Élections 2023 : L’enrôlement à l’épreuve de l’irréalisme calendaire

À une semaine du début de l’enrôlement des électeurs, la RDC n’affiche aucun signe d’engouement ni d’effervescence qui, depuis maintenant quatre cycles électoraux, ont toujours caractérisé cette période électorale capitale. Et l’inquiétude est d’autant plus grand que cette opération est prévue pour durer seulement un mois contre trois pour les précédents cycles électoraux.

La société civile ignorée
La société civile de la thématique civique dit n’avoir pas été impliquée matériellement pour mener les opérations de sensibilisation à travers le pays. En effet, les partenaires électoraux qui, par le passé, finançaient les activités de sensibilisation ne l’ont pas fait cette fois-ci.
Du côté de ces bailleurs on parle d’une confusion dans la compréhension de la décision du gouvernement de financer les prochaines élections à 100%, alors que la Ceni considérait que ces intervenants étaient les bienvenus pour les différentes opérations pré-électorales.

Les partis politiques indifférents
La situation est similaire avec les partis politiques qui, dans leur grande majorité, observent une certaine léthargie pour jouer leur partition dans la sensibilisation de leurs militants pour qu’ils aillent se faire enrôler. Même dans le camp présidentiel qui soutient le processus l’on n’observe pas un engouement à la hauteur de l’enjeu qu’impose le délai très court de l’enrôlement. On croit comprendre que cette attitude est consécutive à la crise politique qui entoure l’existence même de la centrale électorale qui est frappée de l’anathème de son inféodation par le pouvoir en place à travers la composition de son bureau et la loi qui la régit.

La période d’enrôlement tombe pendant les festivités de fin d’année
La population, souverain primaire et maillon essentiel de l’opération, n’en pas en reste dans cette indifférence manifeste face à l’enrôlement qui arrive au galop. Un petit sondage de routine permet de constater que la grande majorité de potentiels électeurs en milieu urbain ignore la date de début de l’enrôlement. Et l’ignorance va plus loin car la même majorité n’a aucune information sur la localisation des sites d’enrôlement.
Ce n’est pas tout. La plus grosse hypothèque de cette opération vient sans doute de la période même de son déroulement. Sur les 30 jours impartis, au moins dix jours traversent la période des festivités de Noël et de nouvel an. Au regard de la précarité socioéconomique ambiante, il relèverait d’une gageure de voir les électeurs passer une journée au centre d’enrôlement au lieu de courir derrière les préparatifs des fêtes.
Last but not least, la question des éléments d’identification pour l’enrôlement pourra constituer un obstacle lors des opérations. Il s’agit notamment de la connaissance, par les jeunes électeurs qui constituent la majorité du corps électoral, de leurs provinces, territoires, secteurs et villages d’origine. Cette ignorance a toujours fait qu’un candidat à l’enrôlement prenne beaucoup de temps pour demander ces détails à ses parents par téléphone.

Denis Kadima pris au piège de l’irréalisme
Toutes ces raisons, et bien d’autres, révèlent au grand jour le défaut de réalisme et de pragmatisme du calendrier électoral. Celui-ci a été publié avec un écart de retard de plus ou moins dix jours seulement par rapport à celui du cycle électoral de 2018, mais qui avait réservé trois mois pour l’enrôlement.
Le bureau Kadima, qui revendique une certaine expertise, aura privilégié une technicité plutôt mécanique que réaliste et pragmatique, jusqu’à perdre de vue que la date même des scrutins (un mercredi) est un jour ouvrable.
JEK

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