On en sait un peu plus sur la cabale qui a conduit à l’éviction à peine voilée de Fabrice Lusinde de la direction de la Snel, poste qu’il occupait depuis seulement octobre 2022 au terme d’un concours de recrutement organisé par le Copirep, à l’initiative et sur recommandation de la Banque mondiale, concours auquel il avait réussi avec brio face à plus de 190 autres candidats. L’interpellation du DG de la Snel à l’Assemblée nationale n’était qu’une mascarade pour venir à bout de Lusinde et récupérer son poste à des fins de clientélisme politique.
Il était, en effet, absurde, selon le règlement intérieur, que le Président de l’Assemblée nationale fasse passer cette motion d’interpellation alors qu’il savait qu’une commission parlementaire d’enquête était à pied d’œuvre à la Snel. C’est, en effet, Christophe Mboso en personne qui avait commis cette enquête en décembre 2022, une période non réglementaire car l’Assemblée nationale se trouvait déjà en vacances parlementaires.
D’un bout à l’autre de ce scandale de gouvernance, le nom de Mboso jalonne le parcours, car tous les éléments du dossier le place au cœur de l’opération avec le concours de deux de ses fidèles mousquetaires, à savoir les députés nationaux Justin Dédé Kodoro et Nsingi Pululu. Ces deux bras droits du Speaker de la chambre basse se trouvent être également membres du Conseil d’administration de la Snel, position qui a facilité la manipulation de l’Assemblée nationale avec le concours du « Collectif des députés révolutionnaires de l’Union Sacrée ». C’est ce groupe, en effet, qui avait porté la candidature de Christophe Mboso face à Lihau pour le perchoir de l’Assemblée.
Ce collectif s’est donc reconstitué autour d’une petite clique pour mener la fronde contre Fabrice Lusinde grâce à la motion d’interpellation initiée officiellement par le Député Nationale Prosper Bukasa Ngoyi, qui se trouve être curieusement Rapporteur dudit collectif pendant que Dédé Kodoro en est le Coordinateur. Et pendant que la motion de Prosper était en train d’être bouclée en plénière à l’Assemblée nationale, Kodoro et Nsingi participaient à la même occasion à une réunion du Conseil d’administration de la Snel au cours de laquelle ils assuraient à leurs collègues que Lusinde n’échappera pas à l’échafaud du Palais du peuple.
La suite est connue : l’Assemblée nationale votera à mains levées (au lieu du bulletin secret comme le prévoit le règlement intérieur) la recommandation pour la révocation de Fabrice Lusinde, et la Ministre du portefeuille, Adèle Kayinda apportera son coup de pouce avec un arrêté de suspension sans motivation ni durée de cette suspension.
Malgré ce chapelet d’irrégularités, Christophe Mboso est parvenu à ses fins : il a récupéré la direction générale de la Snel des mains intrépides et intraitables d’un Lusinde dont les premières actions mettaient en danger la prédation des politiciens sur les entreprises publiques. La prochaine étape reste la désignation du remplaçant, et c’est la que les deux mousquetaires s’empoignent : Kodoro et Nsingi, qui avaient été battus au concours de recrutement, convoitent le même poste et se mettent désormais des crocs-en-jambe.
Qui va départager ces deux coquelets de la basse-cour de Christophe Mboso ? Tous les regards se retournent vers le Chef de l’État, garant du bon fonctionnement des institutions et signataire de l’ordonnance ayant nommé Fabrice Lusinde aux fonctions de DG de la Snel. Félix Tshisekedi était parfaitement informé de la procédure qui avait été suivie et des résultats du concours. À ce jour encore, il connaît parfaitement bien les motivations du choix du recrutement par concours ainsi que les recommandations insistantes des institutions de Bretton Woods à ce sujet.
C’est sur base de ces recommandations que le gouvernement avait ordonné la procédure de concours de recrutement à la Snel, à la Regideso, au Foner et à la nouvelle Direction du trésor et de la comptabilité publique de l’État. Ces concours avait concerné tous les postes clés d’une entreprise, notamment le DG et son adjoint, le Directeur financier et administratif, le directeur technique, etc.
Félix Tshisekedi, dont les ordonnances font l’objet de manipulations par son entourage et par des bonzes d’autres institutions, à l’instar de la rocambolesques affaire des mises en place à la Police Nationale, Félix Tshisekedi donc va-t-il laisser passer cette aventure au risque d’ébranler la confiance des institutions de Bretton Woods ?
La dernière décision revient, en effet, au Chef de l’État qui, par parallélisme de forme, est le seul habilité à révoquer Lusinde, puisque c’est lui qui l’a nommé, et désigner quelqu’un d’autre. Toute la question est de savoir si, en avalisant la démarche de la plénière manipulée, Tshisekedi ne va pas, lui aussi, tomber sous le coup de la cabale de Mboso et ses « Députés révolutionnaires »
JDW