Bujumbura : Un sommet de l’EAC pour rien, la RDC dindon de la farce

Le sommet de la capitale burundaise a accouché d’un aveu de l’échec total du processus de Luanda, en ce qu’en plus du cessez-le-feu qui n’a jamais été observé, les chefs d’Etat parlent à nouveau, comme s’ils ne l’avaient pas déjà demandé :

  1. Du retrait des groupes armés étrangers, renvoyant là aux FDLR qui sont les seuls dans la zone de déploiement de l’EAC, sans désigner les RDF présentent sur le sol congolais ;
  2. L’appel à une nouvelle réunion, dans une semaine, des chefs d’Etat majors des armées concernées qui l’avaient déjà fait au sortir du sommet de Luanda mais sans aucune suite ;
  3. La fixation d’un nouveau délai pour le retrait de la coalition M23/RDF, constat d’aveu de l’échec du précédent délai alors que l’agresseur a élargi son champ d’occupation, etc.
  4. La fixation d’une nouvelle matrice pour le déploiement (certainement des forces EAC) alors que les premières troupes déployées ont assisté, impuissant, à l’occupation de nouveaux territoires par le M23/RDC

Au milieu de tout ceci, c’est la diplomatie congolaise qui se trouve être le dindon de la farce au sein d’une organisation, l’EAC, dont la RDC ne maîtrise manifestement pas les dynamiques internes

Les chefs d’Etat des Etats d’Afrique de l’Est (EAC) se sot réunis le 4 février 2023 à Bujumbura (Burundi) pour évaluer la situation sécuritaire à l’est de la République Démocratique du Congo par rapport ax engagements du sommet de Luanda, mais n’ont débouché sur aucune mesure alors que cette situation s’est considérablement dégradée depuis. En effet, selon le communiqué final, le sommet de Bujumbura a reçu du facilitateur du processus de Nairobi et du commandement de la force de l’EAC les rapports de la récente situation sécuritaire à l’Est.

Un communiqué laconique et muet sur la vraie situation de terrain

Le communiqué reste, cependant, muet quant au contenu de ce rapport, mais note seulement que cette situation à l’Est de la RDC « est une situation régionale qui ne peut être durablement résolue que par un processus politique et a souligné la nécessité d’un dialogue renforcé entre toutes les parties ». Un constat aujourd’hui largement dépassé car Kinshasa et Kigali ont aujourd’hui atteint une situation d’escalade qui peut déboucher sur une confrontation militaire directe. Les dernières sorties médiatiques de part et d’autre dégagent un tel état d’esprit, surtout de la part de Paul Kagame dans sa dernière interview à Jeune Afrique qui semble avoir visé clairement ce sommet.

Bujumbura a fait un bond en arrière par rapport à Luanda

Alors que les chefs d’Etat des pays membres de l’EAC devaient constater qu’il est impossible d’engager ce dialogue politique quand le Rwanda particulièrement nie sa responsabilité dans la dégradation de la situation par son implication directe et indirecte derrière le M23, le sommet de Bugumbura a, dans son communiqué final, reconduit les recommandations de Luanda qui, à ce jour, n’ont produit aucun résultat. Il s’agit, notamment, de la cessation de feu immédiate de tous les belligérants et de la poursuite du dialogue politique alors que, d’une part, les armes ne se sont jamais tues depuis la première recommandation de Luanda et que, d’autre part, le seul dialogue actuel est celui qui passe par les médias sans aucune initiative de facilitation. Les différents incidents portés à la connaissance du mécanisme de vérification n’ont jamais connu de suie alors qu’ils ne font que se multiplier, à l’instar des tirs de l(‘armée rwandaise sur un avion de chasse congolais qui n’avait même pas survolé l’espace aérien du Rwanda.

Il s’agit également du « retrait comprenant tous les groupes étrangers », de l’appel à la réunion de toutes les forces de défense dans un délai d’une semaine et de la fixation de nouveaux délais pour le retrait (des troupes non citées dans le communiqué) tout en recommandant une matrice de déploiement appropriée. A elle seule, cette recommandation est un aveu de l’échec total du processus lancé à Luanda, en ce qu’en plus du cessez-le-feu qui n’a jamais été observé, les chers d’Etat de l’EAC parlent à nouveau, comme s’ils ne l’avaient pas déjà demandé :

  • Du retrait des groupes armés étrangers, renvoyant là aux FDLR qui sont les seuls dans la zone de déploiement de l’EAC ; sans parler des forces armées étrangères pour désigner clairement la présence des RDF sur le sol congolais ;
  • L’appel à une nouvelle réunion, dans une semaine, des chefs d’Etat majors des armées concernés qui l’avaient déjà fait au sortir du sommet de Luanda mais sans aucune suite ;
  • La fixation d’un nouveau délai pour le retrait de la coalition M23/RDF, constat d’aveu de l’échec du précédent délai alors que l’agresseur a élargi son champ d’occupation, etc
  • La fixation d’une nouvelle matrice pour le déploiement (certainement des forces EAC) alors que les premières troupes déployées ont assisté, impuissant, à l’occupation de nouveaux territoires par le M23/RDC

La RDC, dindon d’une face au sein de l’EAC

Bref, même si le sommet de Bujumbura a appelé à un déploiement de troupes supplémentaires, le constat est que sa position a régressé par rapport à celle de Luanda, étant donné que la situation sécuritaire sur terrain s’est considérablement détériorée par rapport à ce premier sommet de la capitale angolaise. En un mot, il faut constater que le processus de Luanda a échoué lamentablement et ne saura être récupérée quand on a affaire à des protagonistes, comme le Rwanda, ostentatoirement réfractaires à la paix et au dialogue politique. Et à Kinshasa, des voix s’élèvent de plus en plus pour rappeler au Gouvernement les réserves émises par les congolais sur l’opportunité et la nécessité d’adhérer à l’EAC et, aujourd’hui, d’y demeurer face à son inefficacité que l’avenir ne saura pas corriger. Pour les Congolais, en effet, la RDC est le seul dindon de la farce dans cette organisation dont elle ne maîtrise pas les dynamiques internes.

D’où cet appel qui s’élève par le retour à l’alliance avec la SADC qui est prête à faire la guerre et non des déploiements d’interposition aux agendas cachés.

Jonas Eugène Kota

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