RDC : Les Jeux de la Francophonie ballottés entre des torpilleurs de Muyaya et les graves déficits d’organisation

Comme ça une « main noire » – celle-là même qui a si bon dos – travaillerait à l’échec des Jeux de la Francophonie prévus pour s’ouvrir le 28 juillet prochain à Kinshasa… C’est, en tout cas, ce que porte à faire croire le porte-parole du Gouvernement et Ministre de la Communication et médias.

Mardi à Kinshasa au cours de son briefing de presse hebdomadaire, en effet, Patrick Muyaya Katembwe a fait état de « laboratoires obscurs » qui travailleraient à faire échec à ces jeux. Ces laboratoires, selon le « narrateur » du Gouvernement, travailleraient à la prolifération des enlèvements dans la ville de Kinshasa pour le même objectif.

Même les réseaux sociaux, toujours selon Muyaya, joueraient ce jeu par des amplifications et la propagation de faux bruits sur de supposés trafics d’organes humains pour créer la panique en faisant passer Kinshasa pour une ville invivable.

« Logistique »: les délégations canadienne, française et belge comme Kabasha à Lubumbashi ?

Dans la même logique, le porte-parole du Gouvernement a laissé entendre que la renonciation ou la réduction des délégations canadienne, française et belge aux Jeux de Kinshasa serait dû à des problèmes logistiques que connaîtraient ces pays.

« Logistique » dans le domaine des sports et de la culture, sur ce bord-ci du fleuve Congo, renvoie à des réalités comme celle de l’équipe de foot féminin de Kabasha, venue de Goma, qui se retrouve en situation de grivelerie dans un hôtel à Lubumbashi par manque de moyens. Où des joueuses en difficulté pour se nourrir et qui sont sauvées in extremis par la magnanimité d’un Moïse Katumbi avant d’aller se faire tancer à Goma par le gouvernement militaire leur reprochant de s’être fait prendre en charge par un opposant.

Bref, la Belgique, le Canada et même la France, dont le Président à partagé une bière avec le « narrateur » du Gouvernement à Bandal, n’ont pas assez de moyens pour envoyer des délégations aux Jeux de la Francophonie. Du moins selon l’entendement congolais des problèmes logistiques. Dont acte et rideau…

Qu’en est-il alors de ces laboratoires obscurs (mains noirs) qui torpilleraient ces jeux ? En fait ce laboratoires, les Congolais sont largement informés, ces derniers temps, des graves déficits d’organisation sous lesquels ploie le pays et qui entretiennent de gros soucis jusqu’au sommet de l’État. La succession des descentes du Chef de l’État, du Premier ministre et d’autres délégations gouvernementales sur terrain est symptomatique de cette situation qui n’est pas, non plus, inconnue du Comité internationale des Jeux de la Francophonie à Paris, dirigé par Zeina Mina.

Dettes, amateurisme organisationnel, incompétence, etc; les vrais fléaux qui ruinent les Jeux et soulèvent des frissons à Paris

Celle-ci a déjà réceptionné des lettres de démission d’un certain nombre d’experts qui, dénominateur commun, évoquent systématiquement l’incompétence des animateurs et des techniciens côté congolais du CNJF, à Kinshasa. À Paris, en effet, on suit, par exemple, de très près la situation du village des jeux aménagé dans les homes de l’Université de Kinshasa où plusieurs délégations ne souhaitent pas loger en raison de son éloignement de la ville, mais aussi de l’insécurité ambiante dans la périphérie de Kinshasa avec le phénomène des Kuluna. On se souvient, justement, que le Québec avait évoqué notamment la question sécuritaire pour annuler le déplacement de ses athlètes.

Ce n’est pas tout. Au moment où il se présentait hier devant les journalistes, Patrick Muyaya n’avait peut-être pas été informé par ses collègues attitrés (sports et ITPR) des éclats de voix entendus dans les couloirs du CIJF à Paris lorsqu’on a appris que ce village pourrait être délocalisé vers le Stade Tata Raphaël avec les incertitudes logistiques et le peu de garantie de confort qu’un tel déplacement peut entraîner à moins d’un mois des Jeux. Tout ça pour contourner la difficulté de l’éloignement de l’Unikin.

Et que dire des garanties sécuritaires, de la restauration, du volet culturel ou encore du côté spectacle, etc; qui ne rassurent toujours pas?

A ces plaintes sur les déficits organisationnels et des compétences s’ajoutent ces nombreuses créances qui mettent le pays sous sommation des créanciers. À l’instar de la firme française Civilia Sasu dont l’avocat doit avoir déjà saisi la justice pour une créance de 1,5 millions d’euros non versés dans un marché de fourniture d’équipements médicaux mobiles.

Même DidierTshiyoyo, ancien Haut représentant du Chef de l’État au CNJF, a pris le chemin des prétoires pour réclamer son dû à l’État congolais après avoir pré-financé, selon lui, des besoins de fonctionnement alors que lui et ses équipes de travail attendent encore le paiement des arriérés de salaires et des indemnités de sortie. On parle de 500.000 USD de pré-financement du fonctionnement et d’au moins 1,8 million USD d’indemnités de sortie.

DidierTshiyoyo, présenté en son temps comme un intime du Chef de l’État, proximité qui lui a valu ces charges de haut Représentant, entreprend déjà des démarches auprès de la CIJF et même de la Secrétaire générale de l’OIF, Louise Mushikiwabo en personne. Il traine avec lui, tel un drapelet rouge, l’article 5 de la charte de l’OIF qui recommande la suspension des Jeux en cas de litiges en cours liés auxdits Jeux.

La vérité entre les laboratoires obscurs de Patrick Muyaya et les vrais dangers qui menacent les Jeux de Kinshasa

Ne pas oublier non plus que depuis décembre 2023, Zeina Mina, Directrice du Comité internationale des jeux de la Francophonie, avait prévenu qu’il ne serait plus question de reporter cette édition.

De tout ce qui précède et de tant d’autres faits tangibles, on serait bien intéressé de savoir lesquels d’entre, d’une part, les mains noirs (laboratoires obscurs) de Patrick Muyaya, les lampistes et autres agitateurs des réseaux sociaux ; et, d’autre part, tous ces déficits militent activement pour l’échec de ces Jeux le moment venu…

Jonas Eugène Kota

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