Le vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères Christophe Lutundula, a dénoncé, lors de son intervention vendredi au Conseil de Sécurité de l’ONU, l’ambiguïté du mandat de la MONUSCO, dans les opérations dans l’Est du pays, depuis de vingt ans. « La RDC attend de cette session la clarification par le Conseil de sécurité du mandat de la MONUSCO dans le contexte actuel. Il y a comme une sorte d’ambiguïté qui couvre le mandat de la MONUSCO », a fait remarquer Christophe Lutundula.
« S’agit-il d’une Force de maintien de la paix, « Peacekeeping » ou de celle d’imposition de la paix « Peacemaking » ou les deux à la fois ? » s’est-il interrogé. Cette clarification permettra , selon le vice-Premier ministre, « de redimensionner les attentes vis-à-vis de la MONUSCO, de mieux circonscrire son champ d’action et d’éviter des malentendus et des procès d’intention sur le glissement de son mandat vers une mission politique spéciale perçue comme une velléité de l’ériger en pôle de gouvernance parallèle au Gouvernement de la République ».
Christophe Lutundula a enfin souligné que la préférence de la RDC est de voir la MONUSCO concourir à l’imposition de la paix, aux côtés des FARDC et de la Force régionale de la CAE. « Le maintien de la paix suppose qu’elle est préalablement rétablie ; ce qui n’est pas encore le cas à l’Est du pays », a fait savoir le chef de la diplomatie congolaise.
« Il est impératif de reconditionner la MONUSCO et de supprimer toutes les entraves au renforcement des capacités des FARDC. Aussi l’enjeu majeur de la présente session du Conseil de sécurité réside-t-il dans sa capacité d’apporter des réponses adéquates et efficaces à ces deux exigences fondamentales s’il veut réellement mettre fin aux activités des groupes terroristes au Congo et restaurer une paix durable dans la Région de Grands Lacs », a déclaré Christophe Lutundula.
Rencontrer les attentes de la population
« Le Conseil de sécurité ferait œuvre utile de prendre en compte dans ses délibérations des priorités ci-après : l’interpellation forte des Congolais qui estiment, à bon droit et au vu des résultats sur le terrain, que globalement 23 ans après, l’intervention de l’ONU par la MONUC devenue MONUSCO n’a pas rencontré leurs attentes et sa poursuite sous ce mode opératoire ne se justifie plus », a notamment expliqué le chef de la diplomatie congolaise. Sur ce point précis, Lutundula a dit, au nom du Président de la République et du gouvernement congolais, qu’ « il n’y a ni crise ni volonté quelconque de rupture entre la RDC et l’ONU. Le souci commun de la RDC est d’améliorer la collaboration et la crédibilité des Nations Unies dans la gestion délicate de cette crise fort complexe ».
« Il ne convient pas, en effet, que l’attitude du Conseil soit interprétée comme du mépris ou du défi au peuple congolais, ce qui ne rendra service à personne », a-t-il insisté. Le vice-Premier ministre a demandé au Conseil de Sécurité de tenir compte de l’aveu sincère de l’impuissance de la MONUSCO de neutraliser le mouvement terroriste du M23, « plus armé qu’elle », selon le Secrétaire Général de l’ONU lui-même, sa plus haute autorité politico-administrative.
Avec ACP