Energie : Washington presse Kinshasa de dégager les chinois du cobalt et du lithium de la RDC

Préalables, pressions et menaces; des actes attendus plutôt que des paroles de Kinshasa ; un portrait-robot du parfait investisseur qui n’est pas chinois, etc. ; Amos Hochstein, Envoyé spécial de Washington et Coordinateur des affaires énergétiques internationales, place le couteau sur la gorge de Félix Tshisekedi pour que les USA mettent le grappin sur les minerais stratégiques de la RDC.

C’est un séjour aux sonorités à la fois putschistes, hégémonistes qu’intimidatrices qu’Amos Hochstein, Envoyé spécial de Washington et Coordinateur des affaires énergétiques internationales, a bouclé mardi à Kinshasa. En quête de stratégies pour une transition énergétique rapide face aux contrecoups de la guerre russo-ukrainienne, Washington a trouvé en la RDC un pays solution. Un pays solution qui devrait lui permettre aussi bien de diversifier ses sources d’énergie avec le cobalt et le lithium que de s’en approvisionner. Et la RDC, particulièrement bénie en ces matières, a tout de suite tapé les USA à l’œil, surtout depuis le blocus russe qui asphyxie l’Occident en matière énergétique.

Et dans ses échanges avec les officiels congolais, avec une ultime rencontre mardi avec le Président Félix Tshisekedi, l’émissaire américain n’en a pas fait mystère. Sous prétexte d’éviter « que l’économie mondiale soit prise en otage par un seul pays producteur (la Russie, Ndlr) », Amos Hochstein a clairement laissé entendre que « dans la mesure où nous accélérons la transition énergétique, au lieu d’utiliser l’essence ou le gasoil, nous allons utiliser les batteries électriques. Ainsi, on a besoin du cobalt, du nickel et du lithium. Le territoire congolais regorge de ces minerais. La RDC peut faire partie de la solution pour le monde. »

La formule « peut faire partie », au lieu de « fait partie », n’est pas fortuite de la bouche du yankee quand on sait à quel point la RDC est réellement une solution au regard de l’immensité de ces ressources énergétiques tant convoitées. Il se fait, en effet, que ces marchés sont largement investis aujourd’hui par des consortiums chinois, et que la Chine est aujourd’hui la principale destination des minerais extraits.

Face à son besoin de plus en plus pressant, Washington se dit déterminé à mettre le grappin sur les mêmes mines mais en en dégageant l’encombrante partie chinoise qu’elle n’a, jusque-là, pas réussi à faire partir de la RDC malgré les promesses obtenues à ce sujet de Félix Tshisekedi au début de son mandat. C’est alors que Washington y va de ses pressions voilées sous forme de conditionnalités à l’encontre de Kinshasa.

Préalables, pressions et menaces sur la RDC

En effet, lors de la conférence de presse de fin de mission, l’émissaire américain n’est pas allé par quatre chemins pour exiger plus d’effort de Kinshasa dans la lutte contre la corruption. « Les USA veulent voir une vraie lutte contre la corruption », a-t-il commencé avant de poursuivre : « Il faut s’assurer que les contrats soient respectés. Il faut voir si le gouvernement met en œuvre les contrats de manière à punir des cas de corruption, se débarrasse des entités et des personnes qui sont impliquées dans la corruption ».

Présentant cela comme préalable, Amos Hochstein précise que « cela va encourager le retour des investissements internationaux », avant de prévenir : « Nous avons imposé des sanctions à Dan Gertler à cause de ses activités de corruption en RDC ». Comme pour prévenir Kinshasa qu’il est tenu à l’œil, car, poursuit encore l’envoyé spécial de Washington : « C’est un message que nous envoyons ici. Il faut une lutte efficace contre la corruption. C’est cela qui permettra aux investisseurs de revenir, ceux qui travaillent dans la transparence, ceux qui paient leurs employés et les traitent avec respect ».

Des actes attendus de Tshisekedi plutôt que des paroles

Puisque les USA tiennent à voir cela s’accomplir, il précise encore : « Cela ne peut être possible que s’il y a une collaboration entre le gouvernement et la communauté internationale (lisez les USA), entre le gouvernement et la population ».

Plus loin, Amos Hochstein dit avoir été « très encouragé par le Président Félix Tshisekedi au sujet de l’intérêt qu’il manifeste par rapport à la lutte contre la corruption », mais il ajoute tout de suite : « Nous voulons le voir en action. Nous souhaitons que ses paroles se traduisent en actions. Dans le secteur des mines, nous voulons voir une réduction significative de la corruption. Si ces progrès se réalisent, vous verrez le genre d’investissements que nous souhaitons voir en RDC ».

Le portrait-robot de l’investisseur chinois à dégager de la RDC

Et ce genre d’investissement, ce ne sont manifestement pas ceux des chinois, car Amos Hochstein va jusqu’à donner le profil du parfait investisseur, selon Washington, celui qui respecte les droits des travailleurs, qui paient des salaires dignes, qui n’utilisent pas les enfants dans les mines, qui respecte les équilibres environnementaux et les lois minières, qui assure la permanence de l’énergie aussi bien dans les sites d’exploitation que dans les milieux sociaux des travailleurs, qui emploie principalement la main d’œuvre locale, etc.

Bref, un profil qui dégage un portrait-robot de l’investisseur chinois tant décrié depuis des années par les organisations tant nationales qu’internationales de la société civile. Un profil qu’i interpelle également les autorités congolais qui, jusque-là se montrent particulièrement laxistes quand il s’agit de faire appliquer et respecter le code minier et les lois connexes en cette matière.

Jonas Eugène Kota

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