Le projet de transport ferroviaire Métro-Kin verra-t-il jamais le jour ? Plus d’une année et demie vient, en effet, de s’écouler depuis que ce projet d’aménagement d’un réseau de transport ferroviaire dans la ville de Kinshasa a été annoncé et lancé avec pompe.
Annoncé avec pompe au milieu de l’année 2021, c’est le 19 janvier 2022 que l’acte constitutif de la société « Métro-Kin » va être signé officiellement lors d’une cérémonie officiée conjointement par le Gouverneur de la ville de Kinshasa et le Ministre national des transports et voies de communication de l’époque. Les discours de ce jour parlent d’un projet de réhabilitation, de modernisation et de gestion du chemin de fer dans la capitale sur une longueur de 300 kilomètres, avec un premier axe devant aller de la gare centrale à Masina, dans l’Est de la ville de Kinshasa.
Ce jour-là, il est rapporté que Metro-Kin est créée par l’Hôtel de ville en partenariat avec un groupe d’entreprises privées, dont Transcongo connexion (TCC). Aucun nom d’une autre entreprise n’est évoqué alors. On fait savoir seulement que la réalisation de ce projet a connu le concours de la SCTP (ex-Onatra), du Plan directeur de transport à Kinshasa (PDTK) du Comité de pilotage des réformes des entreprises publiques (COPIREP).
Cette annonce va être suivie de quelques descentes sur terrain pour la visite de la voie ferrée de la SCTP, sur son axe de la gare centrale vers Masina. Quelques constructions anarchiques riveraines sont même détruites dans le but d’aménager le chemin de fer. Puis plus rien…
Godé Mpoyi, l’artisan de la fumigation ?
Jusqu’à ce mardi 7 mars 2023 quand Godé Mpoyi, le Président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa particulièrement impliqué dans le projet, va annoncer sur Top Congo le début des travaux pour ce mois d’avril. Des travaux qui, ajoute-t-il, vont débuter sur l’axe Gombe-Masina.
Mpoyi – qui est trop actif derrière ce projet pour un membre du corps législatif et non exécutif – ajoute, cependant, que l’entrepreneur chinois (sans le citer) en charge des travaux va réaliser une voie ferrée aérienne qui va avoir l’écartement des rails conforme au standard international. Quelques expropriations devraient aussi être nécessaires pour aménager le tracé de la voie dont il ne donne pas d’indication non plus. Et dans tous les cas, le premier train devra être lancé sur cette voie pour la fin de l’année en cours.
Des partenaires sans existence légale ni adresse connues, ou sans autorisation étatique s’unissent dans une joint-venture pompeuse et sablonneuse
Jusque-là, les Kinois sont bercés par un angélisme à première vue hermétique. Mais une première attention lève le voile sur une véritable arnaque qui entoure ce projet « Métro-Kin ». Sans entrer dans les conditions rocambolesques dans lesquelles ladite société a vu le jour au terme d’une plénière historique à l’APK sous une présidence curieusement expéditive de Goda Mpoyi, la fameuse société Trans Connexion Congo (TCC), présentée comme partenaire principal dans ce projet, ne démontre d’aucune expertise ni expérience dans ce domaine.
Identifié au Guichet unique de création d’entreprise sous le numéro 01-714-N45584Q, la société a déclarée l’adresse de son siège social au 218-220, avenue Wagenia dans la ville de Kinshasa, mais le lieu ne reflète nullement le siège d’une société appelée à brasser jusqu’à 2 milliards Usd du coût total avancé pour le projet. Tout a l’air, ici, d’une boite aux lettres ou d’une poste restante. La société n’a pas, non plus, élu domicile dans un cabinet d’avocat pour rassurer de sa crédibilité.
Métro-Kin déclare, par ailleurs, un capital social de 3.280.000 CDF (1.426$ aujourd’hui). Un capital qui est loin de rassurer de ses capacités financières, même pour la première tranche du projet qui doit coûter 280 millions Usd.
Même l’hôtel de ville qui se déclare partie au projet n’offre aucune garantie de pouvoir mobiliser un tel fonds, alors que la ville ploie sous des dettes auprès des banques de la place et ne justifie d’aucune capacité de mobilisation de ses propres recettes. Avec des arriérés de salaire de plus de 28 mois et des frais de fonctionnement inexistants, sans compter des arriérés de loyer de près d’un million Usd de ses ministères locataires, la ville de Kinshasa n’est donc d’aucune crédibilité pour pouvoir porter un tel projet.
Plus encore, la SCTP (ex-Onatra), présentée comme partie à la joint-venture, ne participerait qu’à concurrence de 16%, elle qui apporte les infrastructures. Mais dès le départ, sa participation au projet pose problème car légalement, la procédure n’a pas été suivie. Unité du portefeuille de l’Etat, la SCTP doit obtenir préalablement le quitus du ministère du Portefeuille pour s’engager dans ce genre de partenariat, ce qui n’a jamais été le cas à ce jour.
« Métro-Kin » est, finalement, une grosse arnaque qu’il faut arrêter pendant qu’il est encore tôt
Pour tout dire, le projet « Métro-Kin » est une vaste fumigation portée par quelques bonzes de la ville et du pays sous le protectorat de Godé Mpoyi qui se comporte curieusement comme un exécutif dans le portage de l’affaire.
Congo Guardian poursuit la finalisation de ses investigations pour étaler tous les contours de cette forme d’arnaque montée dans la droite ligne des stratégies de captage des recettes de l’Etat à la source au moyen justement de ce genre de projets sans lendemain. On se demande, par exemple, par quelle magie une voie ferrée aérienne allant de la Gare centrale jusqu’à Masina va être construite pour être opérationnelle dans quelque neuf mois comme le prétend Godé Mpoyi.
Dossier à suivre
JEK