En RDC, prendre un avion nécessite désormais des biceps

En République démocratique Congo, il y a désormais du sport dans les aéroports. Prendre un avion est, en effet, devenu un exercice de haute lutte, au sens propre du terme. Avec la rareté des vols et les horaires changeant, les passagers désorientés n’ont plus de choix que de se battre bec et ongle pour espérer accéder à bord d’un avion pour se rendre à destination car avoir un billet ne garantit plus rien.

Lire notre précédent article à ce lien : https://congoguardian.com/2022/08/23/transport-aerien-report-et-annulation-des-vols-en-cascade-le-ciel-congolais-se-vide/

Certains passagers peuvent subir jusqu’à cinq vols annulés. Ne sachant plus à quel saint se vouer, d’autres ont choisi de squatter les aérogares des aéroports pour augmenter leur chance d’attraper un vol. Il y en a qui y séjournent jusqu’à 48, voire 72 heures avant d’apprendre qu’un vol est programmé vers leur destination. Mais cela n’est pas, non plus, une garantie.

Course de fond et jeu de coudes

Le jour J, l’aérogare accueille plus de passagers que la capacité de l’avion en partance. Car, pendant les multiples renvois des vols, les agences de voyage – des privés en contrat avec les compagnies aériennes – ont continué à vendre des billets suivant les horaires disponibles qu’on ne leur fait pas changer souvent.

A mesure que l’avion en partance est préparé (ravitaillement en carburant, embarquement des bagages, etc.), les passages, mains sur leurs bagages, ont les regards rivés dessus. Dès l’annonce de l’embarquement et l’ouverture des portes, les passagers, tels des athlètes quittant le starting bloc, jaillissent de l’aérogare et se lancent sur le tarmac à l’assaut de l’avion. Le plus agile des jambes arrive le premier a bas de l’échelle, mais cela ne lui garantit pas une place à bord, car il y a encore plusieurs cas.

D’abord, pendant qu’il se soumet au contrôle du billet et de la carte d’embarquement, il est rejoint par le reste de la meute qui vient former un attroupement au pied de l’avion. Et très vite, le dispositif de contrôle est débordé. Les passagers se lancent alors sur l’échelle exiguë, quitte à ce que le contrôle s’effectue à bord.

Se rabattre sur les cargos

L’autre cas, c’est de s’entendre dire que la destination de ce vol n’est pas celle qui venait d’être annoncée à l’aérogare. Faux départ donc. Comme les athlètes retournent au starting bloc, les passagers désabusés doivent regagner l’aérogare et y attendre une nouvelle annonce.

Pendant ce temps, chacun tente de s’informer sur d’autres possibilités de vol. Ils tombent souvent sur des occasions de cargos qu’ils négocient moyennant espèces. Et vite, des attroupements se forment au pied du cargo. Ceux qui réussissent à y accéder vont s’asseoir soit sur les marchandises dures (sacs de maïs ou de riz par exemple), soit sur leurs propres bagages.

Ici comme là-bas, tous les passagers sont égaux. En effet, même des Députés nationaux se la jouent aux coudes avec leurs électeurs.

Et les voyageurs en vols internationaux ne logent pas à meilleurs enseigne. Les passagers du vol de Brussels Airlines (Kinshasa-Bruxelles) annulés le 22 août dernier n’avaient pu voyager que ce 4 septembre. Au moins certains d’entre eux, les non-résidents, avaient été pris en charge par la compagnie aérienne dans un hôtel de la place.

JEK

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *