Plus de 74.000 personnes, soit 14.936 ménages contraints à l’errance, déferlent sur Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, depuis la reprise, le 20 octobre dernier, des hostilités lancées par le M23 soutenu par l’armée rwandaise. « Plus de 74.000 personnes sont confrontées à des besoins vitaux dans les sites repartis à partir de la localité de Kibati, Kanyaruchinya, Munigi, dans le territoire de Nyiragongo, ainsi que la partie Nord de la ville de Goma »,a rapporté, jeudi, la coordination provinciale de protection civile/Nord-Kivu.
Cette dernière se dit débordée après avoir recensé des besoins dans tous les secteurs vitaux (eau, l’hygiène, assainissement, manque d’articles ménagers essentiels, problème d’abris, de nourriture et des soins de santé).
Problèmes d’hébergement
Outre des centres collectifs, certains déplacés ont été reçus dans des familles d’accueil, également démunies, aggravant ainsi la situation socio-économique au sein de ces ménages. « En plus de l’assistance d’urgence remise hier mercredi par le Gouverneur de la province du Nord-Kivu, le lieutenant général Constant Ndima Kongba, les organismes internationaux s’activent depuis l’arrivée par vague de ces personnes en détresse. C’est le cas du CICR et des ONG MSF », précise la source.
Depuis la reprise des hostilités, renseigne-t-on, les localités du territoire de Rutshuru, telles que Rugari (40 km au Nord de Goma), Bweza (50 km au Nord-est de Goma) et Kisigari se sont vidés de la majorité de leurs habitants qui ont pris la direction Sud. D’autres ont opté pour le Nord de Rutshuru en passant par le parc national des Virunga, jusqu’à atteindre les cités de Kanyabayonga, Kayina et Kibumba, dans le territoire de Lubero.
Témoignages de quelques déplacés
Des témoignages recueillis par des reporters de l’ACP sur les sites de l’Ecole primaire (EP) Neema Munigi, à Kanyaruchinya et Kibati, font état de conditions déplorables des déplacés. « C’était en fuyant des tirs à l’arme lourde que mon mari a pris cette décision pénible, malgré mon état de santé et ma grossesse presque à terme », a déclaré Mme Rukundo Mapendo, âgée d’une trentaine d’années, venue de la localité de Kanombe-Bukima, dans le groupement Kisigari.
Des abris de fortune des déplacés
Celle-ci est installée avec sa famille à l’EP Neema, située au quartier Majengo, plus au Nord de la ville de Goma, où vivent 38 ménages des déplacés de guerre du M23 alternant avec les écoliers, dans la matinée.
Dans son récit, elle dit avoir pris la route de Kanombe au groupement de Rugari où elle a accouché. Malgré sa situation, Mme Rukundo Mapendo ne demande qu’à regagner son domicile et à continuer de vaquer à ses occupations champêtres.
Un ménage dans un coin d’une salle de classe
Dans la localité Kanyaruchinya (à 7 km au Nord de Goma), Mme Rumba, la trentaine révolue, s’est dite d’abord très préoccupée par l’absence de son mari dont elle a perdu contact depuis la reprise des combats, le 20 octobre dernier. « J’ai fui le groupement de Bweza, dans le territoire de Rutshuru, avec mes cinq enfants, sans aucun contact ici à Goma et je n’ai emporté que quelques effets que j’ai fini par vendre, pour chercher de quoi nourrir ces enfants », a-t-elle rapporté.
La plus part des hommes rencontrés sur le site de Kibati, à 15 km au Nord de Goma, ont émis le vœu de voir des efforts être consentis pour le rétablissement de la paix dans leurs milieux de vie afin qu’ils soient à même de se prendre en charge. « Nous sommes capables de nous prendre en charge, chacun dans son milieu naturel de vie », a affirmé Théophile Musegura, avant de déplorer le fait que des personnes valides soient réduites à l’attente de l’aide humanitaire et que les malades aient du mal à se faire soigner.
Les 38 familles hébergées dans l’enceinte de l’école primaire Neema restent reconnaissantes à l’endroit du Gouvernement provincial du Nord-Kivu pour l’assistance d’urgence reçue.
Avec ACP