Pillage de l’or Congolais : Révélations sur la prédation de la constellation Goetz

Si les congolais apprennent à peine les activités illicites du belge Alain Goetz et de l’Ouganda sur l’or de l’Est, l’affaire était dénoncée depuis 2017, notamment par Global Witness et le Trésor américain qui avait sanctionné le sujet belge cette année-là. Goetz est, en effet, à la tête d’un réseau de sociétés en Ouganda, au Rwanda, aux Emirats Arabes Unis, en Belgique et aux Iles Seychelles. Ces sociétés et ces pays vivent, toutes, de l’or de la RDC depuis 1996.

Dossier Congo Guardian

Depuis l’annonce des sanctions européennes frappant huit nouvelles personnalités pour leurs participations – directes ou indirectes – dans l’entretien des conflits et des violences à l’Est de la RDC, les Congolais éprouvent un mélange de sentiments de colère et d’étonnement. Colère et étonnement, non seulement du fait de la sélectivité de ces sanctions par rapport aux acteurs majeurs de ces conflits et violences – les congolais cient principalement le Rwanda et l’Ouganda comme plaque tournante de ces entreprises de la mort -, mais aussi en raison du retard que prennent ces sanctions qui, du reste, ne produisent aucun effet au regard de la poursuite et l’amplification des conflits et des violences, avec leur corollaire de grave crise humanitaire en RDC.

Alain Goetz et Africa Gold Refinery Ltd : Un cas qui heurte les consciences

Le cas le plus révoltant est celui du sujet b belge Alain Goetz et sa firme Africa Gold Refinery Ltd. Si la commission de l’Union européenne avance que c’est depuis 1996 que ce sujet belge et sa société recevait, achetait, raffinait et commercialisait l’or de la RDC, d’autres sources – dont une dépêche de l’agence britannique Reuters – annonçaient depuis avril 2017 (soit cinq années plus tôt) l’installation de cette société à Entebbe ( sud de Kampala) pour exploiter et traiter l’or du Sud Soudan et des zones en conflit de l’Est de la RDC.

Cette annonce fit hérisser les poils des activistes des droits de l’homme qui tiraient déjà la sonnette d’alarme quant à l’exacerbation des conflits dans les zones en proie à des conflits, surtout en RDC. une activité qui, prévenaient-ils, allaient enrichir notamment l’Ouganda qui « ne possède que de petites mines et aucune mine commerciale ».

« L’or qui est utilisé pour financer les conflits pourrait se retrouver dans les chaînes d’approvisionnement », craignait George Boden de Global Witness cité par Reuters. Bien évidemment, Alain Goetz se répandra en assurances, arguant faire « preuve de diligence raisonnable pour chaque client qui entre » et que sa société « sélectionnerait soigneusement ses clients, se conformerait à la loi et étiquetterait son or en conséquence ».

Les USA avaient déjà sanctionné Goetz en 2017

Rien de toutes ces assurances ne sera observé, car depuis lors, l’Ouganda et le Rwanda vont monter en puissance dans le palmarès des pays exportateurs de l’Or, alors qu’ils ne possèdent pas de gisement commercial. Et ceci pour la simple raison qu’en réalité, Goetz et sa société étaient déjà en activité et se trouvaient en relation avec plusieurs autres sociétés – connues ou écran – éparpillées en Belgique, aux Iles Seychelles et aux Emirats Arabes Unis.

En effet, le sujet belge avait déjà été sanctionné en mars 2017 par le Département américain du Bureau du contrôle des avoirs étrangers du Trésor (OFAC). Ces sanctions concernaient aussi un « réseau d’entreprises impliquées dans le mouvement illicite d’or évalué à des centaines de millions de dollars par an depuis la République démocratique du Congo ». Et l’OFAC notait que « le mouvement illicite de l’or fournit des revenus aux groupes armés qui menacent la paix, la sécurité et la stabilité de la RDC ».

Le réseau de près de 10 entreprises émiraties, belges et seychelloises gravitant autour de l’or de la RDC à travers Goetz

Dans son communiqué, cette instance du département américain du Trésor énumérait le réseau d’entreprises suivantes « détenu ou contrôlé par, ou pour avoir agi ou prétendu avoir agi pour ou au nom de, directement ou indirectement, Alain Goetz, à savoir :

  • Agor DMCC : une raffinerie d’or basée aux Émirats arabes unis qui importe de l’or d’AGR et est détenue ou contrôlée par Goetz.
  • AGR International Ltd. : une société holding basée aux Seychelles détenue ou contrôlée par Goetz.
  • Alaxy : une société de gestion basée en Belgique détenue ou contrôlée par Goetz.
  • CG – Vastgoed Invest : une société holding basée en Belgique détenue ou contrôlée par Goetz.
  • Goetz Gold LLC : une société de négoce d’or basée aux Émirats arabes unis qui est détenue ou contrôlée par Goetz. En 2020, Goetz a renommé Goetz Gold LLC en PGR Gold Trading LLC.
  • Premier Gold Refinery LLC : une raffinerie d’or basée aux Émirats arabes unis qui importe de l’or d’AGR et est détenue ou contrôlée par Goetz.
  • Orofino : une société holding basée en Belgique détenue ou contrôlée par Goetz.
  • WWG Diamonds : une société holding basée en Belgique qui est impliquée dans des activités minières et est détenue ou contrôlée par Goetz.

Le Trésor américain révélait, enfin, que « Plus de 90 % de l’or de la RDC est passé en contrebande vers des États de la région, dont l’Ouganda et le Rwanda, où il est ensuite souvent raffiné et exporté vers les marchés internationaux, en particulier les Émirats arabes unis. Dans l’est de la RDC, où l’on compte environ 130 groupes armés actifs, le commerce de l’or est un facteur majeur de conflit. Un réseau de groupes armés, de contrebandiers et d’entreprises génère des revenus illicites de l’industrie de l’or par le travail forcé, la contrebande ou en extorquant des paiements aux mineurs. Ces acteurs utilisent les revenus de l’or pour financer les conflits armés et s’enrichir tout en privant la RDC de recettes fiscales et au mépris de l’environnement et des communautés locales. »

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