Le Congolais serait-il l’artisan de son propre malheur ? On est tenté de répondre affirmativement à cette question au regard de la résurgence des pratiques malicieuses voire criminelles, d’inciviques connues, qui ont élu domicile dans certaines entreprises du portefeuille de l’Etat, notamment à la Société nationale d’électricité (Snel) de la République démocratique du Congo.
Alors que cette entreprise, rangée jusque-là parmi les canards boiteux enregistrant quotidiennement de partout plaintes et réprimandes de ses abonnés, reprend du poil de la bête, ne voilà-t-il pas que des malins, tapis dans l’ombre, apparaissent au grand jour pour multiplier des embûches avec l’intention, consciente ou inconsciente, de replonger cette société dans l’ornière. Ceux qui s’en prennent ainsi à la Snel multiplient diverses stratégies pour arriver à leur fin qui ne semble être autre que de porter un coup d’arrêt à la relance, même timide, qui s’observe actuellement, à la satisfaction de nombreux abonnés dont certains parlent même d’un miracle.
Aidés par une certaine justice à la solde des intérêts obscurs, ces fossoyeurs de la Snel font saisir les avoirs de cette société, parfois pour des affaires remontant au déluge, quand ils ne bloquent pas carrément dans ses fonctions l’autorité établie de cette société d’Etat en exigeant, comme si cette entreprise n’avait pas d’avocats, sa présence physique jusque pour le moindre contentieux d’électrocution ou d’avarie quelconque causée par l’électricité.
Les blocages et saisies des comptes opérés à la demande des tiers et même par des régies financières plombent son fonctionnement quotidien et entrainent d’énormes charges dont la Snel pourrait bien se passer afin de mieux servir ses abonnés.
Ainsi par exemple, après la saisie de ses comptes, la Snel a dû dernièrement débourser une somme de plus de 120.000 USD pour obtenir l’autorisation de faire déplacer 78 de ses camions chargés des matériels sensibles bloqués à Kasumbalesa pendant cinq jours.
La Direction Générale des impôts (DGI), la Direction Générale des Recettes Administratives, Judiciaires, Domaniales et de Participations, (DGRAD), la Direction des recettes de Kinshasa (DGRK), voire des structures similaires dans les provinces, ressuscitent des litiges qui remontent au déluge pour obtenir des saisies intempestives des comptes, bloquant ainsi les initiatives qui visibilisent la vision du chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi, dans son deuxième mandat.
Sabotage
Au moment où le gouvernement de la République, sous l’impulsion du président Tshisekedi s’efforce de relancer la Snel en vue de rencontrer un tant soit peu les préoccupations de la population, relatives à l’électricité, des tels agissements ne constituent ni plus ni moins que des actes de sabotage, encouragés par l’impunité.
Pourtant, ce que l’on croyait impossible, devient chaque jour davantage possible. La nouvelle direction de la Snel est en train de réussir là où tout le monde a échoué. Elle a notamment réussi à faire réparer des turbines d’Inga II et à améliorer la capacité de production jusqu’à avoisiner la capacité installée de 1750 mégawatts.
Autre action notable et attendue depuis plus de quarante ans, la construction d’une seconde ligne de transport de l’électricité à partir du site d’Inga vers Kinshasa.
La consolidation du réseau de distribution de l’électricité dans la capitale est également à l’ordre du jour. Au point que même si la production totale du site d’Inga n’est pas encore en mesure de satisfaire la demande de Kinshasa évaluée à 2500 mégawatts, on sent et on voit que la Snel est sur la bonne voie de sa renaissance.
C’est justement ce moment que choisissent certains compatriotes malintentionnés pour porter des coups tordus à la Snel afin que la RDC et particulièrement sa capitale continuent à rester dans les ténèbres.
Le holà du ministère de la Justice
Heureusement, ces saisies abusives des biens, qui ne concernent pas que la Snel, n’ont pas échappé à la vigilance du nouveau ministre de la Justice et garde des sceaux, Constant Mutamba. Qui, dans un communiqué reçu à l’ACP, il a appelé les entreprises publiques et privées œuvrant en République démocratique du Congo à signaler l’état des biens saisis par elles.
«La Banque centrale du Congo et les banques commerciales ainsi que tous les autres services publics concernés dont la Direction générale des douanes et accises (DGDA), l’Office national des transports (Onatra) etc, devaient, dans un délai de 72 heures, communiquer à la Commission de gestion de biens saisis et confisqués (Cogebisco), l’état de tous les biens et sommes d’argent saisis ou confisqués par elles gardés», a-t-on lu dans ce communiqué du cabinet du ministre d’Etat en charge de la Justice.
Cette décision vise à lutter contre le détournement et le blanchiment des capitaux par le personnel de justice.
D’après ce communiqué, le ministère de la Justice a «constaté que les officiers de la police judiciaire et officiers du ministère public ne transmettent pas à la Cogebisco les objets saisis et les procès-verbaux y relatifs». Il a enjoint aux officiers de police judiciaire et aux magistrats du parquet de se conformer aux instruments juridiques en la matière. Désormais donc, l’Etat ne se laissera pas faire. A bon entendeur, salut !
Bienvenu Marie Bakumanya/ACP