Salomon Idi Kalonda va certainement rentrer dans l’histoire congolaise de la répression politique comme le détenu qui a fait parler ses geôliers, et pas importe les quels. Pour la première fois, en effet, les services de renseignements, militaires de surcroît, sont sortis de leur discrétion caractéristique pour cafter sur un détenu manifestement embarrassant.
Lundi 5 juin 2023, en effet, les services de l’ex-Demiap ont fait une communication sur ce qui a été présenté comme résultats des enquêtes sur Salomon Kalonda Idi, arrêté spectaculairement le 30 mai 2023 sur le tarmac de l’aéroport international de Ndjili. Selon cette communication, Salomon SK Della, conseiller spécial de Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle, se serait rendu coupable de collusion avec l’ennemi par des contacts qu’il aurait eus avec des responsables du M23 et le général rwandais James Kabarebe, ceci dans le but de renverser le pouvoir en place à remplacer par un katangais.
Accusé d’atteinte à la sûreté de l’État, il est aussi mis à sa charge l’incitation des militaires à la rébellion.
Cette communication des renseignements militaires n’a surpris personne quant à son contenu. En effet, ainsi que les arrestations des proches collaborateurs des leaders de l’opposition avaient été annoncées, autant ce scénario l’était également la semaine dernière. Des sources internes en rupture de ban avec les commanditaires politiques de ce coup avaient, en effet, prévenus sur un plan de placement des armes et autres effets militaires chez Salomon SK Della comme ce fut avec le Pasteur Kuthino en 2006. Même ces accointances avec l’ennemi avaient été prédites.
Mais le fait que les services de renseignements, militaires de surcroît, soient amenés à sortir la langue de leur poche traduit le malaise et l’embarras que leur cause une patate aussi chaude que ce détenu hors du commun. Et les observateurs ont ôté tout doute quant à la main politique qui manipule les renseignements.
Les bourdes qui s’amoncellent sur le dos du « spécial » de Katumbi sont symptomatiques de cette hargne, à la limite de la pathologie, pour décourager un adversaire politique qui fait peur. Car personne n’est dupe que c’est la tête de Moïse Katumbi qui est visée dans ce coup.
Dès l’arrestation de Salomon SK Della à Ndjili, ses ravisseurs se sont mis à égrener des irrégularités et des arbitraires. D’abord par cette arrestation sans aucun bulletin de service. Ensuite une détention au secret où le détenu est privé de tout contact, ni avec sa famille, ni avec ses avocats.
Puis son audition en l’absence de ses avocats qui ont été éconduits sans ménagement. Et enfin cette déclinaison des préventions alors qu’aucun officier du ministère n’a encore rien qualifié.
À ce sujet, mettre Hervé Diakiese, bien connu dans les prétoires du pays, s’exclame et s’esclaffe dans un tweet sur ce qui s’annonce déjà comme un nouveau vaudeville politico-judiciaire sur les bords du fleuve Congo : « Pour la 1ère fois dans l’histoire de la procédure pénale, des OPJ en conférence de presse rendent publiques des qualifications pénales, alors qu’à ce stade, le Ministère public ne s’est pas encore prononcé. Procédure issue d’une détention illégale, sans droit à l’avocat ».
Et cette conclusion préliminaire sans appel d’Olivier Kamitatu, Directeur de cabinet de Katumbi : «Les accusations dressées contre Salomon Kalonda tiennent de la pire pièce d’un mauvais théâtre basée sur un récit indigeste, mal écrit, truffé de mensonges, de contre-vérités et d’enfantillages ridicules qui ne trompent personne».
JDW