Le dossier Mwangachuchu n’est pas bouclé qu’un autre, d’une troublante ressemblance, tombe à l’auditorat militaire. Grosse patate chaude pour les galonés des prétoires militaires lancés sur une poste scabreuse par le renseignement… militaire sur instigation des « mains noires »
Salomon Idi Kalonda a passé le week-end dernier à la prison militaire de Kinshasa/Ndolo où il a été transféré le samedi 10 juin sous mandat d’arrêt provisoire établit le même samedi par l’auditorat militaire de Kinshasa/Gombe après une brève audition. Initialement annoncé pour la prison centrale de Makala, son fourgon carcéral a changé d’itinéraire en cours de route pour se diriger vers Ndolo où il a été installé dans des conditions infra humaines, preuve que ce n’est pas ici qu’il était destiné.
Le conseiller spécial de Moïse Katumbi Chapwe venait de passer dix jours dans les locaux des renseignements militaires qui l’avaient arrêté le 30 mai dernier lors d’une opération spectaculaire sur le tarmac de l’aéroport international de Ndjili.
Des perquisitions qui soulèvent le tollé
Quelques jours avant son transfèrement à la justice militaire, l’ex-Demiap avait accusé Salomon SK Della de détention illégale d’armes et de munitions de guerre, de collision avec l’ennemi (Rwanda et M23) et de tentative d’atteinte à la sûreté de l’État pour renverser le pouvoir en place afin d’installer un Katangais. Ces accusations, portées sans une qualification préalable du ministère public comme l’exige la procédure, seront suivies par une série de perquisitions à Kinshasa, Lubumbashi et Kananga. La série s’était ouverte au quartier GB, à Kinshasa, dans une résidence de Moïse Katumbi avant que la même opération ne soit annoncée à Lubumbashi, au domicile de SK Della. Dans la même journée, la même opération se poursuivra à Kinshasa, dans un autre domicile de Salomon avant que, plus tard, ce ne soit le tour de sa mère, sa sœur ainée, puis d’une autre résidence de Katumbi à Kananga.
Toutes ces perquisitions ont eu pour dénominateur commun l’irrégularité qui les a caractérisées. Elles se sont, en effet, déroulées en l’absence du concerné et d’un mandataire formellement désigné pour le cas de SK Della. Les personnes trouvées sur les lieux ont systématiquement été chassées, et à Lubumbashi, un avocat de Kalonda a même été arrêté.
Mêmes irrégularités pour Moïse Katumbi qui, en plus, a été perquisitionné alors qu’aucun dossier le concernant n’a été ouvert comme l’exige le code de procédure en la matière.
Un dossier embarrassant aux allures de l’affaire Mwangachuchu
Cette succession d’irrégularités est donc symptomatique du caractère strictement politique de cette affaire qui avait été annoncée depuis décembre 2022. Des sources dignes de foi avaient, en effet, prédit les différents événements à partir de l’arrestation des proches des leaders de l’opposition jusqu’à la situation judiciaire actuelle en passant par le placement d’objets compromettants comme cela a été tenté lors des perquisitions de la semaine passée.
Le but déjà connu est d’éliminer Moïse Katumbi de la course à la présidence. La première phase de la démarche avait été tentée avec la « loi Tshiani » et le procès qui opposait Katumbi au français Beverragi.
Il faut noter qu’outre cette offensive aux contours voulus judiciaires, un vide est en train d’être créé véritablement dans l’entourage de Moïse Katumbi. Presque tous les médias connus comme lui étant proches sont réduits au silence pendant que deux des trois chargés de communication de son parti politique Ensemble pour la République, Mike Mukebayi et Daniel Nsafu le sont également.
Face à un tel calibrage, la justice militaire est partie pour un tour de bataille épique. Déjà, les observateurs ont enregistré ce changement d’itinéraire du cortège carcéral de Salomon Kalonda qui s’est retrouvé à Ndolo dans un environnement indiquant clairement que ce n’est pas là qu’il devait être conduit.
JEK