La libération des prisonniers politiques et l’inclusivité comme préalable à l’organisation des élections est une exigence constitutionnelle et patriotique qui s’impose à nous et dépasse l’argement le cadre de concertation initié par le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Ce dernier, avouons-le, est dans l’incapacité d’organiser les élections crédibles et inclusives dans le délai constitutionnel.
Il est injuste, inadmissible et inconcevable d’organiser les élections en excluant la population d’une bonne partie du territoire de notre pays (Nord-Kivu et Kwamouth) et certains acteurs majeurs de la vie politique comme Mike Mukebayi, Kabund a Kabund, François Beya, Fortunat Biselele, Salomon Kalonda Della …
Il y a une jurisprudence dans notre pays qui date de très longtemps. En 1959, alors que la délégation congolaise dans sa diversité et sa divergence se trouvait à Bruxelles pour participer à la Table ronde, elle avait exigé dans un front commun la libération et la participation de Patrice-Emery Lumumba. Ce qui fut obtenu de l’administration coloniale belge.
En 1964, Antoine Gizenga a été relaxé sur décision du président Mobutu, sorti de la prison de Bulambemba où il était incarcéré pour participer à la conférence de Louabourg.
A la veille de la conférence nationale en 1992, les participants ont exigé la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés politiques. Le Maréchal Mobutu, du haut de son autoritarisme, avait accédé à la demande.
En 2016 à la demande des participants aux assises de la Cenco, le président Kabila a accepté la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés dans ce que ils ont qualifié « cas emblématiques». C’est dans cette circonstance que Bruno Tshibala, Roger Lumbala et moi- même avions retrouvé la liberté et participer aux élections.
Ce petit rappel historique montre que la décrispation politique, mieux la réconciliation nationale est dans nos gênes, dans notre tradition à la veille de grands rendez-vous politiques. C’est aussi une condition sine qua non pour une élection apaisée. Comment peut-on expliquer qu’à la veille des élections, quelques acteurs majeurs soient interdits de se déplacer à l’intérieur du pays et subissent toutes sortes de brimades, tracasseries et humiliations ? C’est le cas de Moïse Katumbi qui a été empêché d’effectuer sa tournée dans les provinces de l’ex Bandundu et au Kongo central. Mais aussi de l’ancien Premier ministre, Matata Ponyo.
En dépit de toutes les différences et divergences qui nous caractérisent, je souhaite, malgré les enjeux à six mois de la compétition, que le faire-play domine les esprits et que les meilleurs gagnent en respectant scrupuleusement les règles du jeu consignées dans la Constitution et les lois de la République puissent être de stricte observance.
Le président de la République, conformément aux pouvoir que lui confère la constitution peut initier la décrispation avant les élections. Mieux, il peut obtenir par la même occasion la réconciliation nationale au tour des confessions religieuses à leur tête l’église catholique qui a une longue et riche expérience en la matière.
Pour éviter le bidouillage, le tripatouillage et le cafouillage des élections portant les germes de la balkanisation et de la division du pays, j’exhorte le président et très cher frère Fatshi d’écouter la voix de la raison exprimée par une bonne partie du peuple congolais, relayée plusieurs fois par le cardinal Fridolin Ambongo, Mgr N’shole ou encore l’archevêque Fulgence Muteba et de ne pas suivre les chansons des flatteurs, zélateurs, partisans et courtisans qui, à l’instar de ceux de Mobutu, étaient les premiers à le renier et le conduire au cimetière politique comme des corbillards.
Et pourtant, ces croques morts politiques chantaient matin, midi et soir « 100 ans tumu tombele ».
Ils ont même dit à Mobutu qu’il venait du ciel, donc immortel. Ce dernier a fini par y croire. Et on connaît la suite. C’est presque les mêmes avec les mêmes qui ont dit à Kabila « Wumela », « Nanu to tondi yo te ». Curieusement, ils ont été le premier à le vilipender.
Le président Felix risque de subir le même sort s’il écoute cette catégorie de personnes. Vaut mieux celui qui te blesse avec la vérité que celui qui te tue avec les mensonges.
Le cardinal Malula disait : « Il est préférable d’être crucifié pour avoir dit la vérité que de crucifier la vérité ».
C’est dans cette condition que Félix, fils de Tshisekedi wa Mulumba, père de la démocratie naissante congolaise, écrira une partie de l’histoire de notre pays avec l’ancre indélébile et concrétisera le rêve de Lumumba de voir l’Afrique écrire sa belle histoire.
Moïse Moni DELLA IDI Saluka ‘Onya
Porte-parole du peuple