Assemblée nationale : Les dossiers de la rentrée

De la situation sécuritaire – qui s’est dégradée par rapport au départ en vacances parlementaires – aux émoluments des députés en passant par le processus électorale, l’approvisionnement en carburant et la situation socioéconomique en général, ce ne sont, en effet, pas les matières qui vont manquer, bien entendu sauf musellement typique à la gestion Mboso…

Les Députés nationaux reprennent le chemin du Palais du peuple ce jeudi 15 septembre 2022. Comme à, l’accoutumée, la session de septembre est essentiellement budgétaire, mais celle-ci – sauf musellement typique à la gestion Mboso – est partie pour être bien houleuse au regard des dossiers qui attendent les élus du peuple.

De la situation sécuritaire – qui s’est dégradée par rapport au départ en vacances parlementaires – aux émoluments des députés en passant par le processus électorale, l’approvisionnement en carburant et la situation socioéconomique en général, ce ne sont, en effet, pas les matières qui vont manquer. Point n’est, en effet, besoin de dire, tout de go, qu’entre la dernière session et la présente qui commence, la nation congolaise s’est trouvée particulièrement éprouvée par des reculs qu’elle a accusés dans ces différents domaines et qui, en toute logique, devraient pouvoir bénéficier de l’attention des élus du peuple.

Sécurité : le tendon d’Achilles de la RDC ?

A commencer par la situation sécuritaire tant à l’Est que cette fois-ci à l’Ouest. A l’Est, les Députés nationaux vont retrouver le pays amputé d’une bonne partie de son territoire – Bunagana et ses environs – qui est occupé depuis trois mois par les rebelles du M23 et leurs soutiens rwandais. Après des combats avec l’armée régulière et le soutien de la Monusco, ces rebelles, qui ont ressuscité après avoir été défaits neuf ans plus tôt, ont fait montre d’une puissance de feu inattendue, au point que Bintou Keita, patronne de la mission onusienne en RDC, a reconnu qu’il – le M23 – opérait comme une armée régulière. La même mission onusienne qui reconnaîtra aussi ne pas avoir les capacités de faire face à ce genre de puissance de feu.

Depuis lors, les rapports entre le Gouvernement et la Monusco se sont gravement détériorés après que cette dernière fût vomie par les populations de l’Est, suite justement aux aveux d’impuissance face aux rebelles. Kinshasa a décidé de reconsidérer le délai de retrait de la Monusco prévu pour être définitif à l’horizon 2024, mais e dit rien de ses capacités à reprendre en charge les responsabilités et tâches qu’accomplissait jusque-là la mission onusienne. Ni, moins encore, sur la conduite, en solitaire, de l’opération de démobilisation et réinsertion d’anciens miliciens ou encore de l’appui au processus électoral, etc.

La problématique de l’état de siège est aussi revenue dans les conversations au regard du statuquo sécuritaire, et même du recul observé depuis son instauration. Les débats à l’Assemblée nationale ainsi qu’avec le bloc exécutif national semblaient avoir dégagé l’option, si pas de sa suppression, du moins de sa requalification pour cause de déficit de résultats.

Pendant ce temps, les différents fronts diplomatiques ouverts pour, aussi bien réduire le M23 qu’obtenir la condamnation et le retrait du Rwanda se sont figés sans résultats notables. En effet, que ce soit le processus de Nairobi ou celui de Luanda, suivi par l’expression de solidarité de la SADC réunie à Kinshasa, rien n’a changé aux positions des forces en présence.

Du coût, Kinshasa en est venu à lorgner la rentrée aux Nations-Unies pour porter sa voix. Mais pour quels résultats, s’interrogent les observateurs qui savent que New-York est parfaitement informé de la situation mais ne semble pas prêt, selon les intérêts des grandes puissances, à sauter le pas.

En effet, lors de son passage récent à Kinshasa et à Kigali, le Secrétaire d’Etat américain avait renvoyé tout le monde dos à dos en attribuant à chacun la responsabilité de soutenir les FDLR pour Kinshasa et le M23 pour Kigali.

Entre-temps, la RDC continue de payer un lourd tribut sur le front humanitaire, surtout ces derniers jours avec l’expulsion de l’Ougandais de plus de 10.000 ménages de réfugiés congolais qui errent dans les montagnes du Kivu sans la moindre assistance.

Une situation similaire s’observe à l’Ouest du pays où, depuis plus de deux mois, des familles entières sont jetées sur les routes et abandonnées à elles-mêmes suite au conflit meurtriers entre les tribus yaka et teke à Kwamouth, dans la province de Maï-Ndombe. L’ampleur de la situation est telle que l’on craint la réédition du conflit de Yumbi (2018) dans la même province pendant que s’observe une quasi indifférence de l’Etat pour y mettre fin.

Finances en poupe, économie et social aux enfers

Autre sujet à débat, la dégradation du vécu quotidien des congolais. Si le Gouvernement se félicite de la stabilité relative du cadre macroéconomique, des embellies dans la collecte des recettes budgétaires et l’amélioration des salaires ainsi que des appuis financiers internationaux, le panier de la ménagère se fait, par contre, de plus en plus vide et le pouvoir d’achat du Congolais de moins en moins à la portée du marché. La faute est largement attribuée aux contrecoups de la situation internationale liée à la guerre russo-ukrainienne et au Covid-19, mais le pays ne fait pas montre d’imagination pour trouver des parades internes.

Certes, le Gouvernement a pris quelques initiatives en termes d’allègements fiscaux pour soutenir les opérateurs économiques, par exemple, mais qui paraissent comme une goutte d’eau dans l’océan. L’on a attendu sans succès la riposte du sol sur le sous-sol avec des investissements accrus dans l’agriculture, la pêche et l’élevage ainsi que dans l’entretien et l’ouverture des routes de desserte agricole.

Les efforts pour la rationalisation des prix de transport aérien sont rattrapés par les contingences liées aux prix du carburant. Ce même carburant pour lequel le Gouvernement doit au moins trois trimestres de remboursement des subventions au cartel des pétroliers.

Pendant ce temps, les fonds (plus de 26 millions Usd) investis pour la pêche du poisson en Namibie ne rapportent rien après la première pêche. Bref, le pays est aujourd’hui assis sur une bombe socioéconomique qu’il va falloir absolument désamorcer.

Politique : Dialogue et consensus toujours attendus pour un processus électoral apaisé

Le volet politique ne manquera pas, non plus de soulever des passions à l’hémicycle. Un volet largement dominé par la question électorale sur laquelle Kinshasa est également surveillé par les partenaires extérieurs. Autant la question de la loi électorale que de la composition du bureau de la CENI, tous ces sujets ont fait l’objet d’un passage en force du pouvoir sans laisser les observateurs indifférents. Et pendant les vacances, ceux-ci, dot les activistes de la société civile, n’ont cessé de s’inquiété de la voie prise par la nouvelle CENI dans l’exécution de sa feuille de route.

En effet, comme le relève les Forces Socialistes Progressistes (FSP), parti politique cher à John Omombo Tshumba, l’actuelle Loi électorale dispose en son article 47 bis que « la cartographie électorale est définie en tenant compte des distances des électeurs par rapport aux lieux de bureaux de vote, les obstacles de distances à parcourir et de la stabilité des lieux des bureaux de vote. La Commission Électorale Nationale Indépendante publie, au plus tard trente jours avant le début de la campagne, la cartographie de bureaux de vote tenant compte du nombre des inscrits ». Il se constate cependant que l’opération de la cartographie des bureaux de vote, qui devrait intervenir après celle d’identification et enrôlement des électeurs, se fait en violation flagrante des dispositions de la loi électorale précitée.

Nombre d’observateurs estiment que le pays devrait marquer un arrêt pour un dialogue pouvant permettre d’établir la confiance qui manque cruellement entre les acteurs électoraux à ce jour. Lors de son passage à Kinshasa, le Secrétaire d’Etat américain avait indiqué clairement que son pays se montrerait très exigeant sur cette question électorale, estimant que la RDC se devait de montrer l’exemple par rapport aux situations chaotiques vécues dans la région ces dernières années en matière de démocratie.

Last but not least, l’Assemblée nationale est attendue sur le dossier des émoluments des Députés nationaux. Depuis que Martin Fayulu a donné un coup de pied dans la termitière, il s’observe une levée des boucliers qui entretient l’opacité dans la révélation de la vérité.

Déjà à travers son Directeur de cabinet, le président Christophe Mboso a promis de sanctionner les députés qui continueraient à ergoter sur ce sujet.

JEK

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