Dans une interview à France 24 et RFI, le SG de l’organisation mondiale déclare l’incapacité de la communauté internationale à faire face à l’armement moderne d’un groupe armé ; renvoie congolais, ougandais et rwandais à un dialogue triangulaire pour résoudre leurs problèmes – dialogue qui a déjà montré ses limites par le passé-, puis flingue définitivement la Monusco pour renvoyer l’imposition de la paix à une force africaine sous l’égide de l’UA, l’ONU se contentant désormais de n’apporter que le financement.
Depuis sa création le 24 octobre 1945 à San Francisco (USA), jamais l’ONU n’a capitulé face à sa mission de rétablissement, de maintien ou d’imposition de la paix. De toute l’histoire de ses missions en République démocratique du Congo, dans les années 60 comme actuellement depuis plus de vingt-ans, l’ONU n’a jamais déclaré forfait face à ses mêmes missions, même si, à ce jour, ses résultats sont loin de ses objectifs et de ses rôles.
Antonio Guterres est le tout premier Secrétaire Général de l’ONU à déclarer l’incapacité, voire l’impuissance de l’organisation mondiale face à une menace contre la paix et la sécurité, sérieuse soit-elle. Sans froid aux yeux et face à la presse (RFI et France 24), le patron de l’instance internationale censée fédérer la puissance de feu de la planète contre toute forme de menace a ouvertement déclaré que la Monusco, émanation de l’ONU, est dans l’impossibilité de faire face à la puissance de feu du M23. « La vérité c’est que le M23 est une armée moderne avec des équipements lourds qui sont plus perfectionnés que les équipements de la Monusco », clame d’emblée Guterres. « Penser qu’une force de maintien de la paix peut résoudre des problèmes quand il y a maintenant des forces militaires extrêmement bien armées, c’est impossible. Les opérations de maintien de la paix ont été faites pour maintenir la paix, mais maintenant elles opèrent dans des situations où la paix n’existe pas », justifie-t-il.
Quand Guterres exclue tout recours au chapitre 7 de la charte onusienne
Une façon, pour le Secrétaire Général de l’ONU de se défiler de ses responsabilités en tentant maladroitement d’occulter toute possibilité de modification de toute mission onusienne pour l’adapter aux situations nouvelles, notamment par l’application du chapitre 7 de la charte des Nations-Unies qui renvoie à l’imposition de la paix.
Dans tous les cas, Antonio Guterres a une opinion et une idée bien arrêtées sur la situation dans les grands Lacs et la solution que lui estime la plus adaptée pour résoudre l’équation de la paix. D’une part, en effet, il refuse de reconnaître le soutien du Rwanda au M23 et la provenance de ce groupe terroriste lorsqu’il a fait désormais montre de sa nouvelle puissance de feu. « Ils viennent de quelque part », clame-t-il quand on lui demande d’où viennent leurs équipements. Puis « ils sont nés quelque part, pas dans la forêt », pour éloigner l’attention de la provenance du nouveau M23 aussi puissant.
Appelle à un dialogue triangulaire RDC-Ouganda-Rwanda qui a déjà montré ses limites
En clair, le patron de l’ONU se met en porte-à-faux contre le rapport des experts onusiens indépendants qui mentionne clairement que le M23, dont des colonnes entiers sont venues du Rwanda – photos satellites en preuve -, sont soutenus en troupes et en équipements par Kigali.
Mais ce n’est pas tout. Le SG de l’ONU va plus loin en dégageant désormais la responsabilité de son organisation pour renvoyer la charge de la suite des efforts de pacification de l’Est de la RDC et de la région des grands lacs aux trois pays en conflits récurrents. « Ce qu’il faut, c’est de trouver une discussion sérieuse entre le Congo, l’Ouganda et le Rwanda pour qu’on puisse avoir une perspective conjointe pour éviter cette permanente situation qui fait toujours revenir en arrière quand on fait des progrès. Il faut que ces pays se comprennent mutuellement et coopèrent pour la sécurité de l’Est du Congo et des garanties de sécurité pour le Rwanda et l’Ouganda (…) ». Guterres pose là les jalons d’un dialogue devenu, lui aussi, récurrent et qui a été plusieurs fois facilité par l’ONU même, parfois à travers sa personne, sans qu’il y ait de solution durable. Le même dialogue qui se déroule depuis quelques mois à Nairobi et à Luanda avec le même déficit de résultat. Tout simplement en raison de la duplicité et des agendas cachés des partenaires à la recherche de la paix ainsi que de la mauvaise foi des protagonistes, Kigali et Kampala en tête.
La Monusco flinguée, l’imposition de la paix renvoyée aux africains sous financement de l’ONU
Et d’ajouter, in fine, plus grave encore : « Moi je suis entièrement favorable à ce qu’il y ait des forces d’imposition de la paix et de lutte anti-terroriste faite de forces africaines menées sous l’égide de l’Union africaine et soutenues par des contributions obligatoires du système des nations-Unies ». Une manière de soutenir le retrait de l’Onu du bourbier des Grands Lacs et laisser les Africains résoudre leurs propres problèmes, quitte à ce que le système des Nations-Unies leur apporte des appuis financiers.
En réalité, depuis plus de vingt-ans, la mission onusienne a toujours fonctionné sous ce format. Ce sont, en effet, les pays africains qui ont toujours apporté le gros du contingent militaire et policier avec l’appui de quelques pays asiatiques et sud-américains. Les occidentaux, eux, apportent des officiers et du personnel des bureaux climatisés ainsi que des moyens financiers et logistiques.
En conclusion, le Secrétaire Général de l’ONU, qui a définitivement flingué la Monusco, aura le mérite de dire clairement aux Congolais qu’ils ne doivent plus attendre la solution à l’insécurité de la part de l’organisation mondiale.
Jonas Eugène Kota