Parti dans le grand Bandundu dans le cadre de sa tournée des conférences sur la gouvernance et le leadership de développement, Augustin Matata Ponyo était loin d’imaginer le calvaire qui l’y attendrait. Alors qu’il venait, quelques jours plus tôt, de se livrer au même exercice à Goma, province du Nord-Kivu pourtant en état de siège, l’ancien Premier ministre a dû faire un véritable parcours du combattant pour vivre le calvaire d’une démocratie verrouillée.
Vendredi 26 mai 2023 à 9h30’, Matata Ponyo, qui vient de Kinshasa où il venait, avec d’autres leaders de l’opposition , de subir un blocus de la police contre leur sit-in prévu devant la CENI, arrive à Kenge (province du Kwango) où il doit tenir une conférence à l’attention des étudiants dans la salle du Cinquantenaire. Il est surpris d’être accueilli dans la rue par son auditoire.
Information prise, le Gouverneur du Kwango aurait ordonné la fermeture de la salle à toute manifestation ce jour. Aucune justification précise n’est donnée. Les policiers postés à l’entrée fermée de la salle ne pipent mot. Idem pour d’autres gents en civil (des flics de l’ANR) qui rôdent dans les parages.
Matata Ponyo va batailler ferme pour raisonner l’autorité urbaine et provinciale mais sans succès. En milieu d’après-midi, le Président national de LGD poursuit son bon homme de chemin qui le conduit jusqu’aux portes de Kikwit dans la province voisine du Kwilu. Il est 16h.
Ici, Augustin Matata fait front à une barrière policière et se fait signifier qu’il ne peut pas passer. L’instruction, lui laisse-t-on entendre, émane du Maire de la ville qui, lui, les aurait eues de « sa hiérarchie », sans trop de précision sur cette hiérarchie.
Une nouvelle bataille commence ici en cette fin de journée. Matata Ponyo campe sur sa position et ses deux jambes, et jure qu’au nom de la constitution qui lui garantit la libre circulation sur l’ensemble du territoire national, il ira jusqu’au bout.
Une première lettre lui est brandie, dans laquelle l’autorité urbaine lui signifie son refus de le laisser tenir sa conférence au motif de l’insécurité qui rôde dans les provinces voisines et du manque d’unités de police pour encadrer cette manif’ qui n’est pourtant qu’une conférence dans une salle couverte.
C’est finalement tard dans la soirée, à 20h, qu’il va être autorisé à entrer dans Kikwit et tenir sa conférence ce samedi, mais avec une précision : la manif va tenir concomitamment avec un meeting à ciel ouvert de l’UDPS juste à côté de la salle de la conférence de Matata. On ne sait donc pas ce qu’il en est déjà au moment où nous mettons en ligne.
On comprend seulement que la Maire de Kikwit a trouvé solution à l’insécurité ambiante et que, tout aussi subitement, il a trouvé des policiers en nombre pour encadrer et sécuriser toutes les manifestations qu’il autorisées le même jour.
JEK