Choc frontal entre le pouvoir et les catholiques : Un clash de trop pour Tshisekedi

De leurs mémoires, les observateurs de la vie politique nationale se souviennent de l’antagonisme qui mit directement aux prises le Président Mobutu au Cardinal Malula de l’église catholique jusqu’à déclencher une intervention du Vatican. Cet antagonisme avait atteint des proportions où les observateurs commençaient même à craindre pour la vie de Malula. La légende autour de ce conflit rapporte même que le Cardinal avait échappé à plusieurs empoisonnements lors des agapes dont Mobutu s’était fait spécialiste.

Depuis lors, l’église et le pouvoir en RDC n’ont, certes, pas filé le parfait amour. Les antagonismes n’ont, plutôt, plus vu le chef de l’Etat directement à l’avant-plan, menant la dragée face à la puissante église catholique.

Le dernier cas en date, des régimes post-Mobutu, est celui qui vit une crise à distance entre le Cardinal Monsengwo et la famille politique de Kabila (le FCC) sous la houlette communicationnelle de Lambert Mende. Le même qui, aujourd’hui, est passé dans le camp du nouveau régime, mais sans activisme politique notable.

Les indices d’un bellicisme voulu

Cette fois-ci, Félix Tshisekedi a choisi de porter personnellement la dragée face à l’église catholique. Sans intermédiaire là où, d’ordinaire, ce sont des lieutenants – les habituels « djaleloïstes » et autres vuvuzélateurs – qui s’expriment.

Et le Président de la République, qui ne s’est embarrassé d’aucune circonlocution, a porté personnellement la réplique à l’église catholique sous les parvis même de cette dernière, soit en plein office religieux et e présence de Mgr Marcel Utembi, Président de la Conférence épiscopale nationale indépendante (CENCO) et cosignataire de la déclaration à la base d’lire de Fatshi. Même Mgr Emmanuel Kasanda, officiellement hôte du chef de l’Etat, est également cosignataire du rapport de la discorde.

Ces détails ne sont pas fortuits. Ils traduisent l’état d’esprit même du régime face à l’enjeu électoral qui se profile à l’horizon. Les exégètes du discours direct et indirect sont unanimes pour comprendre que Félix Tshisekedi a voulu transmettre un message sans équivoque : il n’est disposé à aucune concession, et est prêt à défendre son pouvoir sur tous les fronts sans exception.

Lorsque le chef de l’Etat lance le rappel à l’ordre à l’église pour qu’elle rejoigne le milieu du village, lui-même a, depuis longtemps, déserté le fauteuil de la garance de la nation pour agir sous la stature de protagoniste de la scène politique nationale. Depuis le divorce d’avec le FCC, en effet, Félix Tshisekedi a adopté cette posture sans équivoque, ce qui rend quasi impossible toute possibilité de compromis ou, tout au moins d’ajustements éventuels face à la demande politique et sociale.

Un clash de trop pour Tshisekedi

On avait cru que le « garant de la nation » allait se recentrer face à l’interpellation de l’église catholique, mais sa réaction à fait déchanter plus d’un dans la surprise totale. Ce n’est, en effet, pas d’un Félix Tshisekedi que l’on pouvait s’attendre à une telle décision d’affronter aussi frontalement l’église catholique. Ceux qui l’estiment ont présent à l’esprit cette symbiose qui avait caractérisé, voici à peine cinq ans, la relation entre l’Udps et l’église catholique à travers le CLC qui tint la dragée de la contestation face à la raideur du pouvoir de Kabila là où l’opposition, aussi radicale qu’elle pouvait se prétendre, était véritablement en perte de vitesse.

On se souvient du fameux 50-50 de Jean-Marc Kabund, alors tout puissant Secrétaire général de l’UDPS, pour définir la collaboration entre son parti et l’église catholique pour faire face à Kabila contre les velléités d’un troisième mandat de sa part.

Aujourd’hui, le régime en place s’est mis entièrement dans les habits de ce régime passé au regard de sa posture par rapport au processus électoral ainsi qu’aux dérives autocratiques par rapports aux principes des droits et libertés des citoyens, sans oublier la mise au pays d’une justice plus que jamais aux ordres. Bref, tout ce sur quoi la CENCO a voulu attirer l’attention du régime de Tshisekedi comme elle le fit sous Mobutu et durant les dix-huit années du pouvoir de Kabila, à la grande satisfaction de l’opposition « udpsienne ».

Ayant ainsi franchi le rubicond, Jusqu’où Félix Tshisekedi ira-t-il dans ce que d’aucuns appellent une témérité face à un mastodonte sociologique comme l’église catholique ? D’autres se demandent plutôt la finalité d’une telle « témérité » dans l’enjeu électoral de l’heure, alors que l’occident – plus précisément l’Union européenne -, brandi déjà des sanctions dans le pur style de ses croisades contre les autocraties à travers, le continent africain.

Une chose est sure : les observateurs sont unanimes pour considérer que le chef de l’Etat s’est permis un clash de trop dans cette confrontation frontale et directe avec l’église catholique. La crainte est, en effet, que définitivement, Félix Tshisekedi ait choisi de déserter son fauteuil de garant de nation pour se recroqueviller trop facilement – comme un choix délibéré – dans les subjectivités partisanes et sous une stature de chef de faction politique pour en découdre avec quiconque il considérerait comme une menace contre ses intérêts (lisez son pouvoir). Avec tout ce que cela comporte en termes de dégradation du climat politique et de la sérénité d’un pays déjà en proie à de multiples foyers de conflits meurtriers à travers le pays.

Dossier à suivre…

JDW

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