RDC/Processus électoral : L’OIF refuse d’auditer le fichier électoral de la CENI

Une opinion accuse la centrale électorale nationale de jouer le jeu du pouvoir en ayant fixé un délai trop court (5 jours seulement) à l’OIF dont elle a sollicité l’expertise pour auditer le fichier électoral. Objectif : décourager tout regard externe et indépendant pour camoufler la tricherie à venir après un processus d’enrôlement des électeurs particulièrement chaotique.

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) n’auditera pas le fichier électoral de la CENI pour les élections 2023. Cette décision vient d’être signifiée à Dénis Kadima, Président de la centrale électorale congolaise, par la Secrétaire général de l’OIF, Louise Mushikiwabo, à travers une correspondance de son Directeur de cabinet, le français Hervé Barraquand, datant du 3 mai 2023.

Sollicitée par la centrale électorale à travers une demande officielle du Président Kadima, l’OIF déclare ne pas être en mesure d’honorer cette demande en raison du délai trop court imparti pour effectuer cet audit, soit cinq (5) jours seulement allant du 15 au 20 mai prochains.

La CENI et son processus électoral victimes de leur politisation

En déclinant cette demande, l’OIF voudrait dégager sa responsabilité de la connotation politique que certains milieux politiques proches du pouvoir en RDC tendent à imprimer à son travail technique qu’elle fait depuis les premières élections de 2006 en RDC. Des voix se sont, en effet, élevées pour rejeter l’OIF dans cet audit en raison, non seulement de la nationalité rwandaise de sa Secrétaire générale, Louise Mushikiwabo, dont le pays agresse la RDC, mais aussi de sa proximité avérée avec le pouvoir de Paul Kagame. Parmi ces voix, celle du Front des Congolais pour la sauvegarde de l’intégrité de la RDC (FCSI-RDC) que préside Jonas Tshiombela de la Nouvelle société civile congolaise.

En effet, plaidant pour une expertise locale, cette association estime que « Cette structure [OIF] est dirigée par une personnalité rwandaise, un ancien ministre des Affaires étrangères du pays qui cherche à déstabiliser le nôtre. Comment les données stratégiques peuvent être confiées à cette structure ? ». C’est, en tous cas, ce qu’a déclaré Jonas Tshiombela mardi après une rencontre avec le président de la CENI.

La crise de confiance face au processus électoral s’aggrave, crainte de la CENCO et l’ECC

Pour leur part, la CENCO et l’ECC craignent que cette nouvelle tendance à la politisation du travail technique de l’OIF aggrave la crise de confiance en la CENI depuis sa mise en place. Ils l’ont dit à Denis Kadima mercredi lors d’un entretien à son bureau.

Ces deux confessions religieuses recommandent de recourir à une autre expertise neutre et indépendante, au besoin étrangère, en lieu et place de l’OIF. Ils estiment, et Denis Kadima avec eux, qu’aucune compétence interne ne peut réunir ses conditions de neutralité et d’indépendance pour garantir la confiance de toutes les parties prenantes.

Une bonne frange de l’opposition et de la société civile a décliné son implication dans le processus électoral en cours, exigeant au préalable, entre autres, la recomposition du bureau de la CENI et la révision de la loi électorale.

L’opposition du camp du pouvoir à un audit extérieur, et donc indépendant, du fichier électoral vient, à coup sûr, renforcer la suspicion sur la tricherie qu’organiserait le pouvoir avec la complicité même de la CENI. Et certains observateurs se convainquent qu’en fixant un délai aussi court pour l’audit du fichier électoral, la CENI a joué indirectement le jeu des politiciens pour décourager l’OIF et ainsi garder l’opacité sur ce fichier électoral après un processus d’enrôlement particulièrement chaotique.

JDW

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