Sport : La RDC sortie des compétitions internationales, pourquoi Serge Nkonde est-il encore ministre ?

Du football, sport-roi, à la boxe, noble art, en passant par le basketball, étendard du sport zaïrois en son temps, etc. ; la République démocratique du Congo a éteint tous ses lampions dans les cénacles sportifs internationaux. Même si les Léopards A du foot s’apprêtent à rendre leur dernier feulement et que les très hypothétiques jeux de la Francophonie, que le pays doit abriter, entretiennent encore un semblant de placebo sans, cependant, voiler la triste réalité.

Le dernier lampion s’est éteint avec l’élimination du dernier club congolais de foot engagé à la coupe de de la CAF, cela au terme d’une participation où se sont mêlées mauvaise gouvernance et politisation du sport. La pudeur nous dicte de ne surtout pas revenir sur cette honteuse épopée rédigée à l’encre de la sueur sèche de cette jeunesse pourtant disponible pour porter haut l’étendard de la grande RDC dans le concert des nations.

Depuis au moins deux ans, en effet, la RDC effectuait sa descente aux enfers sportives jusqu’à toucher le fond aujourd’hui. Entre conflits des comités dans les fédérations, affairisme de leurs animateurs, politisation des dirigeants sportifs et tant d’autres « corps étrangers » au sport, le pays de Lumumba a pris tout le temps d’écrire une page bien noire de l’histoire de son sport.

Malgré l’angélisme affiché par le ministère, rien n’a permis d’endiguer la dégringolade. Au contraire, ce ministère, qui était censé servir de régulateur pour remettre les choses sur les rails, s’est avéré être le carrefour même de cette descente aux enfers du sport national. On ne revient pas sur cette historique virée du Ministre à bord d’un jet privé supposé voler au secours (au propre comme au figuré) de nos félins en pleine compétition continentale sans frais de mission ni prime. Une belle balade au cours de laquelle Serge Nkonde avait même changé d’avion dans sa trajectoire qui l’avait conduit partout, sauf à la destination annoncée au départ.

Depuis plus de deux années, le sport qui crie misère est devenu le secteur d’enrichissement facile de tous les frappeurs téméraires. Par centaines des milliers, ces flibustiers ont tapé dans la caisse de l’Etat sans que personne ne bronche. Plus de 400 milles Usd volatilisés dans l’organisation du championnat africain du football scolaire ; des frais de mission des joueurs et des supporters détournés ; 100 mille dollars chouravés sans vergogne par un champion mondial du noble art, etc. ; et on n’en compte plus !

Dans tous ces cas, seulement quelques éclats de voix, des prises de bec intra Udps entre des ministres et le patron ultra Udps de l’IGF, et rien de plus. Pas même l’ouverture d’un dossier judiciaire ne fut-ce que par pudeur.

A la place, c’est la nation et son peuple qui se fait insulter de manquer de chemise propre par les voleurs de la République. Au vu, au su et sous la barbe de ceux qui sont censés faire rentrer l’Etat dans ses droits.

En réalité, c’est carrément grâce à l’Etat que le Trésor public est devenu une tirelire sans verrou, livrée à la prédation du premier venu. Pendant ce temps, des jeunes filles ont squatté les trottoirs de l’aéroport international de Ndjili, attendant un hypothétique vol pour aller défendre les couleurs de la nation dans une compétition africaine de foot féminin. A l’issue de leur précédente victoire qui leur avait donné le ticket décisif vers la phase finale, ces jeunes talents se verront gratifier de… 20$ au titre de frais de mission, vite commués en « argent de poche » après l’unanime indignation nationale. Au décompte final, ces pauvres filles, qui ont passé des nuits blanches dans le froid de l’aéroport de Ndjili, apprendront que la RDC  a déclaré forfait et s’est retirée de la compétition.

Bref, depuis plus de deux années, le sport national est devenu le principal poste de sacrifice dans le budget de l’Etat. De 12 fédérations décidées par le Conseil des ministres pour recevoir les subsides de l’Etat, le ministre des finances a décidé, de son propre chef, de les rabattre à 4 seulement, à prendre ou à laisser. Dans tous les cas, même les 4 élues – dont celle du football – des faveurs de l’argentier national, le sort est demeuré le même : les athlètes ont constamment été ballotés entre « maboko-bank » et bancarisation pour leurs primes avant de finir par se faire aplatir lamentablement et de quitter les compétitions, la queue entre les pattes.

Le plus étonnant, sur cette fresque de la honte, est qu’un ministre des sports est encore en fonction, et continue même à mobiliser pour les prochaines élections… pendant que le sport national émarge encore au budget de l’Etat, alors qu’il n’existe presque plus aucune compétition nationale.

JEK

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