que l’on considère que construire en bambou est un signe de pauvreté.

Quant aux techniques de traitement du bambou, ses exploitants  font d’abord le choix des bambous bien murs qu’ils sèchent à l’air libre mais à l’abri du soleil. Ceux qui servent à la construction des cuisines reçoivent automatiquement un second traitement par la fumée qui se dégage chaque fois qu’on prépare la nourriture.

Etape suivante du périple sur le bambou dans le Kongo Central : le territoire de Mbanza Ngungu avec un escale au site d’expérimentation de l’Inera Ngimbi où l’équie a observé une autre espèce de bambou venu de l’Afrique du sud. C’est un bambou avec un chaume droit et au paroi épais qui peut bien convenir à la construction.

Le projet GDM a planté 400 ha de cette espèce en partenariat avec l’Inera, mais le projet a connu quelques difficultés et les travaux se sont stoppés brusquement.

Expérimentation des techniques observées

A Mbanza Ngungu, l’équipe d’observation a été conduite dans une visite  au musée où elle a pu contempler le plancher et la table en bambou qui y est exposée. C’est l’œuvre de l’Ir Bongolo qui a servi de guide et d’encadreur dans le projet.

La visite s’est poursuivi sur le terrain où l’équipe a pu visiter les dix espèces de bambou qui existent au jardin botanique de Kisantu en passant par la pépinière où l’équipe a vu comment se fait la multiplication de bambou avant de terminer la tournée terminée aux chalets.

L’espèce choisie pour le travail a été le « dedroncalamus giganteus ». Le travail sur ce matériaux a eu lieu à Mbanza Ngungu où l’équipe est retournée pour exploiter l’atelier local et ses équipements tels que la scie circulaire, la scie sauteuse, la scie manuelle, la fourreuse, la meuleuse, la raboteuse, le four composé d’un fut métallique et un foyer amélioré pour le traitement de bambou, etc.

Quant au travail proprement dit, il a permis d’exploiter toutes les techniques observées au cours de l’itinéranc. Au bout du compte, on retiendra que le travail du projet « workshop finition en bambou » de l’UK a été une expérience très riche. L’Ir Bongolo se félicite d’y avoir pris part et d’avoir apporté des matériaux, des matériels et des techniques d’utilisation du bambou.

On peut aussi retenir que le bambou, bien qu’étant un matériau pouvant servir à la construction, présente de nombreux caprices qui demandent aux techniciens de bien le maitriser, car une fois bien maitrisé, le bambou est un matériau qui présent de nombreux avantages par rapport à d’autres matériaux habituellement utilisés dans la construction. C’est pour cela qu’il a adhéré à l’idée d’Arlette Matsuela de faire la finition du projet de paillote en n’utilisant rien que le bambou.

JDW

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